Etgar Keret – 7 années de bonheur

Edgar Keret

Vous ressentez une petite fatigue printanière, vous avez du mal à vous endormir ? Je vous conseille une cure Keret : faites-vous prescrire une petite chronique tous les soirs avant de vous coucher et soyez sûrs que vous passerez 35 soirées agréables. Tantôt dans l’émotion, tantôt dans le rire grâce aux 7 années de bonheur d’Etgar Keret (Editions de l’Olivier).

Dans ce recueil de chroniques, Etgar Keret relate les 7 années entre la naissance de son fils et le décès de son cher papa. Les sujets sont très différents : on commence par la naissance de Lev, on prend un taxi avec un chauffeur énervé, on se promène à Tel-Aviv, on fait face aux vicissitudes de la vente par téléphone (très drôle !). On passe sur une aire de jeu pour causer service militaire avec d’autres mamans, on rend aussi visite à la soeur d’Etgar Keret, devenue ultraorthodoxe (ce qui est apparemment un événement tel que l’entourage donne des petites tapes de soutien dans le dos en prononçant des condoléances) :

L’idée que ma sœur ne lira jamais une seule de mes nouvelles me désole, je l’avoue, mais le fait que je n’observe pas le shabbat et que je ne mange pas casher la désole, elle, encore bien plus.

Si je rencontrais l’auteur à un salon du livre, il va de soi que j’aimerais bien avoir ma propre dédicace fictionnelle façon Keret ! :

Que peut-on bien inscrire dans le livre d’un inconnu qui peut être n’importe quoi ou n’importe qui, de tueur en série jusqu’au Juste parmi les nations ? « En toute amitié » confine aux faux témoignage (…) En conséquence, il y a exactement dix-huit ans de cela, le soir de ma première participation en tant qu’auteur à la Semaine du livre, j’ai créé mon propre genre : la dédicace fictionnelle. Puisque les livres eux-mêmes sont de la fiction, pourquoi les dédicaces devraient-elles être vraies ?

« Pour Danny, qui m’a sauvé la vie dans la plaine de la Bekaa. Sans ton garrot, je n’aurais jamais survécu et pu écrire ce livre. »

« Pour Mickey. Ta mère a appelé. Je lui ai raccroché au nez. Il te faut un sacré culot pour te montrer ici. »

Etgar Keret est né à Tel-Aviv mais les racines de sa famille, il faut les chercher un peu plus loin, en l’occurrence en Pologne, car ses parents étaient des survivants de l’Holocauste. Sa maman (la seule de la famille à avoir survécu dans le ghetto do Varsovie) a, quand elle était petite fille, promis à son papa de « tenir le coup » pour que leur famille ne disparaisse pas. Dans ce livre, on fait surtout connaissance avec le père de l’auteur, malade dans les dernières années de sa vie. Ce sont les passages les plus touchants, notamment la chronique « Dans les pas de mon père ».

Ce qui est sympathique chez Keret, c’est qu’il ne se prend pas au sérieux, il se moque volontiers de lui-même. De plus, ses observations sur le monde environnant sont perspicaces, drôles et intelligentes. Plusieurs scènes nous restent en mémoire après la lecture. Des réflexions sur la vie, sur le lien père et fils, sur la menace constante de la mort.

On préférerait une vraie guerre à toutes ces années épuisantes d’intifada quand rien n’a plus été blanc ou noir mais que tout est devenu gris, et qu’au lieu d’affronter des forces armées, on a eu seulement affaire à des jeunes gens résolus bardés de ceintures d’explosifs, ces années où la bravoure, le panache ont cessé d’exister, remplacées par d’interminables files d’attente aux checkpoints peuplées de femmes enceintes jusqu’aux yeux et de vieillards accablés par la chaleur suffocante.

Un petit bémol par contre pour la couverture que je n’aime pas trop. Je pense vraiment que ces petites chroniques de Tel-Aviv méritaient mieux. Vous pourrez le juger vous-mêmes si vous suivez ma petite recommandation ci-dessous. J’ajoute que ce livre ferait aussi un joli cadeau, si vous voulez faire plaisir à quelqu’un.

X allez l’acheter chez votre libraire

X ou l’emprunter dans votre bibliothèque

lisez plutôt autre chose

Réf.: 7 années de bonheur d’Etgar Keret, traduit par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso. Edition de l’Olivier, 2014, 196 p.

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