Ce livre nous a semblé des plus appropriés dans le cadre du « mois de l’Europe de l’Est » que nous organisons en compagnie de Goran ! En effet, nous allons aujourd’hui à la rencontre de plusieurs écrivains d’Europe Centrale et Orientale simultanément, à travers le recueil Bienvenue à Z. et autres nouvelles de l’Est, publié aux Editions Noir sur Blanc !
C’est pour célébrer leur 20ème anniversaire que les Editions Noir sur Blanc éditèrent ce recueil de seize nouvelles provenant d’autant d’auteurs différents qu’ils eurent un jour l’occasion de publier. C’est un pan important de l’Europe Centrale et de l’Est qui s’ouvre ainsi à nous : la Russie, la Pologne, la Lettonie, la République tchèque, la Serbie.
Au-delà de la variété des nouvelles et, disons-le tout de suite, d’une « qualité » relativement variable de celles-ci, cela constitue une opportunité de (re)découvrir des auteurs de cette région ; l’éditeur ayant de plus fourni à la fin du livre une courte biographie de chacun des écrivains.
Arrêtons-nous sur quelques-uns d’entre eux :
- le tchèque Ivan Kraus, conteur contemporain et marionnettiste, a écrit un recueil de nouvelles intitulé « Réunions de famille ». L’une d’entre elles, « Les cryptogrammes », est reproduite dans « Bienvenue à Z ». Il y est question du langage codé utilisé par sa mère dans toutes les lettres échangées avec la famille. Derrière le comique engendré, pointe une vraie critique du régime et de son implication sur le comportement des gens, comme il le rappelle au début de la nouvelle :
Il y a des moment où il est impossible de dire ouvertement ce qu’on pense. Il y a des pays où ces moments durent des années. Il y a des gens qui passent toute leur vie dans de tels pays.
Cette nouvelle est une vraie incitation à découvrir l’ouvrage de Kraus, que j’avais lu et beaucoup apprécié il y a quelques années.
- le russe Fiodor Sologoub (1863-1927), représentant du symbolisme russe, a publié en 1905 « Un démon mesquin », devenu un classique de la littérature russe. Dans la nouvelle intitulée « Un petit homme », il nous raconte l’histoire d’un homme marié à une femme grande et plantureuse. Raillé par son entourage pour cette différence de morphologie, il finit par acheter des gouttes qui auront la propriété de rapetisser son épouse. Mais tout ne se passe pas comme prévu dans cette nouvelle concise, précise, et drôle…
Saranine grognait :
_ Mange moins de viande et ne te goinfre pas de pâtisseries ; et puis tu avales des bonbons toute la journée.
_ Je ne peux tout de même pas me priver de manger si j’ai bon appétit. Avant de t’épouser, je mangeais encore plus.
_ J’imagine ça ! Tu dévorais un boeuf entier par repas, ou quoi ?
_ Il est impossible de manger un boeuf en une seule fois.
Elle ne tarda pas à s’endormir ; Saranine, lui, n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il se tournait et se retournait. Lorsqu’un Russe ne dort pas, il réfléchit. Et Saranine se consacra à cette occupation, fort inhabituelle pour lui. Il était fonctionnaire, et les fonctionnaires n’ont guère l’occasion de penser.
- ou encore le letton Erik Ädamsons qui, dans sa nouvelle « Une infinie pureté », décrit les remords agitant un soldat endimanché qui, soucieux de ne pas se salir le jour de sa permission et d’un rendez-vous galant, ne sauta pas dans une fosse à purin pour secourir un enfant qui y tomba. Les « petits marteaux » de sa conscience ne le lâchèrent pas jusqu’à ce qu’il se purifie d’une manière peu classique ! A découvrir !
Il fait partie des auteurs que j’ai découverts avec plaisir dans ce recueil. Ajoutons-y les russes Mikhaïl Zochtchenko (sur lequel nous aurons l’occasion de revenir durant ce mois de mars) et Mikhaïl Kouzmine (dont la nouvelle « La dernière goutte » retranscrit avec justesse le caractère d’un homme insensible), voilà autant de suggestions intéressantes !
Ainsi, si certaines nouvelles sont restés pour moi opaques ou sans intérêt, je vous conseillerais néanmoins cet ouvrage pour vous familiariser avec ces auteurs susceptibles de vous séduire :
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Lisez autre chose
Bienvenue à Z. et autres nouvelles de l’Est. Les Editions Noir sur Blanc, 2007, 222 pages.
Ce livre a été lu dans le cadre du Mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran.
Un recueil très approprié en effet en ce mois! Merci pour la suggestion! Je ne le connaissais pas.
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Ce ne sera pas mon coup de coeur de ce mois, mais c’est bien approprié pour ce mois de l’Europe de l’Est
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Je me demande si quelques une de ces nouvelles ne conviendraient pas à mes lectures à haute voix.
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Complètement, c’est une remarque très judicieuse. Je peux t’en scanner 1 ou 2 pour voir.
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C’est une très bonne idée qu’a eu l’éditeur avec ce recueil de nouvelles, et c’est une excellente idée que tu as eu Patrice de nous parler de ce livre. Je ne connaissais pas et je note les quelques écrivains que tu cites…
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Merci à toi, c’est vrai que c’était le mois pour mettre en avant ce livre. J’avais hésité à inaugurer mars avec ce titre, mais je n’ai pas pu résister à Borbély qui m’a tellement plu !
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Les quelques nouvelles que tu cites paraissent tres alléchantes, merci pour la découverte! En général j’aime beaucoup les éditions Noir sur Blanc.
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Merci à toi! Et j’ai hâte de lire une de tes chroniques du mois de mars. Le mois de l’Europe de l’Est sans « Passage à l’Est! », c’est comme un bon repas sans fromage 🙂 !
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J’ai deux lives déja sous le coude, mais je bloque sur l’écriture de la premiere chronique (La mélancolie de la résistance, de László Krasznahorkai). Un tres bon livre, pas facile, le genre de livre qu’on apprécie probablement davantage en le lisant et en le relisant. Mais j’aime moi aussi le fromage donc je vais me dépecher afin de ne laisser personne sur sa faim!
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Merci d’avance, l’évocation du premier livre met en appétit, pour rester sur la métaphore gastronomique !
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Ca y est! https://passagealest.wordpress.com/2018/03/11/laszlo-krasznahorkai-la-melancolie-de-la-resistance/
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