
Zsolt Harsányi (1887 – 1943) est un écrivain hongrois connu pour ses biographies de personnages historiques ainsi que pour ses romans sociaux. La vie de Liszt est un roman appartient à la première catégorie et fut l’oeuvre majeure de Harsányi. Il y retrace l’itinéraire du grand pianiste et compositeur Franz Liszt, né en 1811 à Doborjan et mort à Bayreuth en 1886. Quel roman en effet que la vie de Liszt, restituée ici avec brio dans presque 750 pages !
Je ne sais plus qui a dit que « le temps récompense peu ce qu’on fait sans lui », mais c’est une citation qui s’applique pleinement à ce livre qui, en raison de son volume, nécessite quelques heures de lecture pour le savourer. Je dois avouer que ce « sacrifice » fut avant tout un réel plaisir.
La première raison pour lire ce livre est le style de l’auteur. De facture classique, traitant la vie de Liszt de façon chronologique, il restitue avec beaucoup d’acuité les différentes périodes de la vie, mais aussi l’état d’esprit de Liszt : l’énergie et la détermination dans les folles années où il était reçu avec les plus grands honneurs, les tourments qui l’agitèrent durant sa vie entière et au cours desquels il cherchait le recours dans la religion, ou encore les dernières années de sa vie, où le temps se ralentit et où il se consacre à ses élèves.
La seconde raison est bien évidemment liée à cette vie passionnante qu’est celle de Liszt. Il mène tout d’abord une carrière d’ « enfant prodige » où il rencontre les grands de ce monde, poussé par l’infatigable énergie de son père. Une vie consacrée à la musique en tant que compositeur d’avant-garde mais surtout de pianiste au succès incroyable :
Il ne fallut pas trois jours pour que sa popularité déjà grande à son arrivée se transformât en une adoration générale. Il était à présent incapable de lire les lettres qui lui parvenaient par centaines. Les journaux publiaient des poèmes écrits à sa gloire. On parlait de fervents admirateurs qui avaient dépensé leur dernier sou pour pouvoir l’entendre. La ville de Pest l’avait fait citoyen d’honneur, le comité avait rédigé une adresse au palatin Jozef pour qu’il intervînt en tant que préfet du comitat auprès du souverain en faveur de l’anoblissement de Liszt.
La troisième raison est la description de cette période si riche que fut le XIXème siècle. On traverse les périodes charnières de l’Histoire, et on y croise un grand nombre de célébrités : Balzac, Hugo, George Sand du côté littérature, Chopin, Paganini, Berlioz, Schuman (entre autres) du côté musical. Venant d’achever un livre sur Richard Wagner, j’ai pu découvrir à quel point Liszt et Wagner étaient proches. A une personne demandant à Liszt pourquoi il vénérait Wagner, Liszt répondit :
Dans le fait qu’il dit des choses que personne n’a dites avant lui, et ce, avec une maîtrise et un talent sans pareils. Comme Stevenson a inventé le chemin de fer, Wagner a inventé le drame musical.
Un Wagner qui sait ce qu’il doit à Liszt en inaugurant le festival de Bayreuth :
Il y a ici quelqu’un qui croyait déjà en moi quand personne encore ne savait rien de moi. Quelqu’un sans lequel vous n’auriez vraisemblablement pas entendu une seule note de mes œuvres. Il s’agit de mon ami le plus cher. Ferenc Liszt !
Enfin, s’il manque une dernière raison pour vous inciter à lire ce livre, il convient de mentionner les femmes de Franz Liszt ; elles furent nombreuses et font l’objet de nombreux portraits très intéressants. Parmi elles, Marie d’Agoult, une aristocrate française qui quitte sa condition et son pays pour suivre Liszt en Suisse et qui lui donnera trois enfants. Des femmes qui étaient folles de lui et parfois le harassaient littéralement.
Que de vie dans ces 750 pages et quel amour de la musique ! Je ne doute pas que ce livre serait une excellente suggestion de lecture pour notre Mois de l’Europe de l’Est.
Par conséquent, je vous conseille :
X d’acheter ce livre chez votre libraire
d’emprunter ce livre dans votre bibliothèque
ou de lire autre chose
La vie de Liszt est un roman, de Zsolt Harsányi, traduit du hongrois par Françoise Gal. Babel, 2021, 747 pages.
Livre lu dans le cadre du Printemps des artistes organisé par La Bouche à oreilles.

Quel plaisir de lire cette chronique ! Ton enthousiasme donne envie de découvrir cette biographie de Liszt. En plus j’écoute souvent des disques de ses œuvres pour piano et je l’ai toujours beaucoup aimé ! Merci de cette participation au « printemps des artistes » et très bon dimanche 🙂
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Merci Marie-Anne ! J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre et je suis heureux que mon enthousiasme transparaisse. J’ai commencé à écouter Liszt après avoir fini cette lecture :-). Encore merci pour le challenge !
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Un génie qui méritait bien un bon biographe . Je sais à qui offrir ce livre et en plus c’est quelqu’un qui me prête ses livres , alors …
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Voilà une excellente nouvelle ! 🙂
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Ta chronique est magnifique et donne envie de découvrir cette biographie. Quand il y a là possibilité de croiser Balzac, Hugo, George Sand… Je cours 😄
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Merci beaucoup pour ton commentaire. C’est vrai que c’est un livre d’une grande richesse et avec un réel élan, ce qui m’a beaucoup plu.
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Tout à fait ce que j’aime (mais hélas pas à la bibli!)
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Les suggestions d’achats sont possibles dans les bibliothèques 😉
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Exactement 🙂
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Il faut suivre la suggestion de Claude 🙂
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Lu il y abien longtemps ! Peut être
Le relire?
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http://netsdevoyages.car.blog/2011/10/19/zsolt-harsanyi-la-vie-de-liszt-est-un-roman-actes-sud/
Voici le lien vers mon ancienne chronique
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Merci pour le lien, je vais lire la chronique de ce pas.
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un livre que j’ai beaucoup apprécié alors que j’avais déjà lu une bio mais je trouve celle ci de belle facture ce qui m’a le plus surpris c’est la religiosité de Liszt dont je n’avais qu’une vague idée
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Oui, très juste, je n’ai pas souligné ce point car je n’en avais plus la place, mais il est vrai que c’est un des points les plus marquants du livre.
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Une chronique qui donne envie de lire et de continuer d’écouter Litzt. Merci Patrice.
Je note.
Belle semaine ! 😉
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Merci pour le commentaire, Claude. Je suis très heureux de voir que mon enthousiasme donne envie de lire le livre 🙂
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Je me note ce titre : j’aime les biographies avec un souffle romanesque, lorsque l’on apprend davantage sur la vie d’un homme/femme célèbre sans que cela soit trop académique ou ennuyeux.
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