Karnak Café – Naguib Mahfouz

Ayant épuisé tous mes maigres stocks de littérature africaine, j’ai pioché une idée de lecture de dernière minute chez Ju lit les mots pour pouvoir contribuer au Mois africain. Et c’était un très bon choix ! Ecrit en 1971 par Naguib Mahfouz ((le futur lauréat du Prix Nobel), Karnak Café brosse un portrait très intéressant de la société et de l’ambiance dans l’Egypte des années 60.

Nous doutions de tout, même des murs et des tables.

Dès les premières pages, on se retrouve dans un café du Caire, tenu par Qurunfula, jadis star de la danse orientale à laquelle elle a su apporter une touche moderne, à en croire les connaisseurs. Le narrateur la reconnait aussitôt et, s’installant dans ce lieu confortable, il observe et échange avec les habitués. Parmi eux se trouvent trois jeunes : Hilmi, Zaynab et Ismaïl.

Mon pays me fascinait. Malgré ses digressions, il se développait, s’affirmait, gagnait en puissance et en influence, produisait toutes sortes de choses, des aiguilles aux missiles, et avançait à grands pas vers un bel humanisme. Pourquoi alors l’homme y avait-il perdu toute valeur, réduit à la plus abjecte insignifiance, pourquoi y était-il privé de droits, de respect, de tout soutien, pourquoi ployait-il sous le joug de la lâcheté, de l’hypocrisie et de la solitude ?

Les trois amis pleins d’idéaux disparaissent un jour et leur histoire, racontée par la suite, sert de moyen à l’auteur pour brosser le portrait de son pays, un portrait qui lui a valu une censure. C’est finalement un message à la portée clairement universelle qui nous est transmis, tant certaines scènes où le pouvoir paranoïaque traque les soi-disants opposants et où la révolution dévore ses propres enfants, pourraient se dérouler dans un autre pays à une autre époque. Dans une ambiance marquée par la religion, l’influence du communisme, des Frères musulmans ou des autres pays, les habitués discutent comme il se doit dans un bon café, avançant des théories et des solutions, opposant des idéologies… « Et ainsi de suite… A l’infini.« , puisque « à cette époque, les peines – comme les joies – étaient vite oubliées.« 

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Karnak Café, de Naguib Mahfouz. Traduit de l’arabe (Égypte) par France Meyer. Actes Sud, 2010, 128 p.

Participation au Mois africain (Égypte) chez Jostein

6 réflexions sur “Karnak Café – Naguib Mahfouz

  1. Avatar de Nathalie Nathalie 27 octobre 2025 / 17:05

    J’ai lu un seul roman de cet auteur (Impasse des deux palais) et j’avais beaucoup aimé. Je note donc ce titre.

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  2. Avatar de Sacha Sacha 28 octobre 2025 / 13:34

    J’aime beaucoup l’écriture de Mahfouz, mais ses dialogues me paraissent trop littéraires pour être vrais et cela me tient à distance. Il m’a aussi manqué des références pour apprécier ce roman. J’en ai lu un autre que j’ai aimé, mais je n’arrive pas à retrouver son titre…

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  3. Avatar de luocine luocine 28 octobre 2025 / 19:30

    je me ferai un plaisir de découvrir cet auteur que je ne connais pas.

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  4. Avatar de Choup Choup 29 octobre 2025 / 11:31

    J’avais lu il y a fort longtemps Les rues du Caire de cet auteur, je me souviens avoir apprécié mais sans plus. Ce texte pourrait être l’occasion de me pencher à nouveau sur son oeuvre. Je connais très peu l’Egypte contemporaine.

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