Willa Cather – Mon Ántonia

Il y a quelques années, le livre Pionniers me donnait l’occasion de faire connaissance avec une écrivaine américaine majeure, Willa Cather (1873-1947). Lauréate du Prix Pulitzer en 1923, elle est l’auteure d’une trilogie dont Pionniers était le premier tome, Mon Ántonia en étant le troisième et dernier. Le cadre reste celui des grandes plaines des Etats-Unis et il y est question de pionniers bien sûr, mais surtout d’une belle histoire d’amitié…

Jim Burden est un jeune garçon orphelin qui vient s’installer chez ses grands-parents, dans la plaine du Nebraska. Il y rencontre Antonia, une jeune fille de 14 ans, dont la famille, les Shimerda, vient de Bohême et s’est installée à proximité. Il est le narrateur dans le roman et nous fait revivre le destin de ces jeunes gens qui ont passé leur enfance dans cette région, dont Antonia, qui donne son nom au livre.

La naissance de l’amitié entre Jim et Antonia, la vie dans la nature (dont un épisode épique où Jim tue un serpent à sonnettes), la présence de personnages issus de nombreuses nationalités dans cette Amérique en construction (comme ces deux Russes, Peter et Pavel, qui ont dû quitter leur pays), tout cela rend le roman attachant, comme pouvait déjà l’être Pionniers. On y retrouve également des thèmes de prédilection de l’auteure, comme la nostalgie (le père d’Antonia ne pourra jamais s’habituer à sa nouvelle terre), la vie difficile des pionniers (la famille Shimerda devra lutter contre la faim pendant de nombreuses années), mais aussi des personnages féminins forts et inspirants :

Toutes ces filles avaient grandi dans les dures difficultés du début, et étaient elles-mêmes fort peu allées à l’école. Mais les frères et soeurs plus jeunes, pour qui elles avaient fait tous ces sacrifices, et qui donc avaient été privilégiés, lorsque je les rencontre même maintenant, ne me semblent jamais leur arriver à la cheville pour l’éducation et la personnalité. Les filles aînées, qui participèrent au défrichage de la terre vierge, apprirent tellement de la vie, de leur mère, de leur grand-mère, et aussi de la pauvreté – toutes, de la même manière qu’Ántonia avaient très tôt acquis le sens des réalités et le sens de l’observation, sans doute parce qu’elles avaient quitté leur pays dans leur petite enfance pour découvrir un monde nouveau.

Au-delà de l’histoire de Jim et d’Antonia, c’est à la construction d’un nouveau pays que l’on assiste, et qui est très bien relatée par Willa Cather :

A l’époque, il y avait de nombreux jeunes gens sérieux parmi les étudiants présents à l’université ; ils étaient venus des fermes et des petites villes éparpillées sur toute l’étendue faiblement peuplée de cet Etat. Certains de ces garçons arrivaient tout droit de leur champ de maïs avec en poche, en tout et pour tout, le salaire d’un été ; ils s’accrochaient pour faire les quatre années, mal vêtus et mal nourris, et ne venaient à bout du cycle universitaire qu’à coups de sacrifices héroïques. Nos professeurs formaient un étrange assortiment ; des instituteurs itinérants qui faisaient oeuvre de pionniers, des chantres de l’Evangile échoués là, quelques jeunes enthousiastes tout juste sortis avec leur diplômes. Il y avait une atmosphère d’effort, d’attente, de brillantes espérances au sein de cette jeune université qui avait surgi de la prairie quelques années seulement auparavant.

Au même titre que Pionniers, je vous invite donc à découvrir ce titre en :

X l’achetant chez votre libraire

X ou en l’empruntant dans votre bibliothèque

de lire autre chose

Mon Antonia, de Willa Cather, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Robert Ruard. Rivages poche, 2016, 351 pages.

7 réflexions sur “Willa Cather – Mon Ántonia

  1. Eve-Yeshé 31 octobre 2021 / 14:10

    à découvrir pour moi donc je rajoute cette trilogie à ma liste 🙂

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  2. laboucheaoreille 31 octobre 2021 / 14:32

    Ce roman avait été une lecture commune avec Goran il y a peut-être deux ans. J’avais trouvé ce livre pas mal, avec des personnages attachants. Je suis tout à fait d’accord avec ta chronique et tes avis !

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  3. worldcinecat 1 novembre 2021 / 10:09

    Merveilleux souvenirs que les lectures de Willa Cather. A redécouvrir finalement …

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  4. dominiqueivredelivres 1 novembre 2021 / 16:31

    un grand classique américain que j’ai lu et fait lire à mes filles et qui reste toujours comme un livre d’amitié, d’espoir, de joie

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  5. Passage à l'Est! 4 novembre 2021 / 14:27

    J’ai lu et relu et rerelu Mon Ántonia à l’adolescence mais je vois que j’ai oublié beaucoup du livre (ce dont je me souviens, entre autres, c’est le levain qu’utilisait la mère d’Antonia et dont la texture séchée intrigait Jim – mais pourquoi ce détail m’est-il resté en mémoire???). Je ne m’étais pas non plus rendu compte qu’il s’agissait de la dernière partie d’une trilogie. Il va falloir que je lise les deux premiers, et relise Mon Ántonia, en espérant que j’aimerais autant le livre qu’auparavant.

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  6. luocine 5 novembre 2021 / 17:57

    encore des livres à découvrir mais mon agenda est bien rempli!

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