Schalom Asch – Pétersbourg

Asch

En ce début d’année 2020, la réédition par les éditions Archipoche de la trilogie Avant le déluge me permet de mettre à l’honneur l’écrivain et dramaturge yiddish né en Pologne en 1880, Schalom Asch. Dans sa courte préface, Stefan Zweig montre un réel enthousiasme envers l’auteur qui a selon lui « replanté la branche arrachée et flétrie de la langue juive dans le jardin éternel de la littérature mondiale ». Pétersbourg est le 1er tome de cette trilogie qui couvre les années 1910 à 1920 en Russie.

Auteur à succès de théâtre et de romans, Schalom Asch a souvent mis à l’honneur la communauté juive dont il est issu. Malgré l’importance de son oeuvre, j’ai été assez surpris de ne pas trouver beaucoup de ses ouvrages traduits en français.

La trilogie Péterbourg – Varsovie – Moscou retrace une page de l’histoire russe des plus tourmentées, celle du passage de l’Empire tsariste à la Russie bolchevique. Ce premier tome se déroule dans la ville de Saint Pétersbourg ; il n’est nullement encore question de révolution, même si des tensions se font sentir.

Deux familles juives occupent le devant de la scène dans ce roman : la famille du célèbre avocat des opprimés, Halperine, et celle de l’industriel Mirkin, qui a contribué à construire le Transsibérien. Assimilées, très riches et reconnues, elles se trouvent désormais liées puisque Zakhari, le fils Mirkin, se fiance avec Nina, la fille de l’avocat.

Rapidement, on se rend compte que Zakhari a beaucoup de doutes sur son attachement à la jeune femme, dont il semble finalement préférer la mère, lui qui fut privé très tôt de l’amour maternel :

La tendresse enfantine qu’il éprouvait pour Olga Mikhaïlovna semblait épurer le trouble sentiment qu’il nourrissait à l’égard de sa fiancée.

Mais au-delà des sentiments, c’est toute cette société privilégiée qu’il semble rejeter. Il fait connaissance avec des gens moins favorisés, qui souffrent dans cette société tsariste et le renvoient à ses origines.

En plus de l’histoire des jeunes gens, j’ai d’ailleurs trouvé très intéressant la façon dont les familles sont liées à la Russie. Au début du roman, Halperine souligne son attachement à la Russie, contre l’indépendance des peuples qui la constituent. On sent bien que celui-ci prévaut face à la judéité :

Car être russe signifie : porter en soi la claire conscience qui exige constamment des comptes de nos actions. Cette claire conscience, nulle nation au monde ne la possède sinon nous. Etre russe signifie sacrifier constamment son bonheur au bien de ses frères. Etre russe, c’est vivre en fièvre perpétuelle.

Une fidélité qui se fissure néanmoins : l’hostilité entre les juifs monte et l’affaire Beilis (un juif accusé à tort d’avoir tué un jeune enfant) soulève dans l’Empire un réel sentiment d’antisémitisme qui est évoqué dans Pétersbourg.

Ce contexte historique, mais surtout l’empathie que l’auteur sait créer autour des personnages principaux (notamment Zakhari), m’ont beaucoup plu. De plus, la présence de nombreux dialogues, des descriptions suffisamment claires, mais pas trop longues, pour bien se représenter les lieux et l’époque, et une langue très accessible font que je me réjouis de continuer cette trilogie dès que les prochaines tomes seront publiés. D’ici là, je vous conseille de :

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Pétersbourg, de Schalom Asch, traduit de l’allemand par Alexandre Vialatte. Préface de Stefan Zweig. Archipoche, 2020. 428 pages.

14 réflexions sur “Schalom Asch – Pétersbourg

  1. Karine:) 9 février 2020 / 15:18

    Je ne connais cet auteur que de nom.. quelle bonne idée cette réédition!

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    • Patrice 11 février 2020 / 05:42

      Oui, je suis aussi toujours friand de réédition d’anciens classique, c’est très tentant !

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  2. Eve-Yeshé 9 février 2020 / 15:18

    je ne connaissais pas l’auteur mais je suis certaine que la trilogie va me plaire donc noté 🙂

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      • Eve-Yeshé 11 février 2020 / 13:56

        et oui 🙂 c’est le fait de fréquenter assidument les blogs 🙂 les PAL explosent 🙂

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  3. luocine 9 février 2020 / 15:19

    ah zut de zut encore une tentation, je n’ai plus trop le temps de lire toit ce que je note… Ce billet est vraiment très intéressant.

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    • Patrice 11 février 2020 / 05:41

      Merci ! On a le même souci, je vois 🙂

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  4. Ingannmic 9 février 2020 / 18:24

    Jamais entendu parler de cet auteur, mais l’histoire de la Russie de cette époque m’intéresse beaucoup, et tu sembles avoir pris un grand plaisir à cette lecture…

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    • Patrice 11 février 2020 / 05:40

      C’est le côté « histoire russe » qui m’a beaucoup attiré pour lire le livre, mais je pense que c’est surtout dans les deux tomes suivants (où la Révolution éclatera) qu’elle transparaitra davantage.

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  5. Tania 11 février 2020 / 17:58

    Un auteur que je ne connais pas du tout et un sujet qui m’attire beaucoup : c’est noté, merci.

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    • Patrice 20 février 2020 / 07:27

      Bonne lecture par avance 🙂

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