Richard Powers – L’Arbre-Monde

PowersUn roman fleuve de plus de 700 pages, une ode à l’arbre et à l’écologie… Voilà beaucoup d’arguments qui plaident en faveur de L’Arbre-Monde, de Richard Powers, récompensé par le prix Pulitzer en 2018 ! J’utilisai donc la fin du confinement pour me plonger dans cette histoire…

La première chose qui interpelle le lecteur, c’est la complexité de la construction du livre. Scindé en plusieurs grandes parties, chacune reprend les différentes composantes d’un arbre : les racines, le tronc, la cime et les graines. Les racines sont l’occasion de découvrir huit histoires indépendantes les unes des autres mais dont on suppose qu’elle convergeront au fur et à mesure du récit.

La première d’entre elle, consacrée au châtaignier de la famille Hoel qui sera photographié pendant des dizaines d’années, montre à quel point l’arbre fait partie de l’histoire de cette famille et constitue une excellente entrée en matière. L’histoire de Patricia Westerford, jeune fille légèrement handicapée qui se passionnera pour la botanique et en fera son métier, est également très touchante. Elle est raillée pour avoir écrit que les arbres communiquaient entre eux (avoir raison avant l’heure…). Cela nous donne l’occasion d’en apprendre davantage sur le fonctionnement des arbres :

Patricia se voue au sapin de Douglas. Droit comme une flèche, sans s’étrécir, il s’élève à trente mètres avant la première branche. Écosystème à lui tout seul, il abrite plus de mille espèces d’invertébrés. Charpente de cités, roi des arbres industriels, l’arbre sans qui l’Amérique aurait été une perspective très différente. Ses chouchous sont dispersés autour de la base. Elle peut les repérer à la frontale. Le plus grand doit avoir six siècles. Il est si haut, si proche des limites supérieures imposées par la gravité, qu’il lui faut un jour et demi pour acheminer l’eau de ses racines jusqu’aux plus hautes de ses soixante-cinq millions d’aiguilles. Et chaque branche embaume la délivrance.

Ma première réserve quant à ce livre réside dans les personnages. On a du mal à comprendre l’intérêt de certaines histoires ; en tout cas, j’ai éprouvé des difficultés à m’attacher à eux.

Ma seconde réserve est cette « complexité » dont je parlai au début de la chronique. Elle s’est transformée en confusion au fur et à mesure des pages. J’avais du mal à comprendre la finalité de tout cela.

Enfin, je décidai d’arrêter définitivement la lecture quand les histoires individuelles commençaient à se croiser en raison d’un point particulier : le propos assez radical développé par l’auteur, et que je comprends partiellement vu l’urgence écologique, m’a déplu.

Contrarié par ce sentiment, alors que le livre avait été largement mis en avant, je me mettais donc à la recherche d’avis sur la toile. J’ai dégusté l’avis très mitigé de Krol, dont les points de critique sont les mêmes que les miens, tout en notant l’avis plutôt positif de Kathel (malgré des réserves sur toutes ces histoires de base). Quand à Karine, c’est l’enthousiasme qui prévaut.

Je ne donnerai pas de conseil de lecture sur ce livre. Personnellement, je lirais vraiment autre chose : pour les amateurs d’histoire impliquant de nombreux personnages, je pense qu’il existe moult romans y répondant ; pour celles et ceux voulant en apprendre davantage sur les arbres, pourquoi ne pas lire des livres plus spécialisés (de vulgarisation, comme celui de Peter Wohlleben, en dépit de quelques réserves, ou d’autres plus scientifiques, comme ceux de Francis Hallé) ?

Quoi qu’il en soit, c’est le défi du mois de mai organisé par Madame lit, consacré aux livres lauréat du prix Pulitzer, qui m’a incité à lire ce livre. Merci à elle !

L’Arbre-Monde, de Richard Powers, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin. 10/18, 2019, 740 pages.

24 réflexions sur “Richard Powers – L’Arbre-Monde

  1. luocine 1 juin 2020 / 10:41

    Un point de vue que je trouve très intéressant et comme j’avais déjà des réserves sur ce livre je vais économiser « l’effort » de lecture !

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    • Patrice 4 juin 2020 / 07:54

      Merci beaucoup ! J’ai peut-être forcé le trait mais j’ai eu vraiment des réserves sur ce titre.

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  2. Ingannmic 1 juin 2020 / 11:52

    C’est fou ce que ce titre divise… Il est sur ma pile suite à des avis plus qu’enthousiastes, et Le temps où nous chantions, de ce même auteur, a été un tel coup de cœur. Ceci dit, j’ai l’impression qu’il s’agit de 2 titres très différents, aussi bien sur le fond que sur la forme… je n’ai plus qu’à l’essayer !

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    • Patrice 4 juin 2020 / 07:56

      J’ai lu beaucoup d’avis positifs sur « Le temps où nous chantions » ; je n’ai pas eu l’impression qu’il était aussi clivant que « L’arbre-monde ». J’avais beaucoup d’attente sur ce titre, trop peut-être. Je serais curieux d’avoir ton avis !

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  3. laboucheaoreille 1 juin 2020 / 16:44

    Quand un livre a une construction aussi complexe et qu’en plus il s’étire sur plus de 700 pages, je suis sûre qu’il n’est pas pour moi … Merci en tout cas de cette présentation éclairante !

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  4. Madame lit 2 juin 2020 / 16:32

    Désolée pour cette lecture décevante… Un autre participant a lu ce roman, Tu pourras aller vois sa chronique dont je vais le lien dans mon bilan. Au plaisir!

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    • Patrice 4 juin 2020 / 07:59

      Pas de soucis, j’étais content de profiter de ton défi pour me lancer dans cette lecture. Et on ne peut pas toujours avoir que des coups de coeur :-). Je vais aller voir sa chronique, c’est toujours intéressant d’avoir une autre perspective.

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  5. frconstant 3 juin 2020 / 07:31

    Je comprends la critique même si je ne la partage pas dans son entièreté. Je me suis, d’entrée de jeu, donné le droit de ne pas tout comprendre, tout saisir et de me laisser toucher par des pages, des idées, des bruissements de réflexions ou d’idées. Et, comme toi, sans partager l’univocité du point de vue écologique, je me suis laissé toucher par les questions que pose ce livre à mon mode de résidence sur notre Terre.

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    • Patrice 4 juin 2020 / 08:03

      Merci pour ton commentaire très complet. Je comprends complètement ta réflexion. Il est important en effet de se laisser prendre par ces récits, sans en comprendre dès le but la finalité. Je pense que je m’étais beaucoup enthousiasmé à l’idée de lire ce lire et que cette perception de confusion m’a frustré. Concernant le point de vue écologique, c’est un de mes regrets de m’être arrêté à mi-récit, j’ai dû passer à côté de nombreux éléments. Je vais aller lire ton avis maintenant !

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  6. Livr'escapades 4 juin 2020 / 13:02

    Je n’avais pas conscience que ce livre divisait autant, les avis que j’avais lus sur IG étaient en effet unanimement positifs. Malgré cela, il ne m’a jamais tentée et ce n’est pas toi qui vas me convaincre du contraire 🙂 « Le temps où nous chantions » figure par contre depuis un moment sur ma wishlist.

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    • Patrice 5 juin 2020 / 20:17

      En fait, on est quelques uns à avoir bloqué, je pense, mais ça ne doit pas te détourner de « Le temps où nous chantions » qui a l’air en effet très bien !

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  7. krolfranca 4 juin 2020 / 16:41

    Je te remercie du lien vers mon blog. En effet, nous partageons les mêmes réticences. Qu’il m’a paru long ce roman, avec des histoires qui ne me passionnaient pas et dont je ne voyais pas l’intérêt.

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    • Patrice 5 juin 2020 / 20:16

      Parfois, je me dis que j’aurais dû m’accrocher un peu plus, mais je n’y avais que peu de plaisir.

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  8. Tania 8 juin 2020 / 17:36

    J’ai beaucoup aimé le début de ce roman, par la suite, il faut s’accrocher – c’est le cas de le dire. Mais je l’ai tout de même lu jusqu’au bout pour l’enjeu qu’il contribue à mettre en valeur.
    A rapprocher de l’excellent documentaire d’Emmanuelle Nobécourt qui a été diffusé à la télévision récemment, « Le génie des arbres », où j’ai appris bien des choses que j’ignorais.

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    • Patrice 11 juin 2020 / 15:03

      Je partage ton avis, comme tu l’imagines. Je note ce documentaire avec plaisir !

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  9. Karine:) 16 juin 2020 / 00:12

    On dirait qu’entre Powers et moi, ça passe toujours. Je comprends tout à fait tes réticences… et logiquement, je suis d’accord… sauf que j’ai adoré!

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    • Patrice 18 juin 2020 / 03:21

      C’est ce que j’ai cru comprendre :-). Tant mieux, il faut des lecteurs passionnés !

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