
Parmi l’abondante production littéraire des derniers mois, j’ai été interpellé par le nombre de chroniques sur la blogosphère, souvent très positives, concernant le roman de l’écrivain roumain Cătălin Mihuleac, Les Oxenberg & les Bernstein. Citons de façon non exhaustive les billets de Les livres d’Eve, Mon biblioblog, Carnets de voyages. Heureux de voir un roman roumain contemporain, largement récompensé dans son pays, être ainsi mis à l’honneur dans sa version française, je me suis lancé à mon tour dans cette lecture !
Nous suivons dans ce livre deux histoires : celle de la famille Bernstein qui se déroule aux Etats-Unis dans les années 90, et celles des Oxenberg dans la ville roumaine de Iasi en Roumanie, avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les Bernstein ont fait fortune en faisant le commerce de vêtement d’occasion ; Jacques Oxenberg est quant à lui un gynécologue d’origine juive qui s’est rendu célèbre pour pratiquer l’accouchement sans douleur.
Disons-le d’emblée, c’est l’histoire des Oxenberg qui est la plus intéressante. Ainsi, dans la Roumanie d’avant guerre, les tensions montent entre « les Roumains » et « les Juifs », ce que restitue l’auteur avec un humour très particulier :
Ionescu ? Mais oui, Ionescu, roumaine pur jus. Car en très peu de temps, sur la table de gynécologie de l’annexe de l’Hôpital israélite, des femmes chrétiennes, descendantes directes de Décébale et de Trajan, commencent aussi à desserrer leurs cuisses. Elles se dépouillent de leur antisémitisme en même temps que de leurs dessous chics en soie. Leur corps rosit de plaisir à être regardé et palpé par ce gringalet de docteur à lunettes et petite moustache. Le toucher e ses doigts – courts, mais, ah ! beethovéniens, lisztiens, brahmsiens et enesciens tout à la fois ! – leur procure d’intenses visions et des inondations incontrôlables.
C’est une époque où, face à la haine croissante du camps chrétien, la communauté juive paye des taxes de protection exhorbitantes aux chefs de la gendarmerie, de la police et de l’armée. Leurs épouses minaudent à qui mieux mieux pour obtenir leur part des enveloppes pleines de millions destinées à inciter ces gros bonnets du moment à remplir leur rôle dans la guerre judéo-chrétienne sans fin. Une partie de l’argent passe en tenues élégantes, l’autre en produits de beauté…
Pour être tout à fait honnête avec vous, j’ai abandonné la lecture du livre à mi-parcours et ce, pour deux raisons. La première tient à cet humour, ce côté satirique et ironique qu’emploie l’auteur. C’est drôle pendant un certain moment, mais ça devient franchement usant au fil de la lecture (du moins pour moi). Le second tient à l’histoire de Bernstein que je trouvais un peu longue et moins intéressante que celles des Oxenberg.
Ceci étant dit, je suis conscient que je suis passé à côté de l’essentiel du roman, c’est-à-dire du pogrom de Iași, mais je me promets de revenir sur cet événement historique tragique via une autre lecture.
Quant à ce livre, je vous conseille
de l’acheter chez votre libraire
X de l’emprunter dans votre bibliothèque pour vous faire votre propre idée
X de lire autre chose
Les Oxenberg & les Bernstein, de Cătălin Mihuleac, traduit du roumain par Marily Le Nir. Editions Noir sur Blanc, 2020, 303 pages.
Il m’arrive bien souvent de passer à côté de l’essentiel…
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A lire les commentaires de celles qui ont lu le livre, je me dis que c’est peut-être dommage…
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je l’ai beaucoup apprécié, c’est vrai j’ai préféré nettement la famille Oxenberg …
Le ton satirique m’a plu car il permet de mettre l’émotion à distance et par moment, j’en avais besoin.
rien que pour l’vocation des pogroms, de Iasi cela valait déjà le coup en ce qui me concerne car j’ai eu envie d’approfondir mes recherches 🙂
je vois bien ce qui a pu perturber ta lecture
bon week-end à toi 🙂
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Je crois que j’ai abandonné la lecture un peu tôt finalement, mais je dois dire que j’en avais assez. Tu as tout à fait raison sur le pogrom de Iasi, c’est un épisode historique que l’on a envie d’approfondir. Merci à toi pour ce commentaire et à bientôt !
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quand un livre me touche trop, réveille des émotions intenses, je lis un autre livre léger en même temps polar, ou des poèmes
j’ai 2 livres doudou: 365 offrandes et 365 pensées du Dalaï Lama dans lesquels je plonge régulièrement j’en parlerai peut-être un jour 🙂
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Oh moi j’ai été scotchée! Evoquer un pogrom n’est pas chose facile, heureusement l’humour allège le tragique
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Je suis heureux de voir que la réception d’un livre peut autant varier d’un lecteur à l’autre 🙂
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J’avoue que tu me rassures, malgré les avis enthousiastes, je n’étais pas franchement tentée. Comme tu l’écris, il y a encore beaucoup d’autres choix.
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Mon avis a l’air néanmoins de ne pas faire partie de la majorité, tu devrais peut-être lui laisser une chance !
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Dommage car la seconde moitié permet justement de relier les deux histoires et d’arriver à un final poignant. Je comprends néanmoins que le ton puisse être déstabilisant mais il fait entièrement partie de la démonstration de l’auteur, tout comme ce parallèle qui prend tout son sens à la fin. Pour moi c’est un sacré bouquin, qui d’ailleurs a valu beaucoup d’ennuis à son auteur en Roumanie lors de sa parution il y a 6 ou 7 ans, preuve que le sujet est encore tabou là-bas.
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Merci beaucoup pour ton commentaire, je me doutais bien qu’au fil du récit, les deux histoires allaient se rejoindre, mais l’envie m’a manqué pour continuer l’aventure. Je ne savais pas que l’auteur a eu beaucoup d’ennuis à cause de ce livre ; il n’est pas toujours aisé de rappeler certains faits.
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C’est effectivement un titre qu’on a beaucoup vu sur les blogs. On ne peut pas tout aimer, ni aimer ce que beaucoup aiment, il y a des choses qui passent avec certains et cassent avec d’autres.
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C’est exactement le cas sur ce livre 🙂
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Dommage, mais c’est vrai que l’auteur a choisi ce ton. Je n’ajouterai rien à ce que disent les autres, je fais partie de celles qui ont aimé le roman et découvert ces réalités;
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Tu fais partie de la grande majorité qui a apprécié ce titre, peut-être qu’avec 20 ou 30 pages supplémentaires, j’aurais finalement changé d’avis.
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Je n’ai pas lu ce livre et ne suis pas tentée d’essayer après cette chronique. Moi non plus je n’aime pas qu’on me raconte des choses tragiques en rigolant, donc je comprends bien ton point de vue !
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Merci !
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Je n’étais pas très tentée par ce roman lorsque je l’ai vu à sa sortie, peut-être parce que je me méfie un peu des romans avec mystère familial qui ressort bien des années plus tard. En même temps, je suis en général intéressée par ces liens entre Juifs américains et Europe centrale. Conclusion: je le lirai lorsque j’en aurai l’occasion, peut-être ferai-je moi aussi partie du camp des scotché.e.s! Merci d’avoir pris le temps de partager ton avis très mitigé.
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Merci à toi. En tout cas, je serais content de lire ton avis sur ce livre !
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Un avis intéressant en tous cas, même si au final, tu me donnes tout de même envie de le lire, parce que j’aime bien l’extrait que tu cites.. mais je n’en fais pas non plus une priorité, cela attendra la sortie en poche.
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Bonne suggestion !
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Ce ton m’a aussi pesé par moments mais il prend tout son sens quand on arrive au pogrome de Iasi.
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En fait, c’est mon regret de ne pas avoir pu tenir jusqu’à ce moment…
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La partie sur le pogrom est tellement difficile à lire que j’ai dû poser le livre à plusieurs reprises. Le contraste avec la partie plus contemporaine du récit m’a permis de « souffler » un peu face au drame raconté.
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Je sentais bien que la partie autour des Oxenberg montait en tension, dommage de n’avoir pas tenu jusque là…
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J’avais lu moi aussi de bonnes critiques sur ce roman. Un livre ne peut pas plaire à tout le monde
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J’ai longtemps hésité à lire ce roman mais votre billet vient confirmer ce que je pensais. Je crois que je vais définitivement passer mon chemin pour cette fois.
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