Jill Dawson – Sang d’encre

Après s’être promené à travers l’Europe de l’Est, changeons un peu de direction. Nous allons rendre visite à la célèbre écrivaine américaine, Patricia Highsmith, séjournant en Angleterre. Son histoire, écrit par Jill Dawson, s’intitule Sang d’encre.

Cela porte malheur de parler du roman sur lequel on travaille. C’est comme d’ouvrir le four quand on fait cuire un soufflé : le soufflé retombe et tout est raté.

On retrouve Patricia dans les années 60, elle vient tout juste de s’installer dans un cottage pittoresque dans le Suffolk. N’oubliez pas de pencher la tête, les poutres sont basses dans cette maison typique et pittoresque ! L’écrivaine ne se prend néanmoins pas la tête avec l’aménagement. Les livres et les papiers sont un peu partout, ainsi que l’alcool et… les escargots ! Oui, ils sont dissimulés dans toute la maison et Patricia les emmène même en balade dans ses poches ou sacs à main, n’oubliant pas d’y glisser une feuille de salade pour qu’ils aient un petit casse-croûte…

Personne n’est évidemment surpris que je sois assise seule dans mon coin, à siroter mon verre et à fumer ma cigarette. Cela correspond à l’image qu’on a de moi. Recluse, distante, peu aimable.

Même si Patricia travaille sur plusieurs romans, sa tête est ailleurs et ses pensées volent inévitablement vers un être quasiment extraterrestre, tellement elle est belle, élégante et sensuelle – Samantha. Sam est une femme mariée, avec un enfant, qui a pourtant une relation amoureuse avec l’écrivaine. Le seul bémol : son mari, Gerald !

Patricia est donc gênée par la présence de cet homme (elle voudrait avoir Sam rien que pour elle), mais aussi par les lettres d’un certain Stanley. Il lui écrit quasi quotidiennement ; on en déduit qu’il connaît très bien son idole, ses déplacements, ses loisirs. De quoi avoir peur les soirs, quand on entend un drôle de bruit dans le jardin…

Nous avons ici affaire à une histoire dont l’héroïne a bel et bien existé. On peut lire, sur la quatrième de couverture, que ce roman brouille la frontière entre biographie et fiction, ce qui m’a finalement assez gênée. C’est probablement dû au fait que je ne connais pas bien Highsmith, ni ses livres. Dawson explique que son roman est truffé de références et en évoque certaines en détail dans les remerciements. J’ai beaucoup apprécié ces éclaircissements, nécessaires pour une novice comme moi, mais ils n’ont finalement pas pu enlever l’arrière-goût que j’ai eu, en refermant le livre. Je préfère définitivement soit la biographie, soit la fiction, mais pas un mélange de deux !

Je suis sûre que ce livre doit être très intéressant pour les fans de l’oeuvre de Patricia Highsmith. On y retrouve a priori la même ambiance et on voit Patricia prise dans le piège de ses propres schémas, si caractéristiques de son écriture (angoisse, traque furtive, scènes rêvées…). Et puis qu’en est-il des escargots, ce détail qui revient sans arrêt dans le roman et que j’ai trouvé tiré par les cheveux… ? Apparemment, Madame Highsmith a eu une passion pour ces petits animaux et en aurait même sauvé quelques spécimens de France en les mettant dans son soutien-gorge avant de passer la frontière ! J’aurai une petite pensée pour elle, dans l’avenir, en parcourant le menu dans un restaurant français…

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ne pas lire

Sang d’encre, de Jill Dawson, traduit de l’anglais par Pierre Ménard. Denoël, 2018, 384 pages.

voisinsvoisines2_2018Cette lecture s’inscrit dans le cadre du challenge Voisins Voisines 2018.

3 réflexions sur “Jill Dawson – Sang d’encre

  1. mjo 9 avril 2018 / 15:32

    C’est dans l’air du temps : les récits romancés ou les romans vrais, mi-figue mi-raisin, et comme toi je n’aime pas ce mélange.

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  2. dominiqueivredelivres 10 avril 2018 / 10:38

    le mélange des genres demande un art très sûr car sinon il frustre les amateurs de romans et ceux de bio ! Dommage

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