Julio Cortázar – Les gagnants

Disons-le d’emblée : la littérature latino-américaine n’est quasiment pas représentée sur ce blog. Néanmoins, comment ne pas répondre positivement à l’invitation d’Ingannmic qui organise pour la seconde année le mois latino-américain ? C’est l’Argentine qui sera le fil rouge de notre participation en 2022 en débutant par un roman, Les gagnants, de Julio Cortázar.

Auteur argentin majeur, né en 1914 et décédé à Paris en 1984 (il avait quitté l’Argentine en 1951), Julio Cortázar est surtout connu pour son roman Marelle ainsi que Livre de Manuel, qui a reçu le prix Medicis étranger en 1974. Les gagnants met en scène un groupe d’une vingtaine de personnes qui, par une chaude journée d’été, sont attablés dans un café près du port de Buenos Aires, en savourant leur consommation. Leur point commun : ils ont gagné une croisière.

Raul déplia un papier crème et résuma :

« A 18 heures. Dans ce café. On viendra prendre vos bagages à domicile dans la matinée. Prière de ne pas venir accompagné. Vos consommations sont au compte des Services Municipaux. (…) Durée : trois à quatre mois. J’avoue que c’est surtout cela qui m’a décidé. Où pourront-ils bien nous emmener pendant tout ce temps ? (…) Leur grande astuce a été de donner des congés payés. Quel bureaucrate y résisterait ? Et le carnet de chèques que l’on délivre au voyageur, cela aussi, ça compte. Des dollars, tu te rends compte, des dollars.

Comme vous pouvez le lire, un certain nombre de mystères plane sur ce voyage. Au-delà d’une destination inconnue, les voyageurs se retrouvent sur un cargo dont le pont arrière est inaccessible. A peine embarqué, on annonce au groupe que cela est dû à un cas de typhus qui vient d’être détecté, qui plus est, chez le capitaine. Rapidement, certains voyageurs trouvent cela louche et des expéditions s’organisent pour essayer de gagner le pont arrière.

L’aspect plaisant du livre réside dans la galerie de personnages qui est présentée. Des amitiés se lient entre les personnes, des tentatives de séduction ; on en apprend de plus en plus sur chacun d’entre eux. De plus, ils sont très révélateurs de la société en générale : ceux, plus conservateurs et attachés à l’ordre, respectent l’interdiction. D’autres, plus rebelles, passent outre. Les tensions montent ainsi entre les groupes.

Le début du livre m’a fait quelque peu penser à Ils étaient dix d’Agatha Christie par le côté mystérieux de ce voyage. Sans en dévoiler le contenu, je peux néanmoins vous dire que les protagonistes ne vont pas disparaître un à un. Au final, ce fut pour moi, une lecture plaisante par les relations entre personnes, par l’intrigue et le questionnement sur l’issu de cette croisière, mais néanmoins pas inoubliable. Je vous conseille en conclusion :

d’acheter le livre chez votre libraire

X de l’emprunter dans votre bibliothèque

de lire autre chose

Les gagnants, de Julio Cortazar, traduit de l’espagnol (Argentine) par Laure Guille-Bataillon. Folio, 1982. 535 pages

15 réflexions sur “Julio Cortázar – Les gagnants

  1. Claude 15 février 2022 / 12:20

    Je lis autre chose, mais je participe à ma façon. J’aurai dû anticiper…mais trop d’imprévus sont arrivés. La lecture , ce sera pour l’année prochaine.
    Merci Patrice pour cette chronique.

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  2. keisha41 15 février 2022 / 13:20

    Ouf, je ne suis pas la seule à ne pas me précipiter sur cette littérature (riche et intéressante, je n’en doute pas)

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    • Patrice 3 mars 2022 / 04:16

      Je dois avouer que j’ai aussi un peu de mal (et surtout beaucoup de livres sur ma PAL !)

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  3. Marilyne 15 février 2022 / 14:32

    Ah, j’ai beaucoup lu la littérature sud-américaine, particulièrement argentine, je faisais dans la semaine thématique. J’y reviens maintenant ( entre deux titres à l’Est :)). Cortazar, c’est toujours une lecture particulière. Je vais suivre avec intérêt votre fil rouge.

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    • Patrice 3 mars 2022 / 04:17

      Merci Marilyne ; en fait notre fil rouge s’est résumé à deux ouvrages, faute de temps disponible. Mais je serai plus assidu pour l’Est 🙂

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  4. Eve-Yeshé 15 février 2022 / 15:53

    belle chronique! auteur à découvrir en ce qui me concerne…
    je prends des notes pour l’an prochain car mauvaise période pour moi, alors motivation pour les challenges limitée… Je me réserve pour le mois de l’Europe de l’Est 🙂

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    • Ingannmic 15 février 2022 / 16:08

      @Eve-Yeshé = mais TU AS participé au Mois latino cette année = tu n’as pas vu mon commentaire sur ton billet à propos du roman de Pilar Quintana 🙂 ?

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    • Patrice 3 mars 2022 / 04:21

      Merci ! Je ne peux pas être le fait que tu te réserves pour le mois de l’Europe de l’Est 🙂

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  5. Ingannmic 15 février 2022 / 16:04

    Je n’ai lu que « Marelle », de cet auteur, qui a été une expérience de lecture très atypique. J’avais aimé !
    Merci pour cette participation..

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    • Patrice 3 mars 2022 / 04:21

      J’ai lu beaucoup de commentaires positifs sur Marelle, qui me tenterait bien. J’étais content de lire enfin ce livre qui était sur mes étagères depuis pas mal de temps 🙂

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  6. cleanthe 16 février 2022 / 08:07

    J’ai lu ce romans il y a bien des années, à un moment où je lisais pratiquement tous les romans sud-américains qui me tombaient sous la main. Je me souviens que j’avais adoré, même si j’ai pratiquement tout oublié de ce roman, à part la situation initiale. De Cortazar, j’aime beaucoup ses nouvelles aussi.

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    • Patrice 3 mars 2022 / 04:22

      Merci pour ton commentaire. Pour moi, cela a été une découverte totale. Je connais très peu la littérature d’Amérique du Sud.

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  7. lilly 19 février 2022 / 13:16

    Sans Ingannmic (et Goran bien sûr), je crois que mon blog serait resté vierge de toute littérature sud-américaine. L’an dernier, j’ai lu cinq ou six livres. Cette année, j’avais trois livres prévus, mais je suis embourbée dans le premier et j’espère au moins réussir à finir celui-ci.

    Cortazar est un auteur que je croise parfois, mais je ne le connais pas du tout. En effet, le résumé ressemble à du Christie, même si c’est au final très différent.

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    • Patrice 3 mars 2022 / 04:23

      J’ai la même observation que toi concernant la littérature sud-américaine. Ce n’est que pour ce mois thématique que je continue l’exploration, mais de façon très modeste, je dois le dire.

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