Et si on bouquinait un peu ?

Richard W., écrit par le critique musical Vincent Borel, était dans notre bibliothèque depuis quelques années et je remercie vivement La bouche à oreilles, qui m’a donné une motivation pour enfin me consacrer à cette lecture grâce au mois thématique Le printemps des artistes ! Car, derrière Richard W., se cache Richard Wagner, dont l’héritage musical est encore très vivant de nos jours.

Je dois avouer que je connaissais assez peu l’homme Richard Wagner. Je suppose d’ailleurs qu’en intitulant son livre Richard W., c’est l’une des motivations de Vincent Borel de nous éclairer sur cet homme qu’on a tendance à résumer, outre son oeuvre, à son antisémitisme et sa récupération par le Troisième Reich, sans oublier la protection de Louis II de Bavière. Or, c’est justement en 1865, sur la première de Tristan, devant Louis II, que s’ouvre le livre. Wagner a 50 ans, il était au bord du suicide. Il a certes derrière lui de grandes œuvres, mais aussi de nombreuses déconvenues comme l’échec de Tannenhäuser à Paris, ainsi que de nombreux arriérés. Arrivé en Bavière en 1864, il doit pourtant en repartir rapidement, car le Conseil des Ministres avait sommé publiquement le roi Louis II de choisir entre le peuple et l’amitié d’un homme « que tout ce qu’il y a de sain et de bon dans le royaume méprise ». La relation privilégiée entre les deux hommes en Bavière ne dura pas donc pas si longtemps (même si le soutien du souverain continuera, notamment pour aider Wagner à financer Bayreuth).

Une autre découverte intéressante pour moi réside dans le caractère anarchiste et révolutionnaire de Wagner. Il fut marqué par les Révolutions, il recevait le révolutionnaire Bakounine chez lui. « Richard était un homme exalté, généreux, idéaliste et facilement colérique », écrit l’auteur. Des engagements politiques qui ont contribué à lui faire passer près de 20 ans en exil.

Deux des quatre chapitres portent les noms de Minna et de Cosima, les deux épouses de Wagner, et cela montre l’importance des femmes dans la vie du compositeur. La première était une actrice avec laquelle le mariage s’avéra rapidement malheureux, la seconde est l’une des deux filles de Franz Liszt et de Marie d’Agoult. Cosima était mariée à Hans von Bülow, le chef d’orchestre à la baguette lors de la première de Tristan, et qui était un protégé de Liszt. Même si Liszt vénérait Wagner, il a enragé à l’annonce de cette nouvelle. Cette partie m’a permis de faire des connections entre ces grands hommes du XIXème siècle.

J’étais curieux de connaître également les raisons de l’antisémitisme :

« Il y a vingt-cinq ans, à l’époque où sa rancune le lui avait dicté, personne n’avait lu son malheureux essai Le judaïsme dans la musique, tiré à quelques exemplaires. Cosima, élevée dans un catholicisme rigide et intolérant, a ravivé son antisémitisme. Elle, qu’ulcère la moindre attaque contre Richard, l’a incité à republier son essai. Depuis, les Juifs se sont organisés pour siffler ses opéras. Richard reçoit quotidiennement des lettres anonymes et des courriers d’insultes. Il les confond complaisamment avec ses créanciers. 

Si Cosima n’a pas été toujours une bonne conseillère, le commentaire vaut surtout également pour les descendants de Wagner, rapidement évoqués à la fin du livre, qui furent proches du Troisième Reich.

J’ai donc appris pas mal de choses sur Richard Wagner, mais soyons honnêtes, j’ai eu toutes les peines du monde à finir la lecture de ce livre. Le style lyrique, qui voulait sans doute coller à l’oeuvre du compositeur, m’a beaucoup gêné dans la progression de la lecture.

Par conséquent, je vous conseille :

d’acheter ce livre chez votre libraire 

X d’emprunter ce livre dans votre bibliothèque

X ou de lire autre chose

Richard W., de Vincent Borel. Points, 2014, 285 pages.