Aujourd’hui, place à des nouvelles !
J’ai eu le plaisir de découvrir récemment La fin d’une époque et son auteur Evelyn Waugh qui, à mon avis, reste un peu dans l’ombre des autres auteurs britanniques de la 1ère moitié du XXème siècle. Je suis ressortie charmée par ses nouvelles, que ce soit grâce à son humour ou son art d’observation du monde…
Ecrivain et journaliste, Evelyn Waugh est l’auteur de nombreux romans et nouvelles. Parmi les plus connus, on compte Grandeur et Décadence ou Retour à Brideshead. Pour faire connaissance avec l’écrivain, je me suis finalement penchée sur un recueil de nouvelles intitulé La fin d’une époque.
Dès la première nouvelle, on accepte l’invitation dans la bonne société anglaise, parmi les gentlemen, lords et ladies. On pense initialement passer une soirée bien sage en leur compagnie, mais on est scotché (agréablement !) par la « chute » de l’histoire de Lord et Lady Moping. Ensuite, la machine est lancée et le lecteur suit avec délice ce petit monde à travers les lunettes d’Evelyn Waugh.
On est vite confronté à l’hypocrisie, aux préjugés, aux obligations familiales… tout cela décrit avec beaucoup d’humour ou alors avec une petite note de tristesse :
Pour Lady Amelia, lire un roman le matin était de la plus haute inconvenance. Elle croyait au bien-fondé de ce principe reçu dès l’enfance. A présent, au crépuscule de sa vie, elle avait singulièrement peu à faire pour occuper les deux heures qui séparaient le moment où elle descendait à onze heures et quart, coiffée et embaumant la lavande, et l’annonce du déjeuner, mais elle se conformait rigoureusement à cette règle.
Ma nouvelle préférée a été incontestablement Un anglais et son home. Il y est question d’un voyage à la campagne ayant pour but une rencontre avec Mr. Beverley Metcalfe – propriétaire d’un domaine de presque 4 hectares de terre – qui se croyait un homme du terroir.
Le véritable homme du terroir porte un costume sombre le dimanche, contrairement au citadin en promenade qui porte de la flanelle. Il adore marchander et ne recule devant aucune dépense pour effectuer ses achats par arrangement privé, au lieu de passer par les voies normales du commerces du détail. Tout en étant ostensiblement sceptique et conservateur, il est vite fasciné par les gadgets mécaniques. Il est sincère mais inhospitalier; prêt à commérer pendant des heures par-dessus la clôture avec le premier étranger venu, mais réticent quand il s’agit de laisser entrer chez lui ses amis proches…
Un jour, Monsieur Metcalfe et ses voisins sont alarmés par la vente d’une terre à proximité et le danger supposé que s’y construisent des lotissements – quelle horreur ! Des voisins doivent réagir, mais il faudra se mettre d’accord… Des jeux d’apparence, le sentiment de supériorité, les traditions bien ancrées, l’effort fait pour ne pas montrer ce que l’on pense vraiment ou ce que l’on (n’)a (pas)… Evelyn Waugh parvient à tout décrire avec beaucoup d’humour, la lecture est un vrai plaisir.
Comme laisse deviner le titre d’une autre nouvelle – Croisière -, on va également accompagner une famille en voyage. L’occasion de découvrir le passe-temps favori des familles aisées. Enfin, un autre personnage restera dans ma mémoire : Bella Fleace, une octogénaire irlandaise qui aura la folle idée d’organiser un bal chez elle… (Bella Fleace donna une fête)
« Qu’est-ce que j’entends, il paraît que Bella donne une fête ? dit Lady Gordon à Lady Mockstock. Je n’ai pas eu de carton.
— Moi non plus, jusqu’à présent. J’espère que la vielle folle ne m’a pas oubliée. J’ai toutes les intentions d’y aller. Je n’ai jamais vu l’intérieur de son château et je crois qu’elle a des choses magnifiques. »
Avec une réserve toute anglaise, la dame, dont le mari avait loué Mock Hall, fit mine de ne pas savoir qu’il se préparait une fête à Fleacetown.
Pour être complet, j’ajoute qu’un roman volontairement inachevé (suite à l’éclatement de la guerre) fait aussi partie du livre. L’auteur ne l’a pas fini et moi non plus d’ailleurs, car je l’ai trouvé un peu ennuyant, en comparaison avec les nouvelles lues précédemment.
Vous aurez compris, je conseille les nouvelles à celles et ceux entre vous qui ont un petit faible comme moi pour l’humour anglais ! Alors n’hésitez pas, faites bouillir un peu d’eau pour une cup of tea, dépliez un plaid à carreaux et…
achetez-le chez votre libraire
X …lisez le livre que vous avez emprunté dans votre bibliothèque
lire plutôt autre chose
Réf : La fin d’une époque, d’Evelyn Waugh. Quai Voltaire, 1989. 273 p.
J’espère donc le trouver en bibliothèque , je suis sensible au charme de l’humour britannique, mais il m’arrive de m’ennuyer au séance de thé avec les ladies et les gentlemen.
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Il faut vraiment que je lise cet auteur…Les extraits que tu cites sont plutôt délectables 🙂
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C’est un auteur qui m’a beaucoup marquée avec « Retour à Brideshead ». J’avais moins aimé « Le cher disparu » en revanche, mais ces nouvelles semblent aborder des thèmes plus proches de ce qui me plaît chez Waugh.
En effet, il est peu connu chez nous, mais il apparaît dans toutes les listes de livres incontournables anglophones, un peu comme Forster.
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Après avoir lu ton commentaire, je vais bien sûr jeter un coup d’oeil au Retour à Brideshead. As-tu parlé de ce roman sur ton blog ?
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