Hier encore intégrés l’Union Soviétique, les Pays Baltes font aujourd’hui partie de l’Union Européenne mais sont encore mal connus, notamment des Français. Qui sait placer sans faute sur une carte la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et leurs capitales respectives Vilnius, Riga et Tallinn ? Pour mieux les connaître, et surtout leurs habitants, je vous invite à découvrir aujourd’hui le livre de Jan Brokken, Les âmes baltes, parus chez Denoël…
Jan Brokken entreprend dans ce livre le récit de 14 histoires d’habitants des Pays Baltes recueillis sur place à l’occasion de plusieurs voyages entre 2007 et 2010. Certains sont très connus (Romain Gary, Sergueï Eisenstein…) et ont la plupart du temps vécu un destin hors de leur pays d’origine, d’autres le sont moins mais leur parcours est tel qu’il nous donne l’opportunité de visualisaliser toutes les turpitudes du XXème siècle dans cette région d’Europe.
Ce livre est séduisant à plusieurs niveaux. Jan Brokken fait preuve d’une véritable érudition. Il évoque tous les évènements majeurs de l’histoire des trois pays baltes. Comment ne pas frissonner par exemple à l’évocation du cinquantième anniversaire du pacte germano-soviétique le 23 août 1989 qui conduisit deux millions d’Estoniens, de Lettons et de Lituaniens à former une chaîne humaine de six cents kilomètres de long reliant Tallinn et Vilnius, la « Voie Balte » ? Il possède de plus une culture des arts qui se retrouve dans les portraits choisis ; on parle littérature, on célèbre la musique à plusieurs reprises (et l’on sent les connaissances de l’auteur dans ce domaine) ou encore l’architecture en évoquant le père de Eisenstein.
Habitué à prendre des notes lors de chaque lecture, je me suis vite rendu compte que cela devenait une tâche ardue avec Les âmes baltes. Pour vous donner envie de lire l’ouvrage, je vous parlerai donc de deux portraits qui m’ont beaucoup touché.
Le premier concerne Arvo Pärts. Peut-être le connaissez-vous ? Il est à 80 ans l’un des compositeurs contemporains les plus connus. Dans l’un des plus longs chapitres, Jan Brokken nous parle de cet artiste estonien né à Tallinn en 1935, de son enfance, de ses influences musicales, de son audace dans la composition qui l’a obligé à émigrer. Parfois complexe à la lecture, ce portrait si riche m’a donné envie d’écouter la musique de Pärts, parfois qualifiée de minimaliste. Depuis cette première écoute, j’ai toujours le même plaisir à écouter Spiegel im Spiegel, Fratres ou encore Cantus in memoriam Benjamin Britten. Un vrai coup de coeur pour moi.
Le second est tout à fait différent (c’est du reste une richesse du livre d’offrir une telle variété de propos), plus court ; mais surtout très émouvant. Son titre ? Une enfance sacrifiée. Il rappelle en effet l’histoire de Loreta Asanaviciuté, jeune lituanienne de 23 ans, qui fut écrasée à Vilnius le 13 janvier 1991 par un char russe qui réprimait les manifestations d’indépendance . Une indépendance dont chaque Balte connaît malheureusement le prix. Depuis la lecture de cette histoire, le nom de Loreta me suit sans cesse, je revois avec émotion le visage de cette jolie jeune fille au destin brisé.
Curieusement, ce livre est l’un des rares titres du journaliste et écrivain Jan Brokken à être traduit en français parmi la vingtaine qu’il a écrit, c’est bien dommage. Je ne peux donc que vous conseiller la chose suivante :
X Achetez-le chez votre libraire
X ou allez l’emprunter dans votre bibliothèque
lisez plutôt autre chose
Réf : Les âmes baltes, de Jan Brokken, traduit du néerlandais par Mireille Cohendy. Editions Denoël, 400p.
un livre que j’ai chroniqué et particulièrement aimé, des contrées mal connues et pourtant d’une richesse culturelle et historique énorme
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Labdie, les peuples Baltes fêtent en 2018, le centenaire de leurs indépendance et création. Ils organisent au Musée d’Orsay une grande exposition avec de nombreux événements. Pour plus de détails & précisions consultez https://www.lettonie-francija.fr
Choir(dialement
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Merci beaucoup pour ce très bon conseil. Tout ce qui peut rapprocher le peuple français des autres peuples européens, notamment les moins connus, est toujours bon à prendre !
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Vendu !
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Hélas, édition épuisée … à rechercher parmi les livres d’occasion.
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Dommage !
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