Ciril Kosmač – La ballade de la trompette et du nuage

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Pour bien débuter l’année, je vous emmène faire un petit voyage en Slovénie. Cadeau du Père Noël, toujours aussi généreux et plein de bonnes idées, inspiré par la chronique de l’excellent blog Passage à l’Est, découvrons ensemble Ciril Kosmač et son roman La ballade de la trompette et du nuage, paru aux Editions Le serpent à plumes.

Ciril Kosmač est un écrivain slovène majeur né en 1910 dans cette partie du monde qui faisait encore partie de l’Autriche-Hongrie. Fils de paysans, il s’intéresse très tôt à la littérature. Impliqué dans des activités révolutionnaires, il s’enfuit en Yougoslavie puis en France avant de se consacrer pleinement à l’écriture après les années 50. Outre « La ballade de la trompette et du nuage », citons parmi ses titres « Un jour de printemps », qui relate le retour d’un paysan dans sa maison après la guerre.

La ballade de la trompette et du nuage se déroule vers 1955 et met en scène un écrivain, Peter Maïtsène, qui s’est installé dans un village, chez un paysan, afin d’y trouver les conditions propices à l’écriture d’un récit qu’il porte en lui, consacré à l’acte héroïque du résistant Temnikar.

Rapidement, le paysan accapare l’écrivain avec une discussion plate et sans relief et l’écrivain a toutes les peines du monde à s’en débarrasser. Hélas, une fois la paix retrouvée, l’inspiration le quitte :

Peter Maïtsène rentra en lui-mème. Dans son coeur, il y avait une certaine tristesse qui, bientôt, tourna en désespoir, le désespoir en angoisse, l’angoisse en bloc de glace qui resta dans ses entrailles. Le feu de la joie créatrice, qui auparavant illuminait son visage, s’était éteint ; les marques des soucis et des chagrins réapparurent, donnant à son visage un rictus de vieillard vaincu.

Découragé, il décide d’aller se promener dans la campagne environnante, intrigué par les quelques notes joués par une trompette. De cette simple promenade et de cette recherche d’inspiration naît un récit étonnant…

J’ai été séduit par la construction habile du livre. Dans le 1er chapitre, alors que l’on suit sa discussion avec le paysan, Peter Maïtsène se livre simultanèment à un monologue intérieur (retranscrit en italique) qui est en fait le contenu du livre qu’il doit écrire. Tout au long de l’histoire, il y a donc un double suspens dû aux deux récits : on revit avec l’auteur la dernière journée de la vie de Temnikar et en même temps, on s’interroge sur l’issue de la promenade de Maïtsène dans une campagne qui recèle encore de lourds secrets. Les histoires s’entrecroisent et se font écho, l’auteur oscillant entre l’imagination et le réel, le passé et le présent.

S’il est peut-être difficile de retranscrire clairement cette superposition, cette dernière est menée très adroitement et l’on n’est jamais perdu dans la lecture. L’écriture imagée et très vivante fait mouche aussi bien dans les descriptions des paysages de Slovénie que dans les scènes parfois très dures de la guerre. L’Histoire est omniprésente dans ce livre, non seulement dans la vie réelle mais aussi grâce à la figure de Temnikar, qui à la fin de sa vie, « commet » un acte de résistance :

Dans sa vieille maison solitaire, il se tenait dans le cadre noirci par la fumée de la porte voûté de l’entrée ; il se dressait, grand et droit, tel qu’il était vraiment en ce jour d’hiver, le dernier de sa vie, lorsqu’il se mit en route pour son ultime voyage – pour son premier combat.

Je vous conseille donc vivement de découvrir l’univers de Ciril Kosmač en :

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Lisant plutôt autre chose

La ballade de la trompette et du nuage, de Ciril Kosmač, traduit du slovène par Jean Durand-Monti. Editions Le serpent à plumes. 2000. 257 pages.

14 réflexions sur “Ciril Kosmač – La ballade de la trompette et du nuage

    • Patrice 4 janvier 2017 / 22:11

      Merci beaucoup à toi, Marie-Jo, à très bientôt sur ton blog et mes salutations aux lectrices angevines 🙂

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  1. Goran 3 janvier 2017 / 08:55

    C’est sympa la Slovénie, Ljubljana, Bled etc. merci pour cette découverte, je ne connaissais pas, je n’est lu que Vladimir Bartol et très bonne année à vous deux.

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    • Patrice 4 janvier 2017 / 22:13

      Bonne année à toi aussi. Je suis content de t’avoir fait découvrir un nouvel auteur, je note de mon côté Bartol !

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      • Goran 5 janvier 2017 / 07:42

        Son livre Alamut est vraiment bien…

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  2. luocine 3 janvier 2017 / 09:14

    Bonne année et beaucoup de lectures de ce genre . Ce livre semble original et fort intéressant.

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    • Patrice 4 janvier 2017 / 22:14

      Bonne année à toi aussi et merci pour ce commentaire. C’est un très bon livre et je suis content qu’il t’ait interpellé !

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  3. Cleanthe 3 janvier 2017 / 16:03

    Je découvre un auteur. Ce livre m’a l’air passionnant. Le thème de la promenade suffit à m’accrocher. En plus, j’adore cette petite collection. Merci pour la découverte.

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    • Patrice 4 janvier 2017 / 22:15

      Merci à toi, c’est en effet un très bon livre. Au plaisir de lire ta chronique dans ce cas sur ton blog !

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    • Patrice 4 janvier 2017 / 22:16

      Bonne année à toi aussi, Celina. Je suis heureux que cela t’ait donné envie de le lire, j’espère que nous susciterons des envies de lecture tout au long de l’année !

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  4. Corentine 4 janvier 2017 / 18:16

    Je vous souhaite une très bonne année 🙂
    Ce livre m’a l’air doux et paisible je ne sais pas pourquoi. Le thème est en tout cas séduisant. N’ayant jamais lu d’écrivain slovène je le note.

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  5. Passage à l'Est! 8 janvier 2017 / 17:18

    Je suis ravie d’avoir pu vous inspirer dans vos lectures, et aussi de découvrir votre blog. En le parcourant un peu je vois que je vais pouvoir moi aussi m’en inspirer et faire de nouvelles découvertes d’auteurs, de livres et de maisons d’édition ! De Kosmac j’ai aussi lu Une journée de printemps (dans une vieille traduction anglaise), qui ne m’a pas autant plu meme si je ne sais plus trop pourquoi… J’essaierai d’écrire quelque chose a ce propos si jamais je le relis.

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