Il y a 5 ans, bien avant la création des Feuilles allemandes, je vous ai parlé de Christoph Hein et de son livre Prise de territoire, le portrait d’un réfugié en Allemagne de l’Est. Pour la 3ème édition de notre mois thématique, j’ai choisi un autre titre : Dès le tout début, écrit en 1997 et sorti en français en 2002, qui met en scène un jeune garçon, Daniel, dans les années 50 en RDA.
Dès l’instant où on fait plus ample connaissance avec le personnage principal, on commence à faire les liens avec l’auteur lui-même. En effet, Christoph Hein né en 1944 est, comme Daniel, le fils d’un pasteur et dans ce livre, il retranscrit très probablement ses souvenirs de jeunesse. On comprend alors mieux d’où vient la justesse de ce texte qui m’a encore une fois charmée.,
Christoph Hein, alors âgé de 50 ans au moment de l’écriture, a su parfaitement se glisser dans la peau d’un jeune garçon de 13 ans. Il a divisé le livre en plusieurs chapitres dont chacun traite d’un évènement de la vie de Daniel. Notons dès le début que le garçon vient d’un milieu anticommuniste et ses grand-parents subissent les lourdes conséquences de leur non-adhésion au Parti. Le jeune Daniel oscille entre deux mondes aux valeurs opposées : celui représenté par son père où la vérité est primordiale et celui de l’extérieur avec ses vérités plus ou moins tordues. Par la dévotion du père, la famille sort du cadre habituel, ce qui signifie surtout pour Daniel le sacrifice des dimanches matin :
Le dimanche matin était un jour perdu pour moi. Il était tout aussi désagréable et contraignant que mes matinées passées à l’école. Il m’était même encore plus désagréable, car aller à l’école était un désagrément partagé par tous, un coup du destin auquel aucun de mes amis ou des garçons de mon âge ne pouvait se soustraire.
A l’instar des générations qui ont imaginé l’Amérique comme une destination idéale, Daniel rêve de Berlin-Ouest. Ce besoin d’aventure, de liberté et d’espace est encore plus ravivé par l’arrivée du cirque. L’excitation des jeunes qui voulaient aussi partir et vivre cette vie nomade m’a un peu rappelé l’écrivain Karel Poláček, dont le livre Nous étions cinq parle aussi des enfants à l’époque où l’arrivée du cirque dans des petites villes endormies était un véritable événement. Dans le dernier chapitre intitulée Glace surprise, la famille se rend à Berlin-Ouest pour aller voir le fils aîné. Assis dans un café, Daniel voit un panneau publicitaire où les images défilent, une nouveauté qu’il n’avait jamais vu auparavant. Et c’est ici, sur ce panneau bien brillant, entourés d’autochtones indifférents, que la famille apprendra l’arrivée des chars russes à Budapest.
Comme je ne pouvais pas m’imaginer que ces nouvelles soient sans importance pour eux, leur comportement me sembla être l’expression de la vie dans une grande ville. C’est uniquement quand on est marqué du sceau de la vie dans une métropole que l’on peut être aussi nonchalant et indifférent face aux informations les plus effroyables.
Néanmoins, il y a encore une chose à part Berlin Ouest que le jeune Daniel souhaiterait découvrir et c’est le corps féminin… Aussi, Christoph Hein nous offre le beau portrait d’un garçon en pleine transformation pour devenir un homme ; d’un étudiant dont le parcours scolaire sera influencé par la politique ; d’un garçon qui observe la différence entre les deux Allemagne. Alliant le roman d’apprentissage et le témoignage de l’époque, Christoph Hein a encore une fois confirmé son sens de l’observation et ses capacités à se mettre à la place des autres quel que soit leur âge.
Une nouvelle fois sous le charme de sa franchise et de son écriture naturelle, je vous conseille :
X d’acheter chez votre libraire
d’emprunter ce livre dans votre bibliothèque
de lire autre chose
Dès le tout début, de Christoph Hein, traduit de l’allemand par Nicole Bary. Métailié, 2002, 200 pages.
Ce livre a été lu dans le cadre des Feuilles allemandes, consacrées à la littérature de langue allemande.
Ta chronique est très enthousiaste et donne bien envie d’en savoir plus. Les livres de souvenirs d’enfance sont souvent très beaux.
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Je pense que les livres de Ch. Hein pourraient te plaire. Ils sont souvent disponibles dans les bibliothèques en France.
Bonne journée 🙂
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je vais le noter parce que je manque de références récentes, je suis retournée à Zweig (Fouché) et à Joseph Roth (Tarabas) par manque d’imagination. Avec ces deux-là je suis sûre de ne pas être déçue
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Des valeurs sûres, tu as bien raison ! Pour l’année prochaine nous allons préparer une liste avec des conseils de lecture (surtout pour la littérature contemporaine).
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Ton billet est très bien et ce roman semble l’être aussi, mais je ne me sens pas spécialement attirée par la thématique..
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Je comprends ! Peut-être La prise de territoire te plairait davantage 🤔
Hein est souvent disponible à la bibliothèque.
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Je le note.
Je reviens au blog après un déménagement, j’ai dû louper la plupart des billes des différents participants aux feuilles allemandes, mais ce sera un petit rattrapage !
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Bonjour Nathalie, j’espère que ça s’est bien passé pour toi. Quand une bonne lectrice déménage, ça veut souvent dire quelques (dizaines) de cartons de plus 😀
Bonnes lectures.
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je mets mon lien vers les feuilles allemandes ici parce que je ne sais pas où le mettre. Excuse moi!
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Merci Miriam 🙂
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je note ce livre . Pour ma participation l’an prochain !
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Je pense que chaque bibliothèque possède quelques titres de Hein. Merci et à l’année prochaine alors 🙂
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Encore un lien vers mon blog pour Les Feuilles allemandes :
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J’espère que je ne dérange pas trop avec tous mes liens
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Au contraire, Miriam ! Merci beaucoup 🙂
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Merci Miriam pour les 3 billets, tout est bien noté 🙂
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Schubert cela rentre dans les feuilles allemandes?
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