Mechtild Borrmann – Sous les décombres

Durant la précédente édition des Feuilles Allemandes, je chroniquais pour la première fois un livre de l’écrivaine allemande Mechtild Borrmann, Le violoniste, un roman policier (mais pas seulement) qui nous emmenait dans la Russie soviétique de l’après-guerre. Dans Sous les décombres, elle persévère dans une veine semblable avec comme arrière-plan historique l’Allemagne de l’après-guerre…

3 fils narratifs pour 3 lieux et époques différentes. Voici la structure du livre. Je dois dire qu’en commençant la lecture, je me suis dit « encore ! ». En effet, ces récits non linéaires sont très largement utilisés, notamment en littérature policière, et impliquent souvent une période contemporaine et une période plus ancienne qui doit nous révéler un secret ou un crime caché. Du classique, rien de surprenant, me suis-je donc dit en commençant la lecture.

Le récit commence en janvier 1947, dans un Hambourg encore dévasté. Un adolescent, Hanno, trouve un jeune enfant dans une cave… à côté d’un cadavre de jeune femme. Avec sa jeune soeur, il décide d’emmener l’enfant chez eux, où leur mère, Agnès Dietz, tente de survivre en faisant de menus travaux de couture pour des familles plus aisées, tandis que son mari est porté disparu. La période est dure, la ville est dévastée, il est difficile de trouver de quoi se nourrir ou de quoi se chauffer. Voici pour la première histoire.

La seconde histoire démarre quant à elle en 1945 dans l’Uckermark, une région proche de Berlin. La famille Anquist possède une ferme et des terres dans cette région ; mais l’avancée des troupes soviétiques, la réquisition de la ferme les poussent à rejoindre la zone d’occupation d’anglaise.

Enfin, la troisième histoire se déroule dans les années 90. Anna Meerbaum est enseignante et âgée d’une quarantaine d’années. Sa mère reste toujours silencieuse sur son passé et Anna va être amenée à découvrir ce que ce silence cache.

Les trois récits vont bien évidemment se rejoindre, mais je n’en dis pas plus. Je trouve d’ailleurs que la quatrième de couverture de l’édition française en dévoile déjà trop… Ce qui est intéressant, c’est tout d’abord le fond historique du roman. On revit à Hambourg les conditions de l’après-guerre ; deux ans après la fin de la guerre, elles sont très difficiles. Hanno et sa soeur parcourent les décombres de la ville pour trouver du bois afin de tenir durant cet hiver 1947 particulièrement froid. Le marché noir est nécessaire pour se procurer des biens de première nécessité. A l’est, près de Berlin, c’est le communisme qui accompagne l’arrivée des Soviétiques et de leurs alliés. Mechtild Borrmann retrace avec beaucoup d’acuité ces situations difficiles, l’occupation. L’autre élément qui confère à ce livre son côté « page-turner » est le côté criminel qui va se révéler petit à petit, avec en trame de fond le thème de la mémoire et des secrets de famille.

En conclusion, vous ne ferez pas de fautes de goût en choisissant ce livre. C’est bien écrit, finalement bien construit ; le côté « policier » mis en avant est à relativiser, et le contexte et les personnages sont là l’intérêt majeur du roman. Je vous conseille donc de le découvrir en :

X l’achetant chez votre libraire

X ou en l’empruntant dans votre bibliothèque

de lire autre chose

Sous les décombres, de Mechtild Borrmann, traduit de l’allemand par Sylvie Roussel. Le livre de poche, 2020, 352 pages.

Lu ici en version originale : Trümmerkind. Droemer, 2018. 303 pages.

Ce livre a été lu dans le cadre des Feuilles allemandes, consacrées à la littérature de langue allemande.

29 réflexions sur “Mechtild Borrmann – Sous les décombres

  1. Livr'escapades 3 novembre 2021 / 08:54

    Merci Patrice pour cette première lecture et suggestion, ma wishlist ne va pas s’en remettre!
    Cette autrice a été chroniquée plusieurs fois l’année dernière, sur Instagram aussi, et ton nouvel avis achève de me convaincre! Autant j’aime lire parfois des thrillers flippants et bien sanglants (oups), autant j’aime les policiers plus « lents » avec un côté sociétal et historique très présent.

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:08

      Je ne vais pas te décourager de franchir le pas. Cela pourrait être pour la prochaine édition des Feuilles Allemandes 🙂

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  2. Miriam Panigel 3 novembre 2021 / 10:53

    Je cherchais un ouvrage pour ces feuilles allemandes, je crois que je vais commencer par celui-ci. merci de la suggestion

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:09

      Avec plaisir et au plaisir de lire ta chronique !

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:09

      C’est aussi quelque chose que je recherche dans mes lectures.

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:10

      Heureux de te faire découvrir ce titre !

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  3. laboucheaoreille 3 novembre 2021 / 13:34

    Peut-être qu’il pourrait m’intéresser pour les feuilles allemandes de 2022. Cet aspect de document historique me plait. Mais le côté « polar » et « récit non linéaire » me rebute un peu…

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:11

      Je mettrais le côté polar entre parenthèses sur ce livre, ce n’est pas l’atout majeur.

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:11

      On est déjà « obligé » de penser à 2022, alors ? 🙂

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      • Eve-Yeshé 8 novembre 2021 / 14:16

        je crois bien (en fait je suis même sûre!) en fait je ne me souvenais plus du mois donc je n’ai pas fait de listes 🙂

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  4. Ingannmic 3 novembre 2021 / 16:24

    Cette auteure m’est complètement inconnue, tu as le don pour dénicher des pépites cachées !! Je viens de vérifier, il est disponible en poche, en plus !! Et hop, dans la bannette pour l’année prochaine …

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:12

      Je me prépare à un tir groupé de lectures sur ce livre en 2022 🙂

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  5. kathel 3 novembre 2021 / 18:41

    J’ai lu et beaucoup aimé Le violoniste.
    Sinon, pour le Hambourg d’après-guerre, j’ai aussi un souvenir frappant de deux romans policiers de Cay Rademacher (L’assassin des ruines et L’orphelin des docks) qui plantent un décor vraiment marquant.

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:14

      Excellente suggestion que Cay Rademacher. On l’a encore sur nos étagères et il est vrai qu’il a été très positivement commenté. Je le note de mon côté !

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  6. krolfranca 3 novembre 2021 / 19:03

    Je ne suis pas lectrice de romans policiers mais si ce côté-là est à « relativiser », ben, pourquoi pas ?

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  7. Passage à l'Est! 4 novembre 2021 / 14:31

    Zut, je n’ai toujours pas lu Le violoniste et voilà que tu nous présentes ce titre vraiment alléchant. Il va falloir que j’aille voir à l’Institut Goethe s’ils ont l’un des deux.

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:15

      Tu as de bonnes fréquentations ! L’Institut Goethe est un endroit où j’aimais bien aller quand j’habitais près de Paris.

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  8. luocine 5 novembre 2021 / 17:41

    je pense que je vais noter ce roman pour une amie passionnée de littérature policière ce qui n’est pas mon cas

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:15

      Heureux de voir que je suis à l’origine d’une recommendation de lecture !

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  9. La Barmaid aux Lettres 7 novembre 2021 / 07:16

    Je suis comme toi ! Dès que je vois ce type de construction… Je souffle !
    N’étant pas très policier, et malgré l’intérêt historique supplémentaire, je passe mon tour pour cette fois !

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:16

      Il en faut pour tous les goûts ! Tu en as bien le droit 🙂

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  10. PatiVore 7 novembre 2021 / 17:34

    Oh, j’avais beaucoup aimé Le violoniste, présenté l’année dernière ou il y a deux ans alors je note cet autre titre et je verrai s’il est en bibliothèque 😉

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    • Patrice 7 novembre 2021 / 19:17

      Il devrait y être à mon avis 🙂

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