Auteur suédois majeur du XIXème siècle, August Strindberg (1849 – 1912) se fit connaître par ses pièces de théâtre, ses romans et peintures. Les gens de Hemsö, écrit en 1887, emmène le lecteur dans un village situé sur la côte suédoise, où l’agriculture et la pêche rythment la vie de la famille Flod. Alors que le père de famille est décédé, et les champs délaissés, un valet nommé Carlsson est embauché pour s’occuper des cultures.
« Il arriva comme l’ondée, un soir d’avril, un cruchon de Hosannas pendu au cou par un cordon ». Issu de l’intérieur des terres, du Värmland, Carlsson est très attendu par la patronne, Mme Flod, veuve dont le fils Gusten est plus préoccupé par la pêche et la chasse que la mise en valeur des terres.
Lourd, bien bâti, loquace, déterminé, sûr de lui, notre homme se met à la tâche, mettant en oeuvre toutes les connaissances qu’il a acquises sur l’agronomie et s’impose rapidement dans la ferme, dont il rêve d’être le patron.
Bref, il avait des capacités qui le plaçaient fort au-dessus de son entourage et la multiplicité de ses talents le rendait plus apte à organiser et à diriger qu’à obéir à un individu d’une intelligence inférieure et servir de roue au char qui l’emportait.
Encore mal accueilli par certains voisins, soit parce qu’il n’est qu’un valet, soit parce qu’il n’est pas dans la région, Carlsson, méticuleusement, se rend indispensable et l’on se demande jusqu’où il va aller. Le récit se fait plus près de la vie des gens, de leurs vices et de leurs vertus. Il est très vivant et constitue une chronique de la vie quotidienne, du travail aux champs (les passages sur le temps des fenaisons et le recrutement des faucheurs sont d’ailleurs très intéressants) aux festivités, dans un monde en mouvement où l’industrie s’implante. Les portraits des personnages principaux, la plupart masculins, sont précis et justes, à l’instar des descriptions faites de Carlsson ou encore du pasteur Nordström qui joue un rôle important dans l’histoire.
Même s’il est ancré dans la société et la géographie suédoise du 19ème siècle, Les gens de Hemsö est un roman universel par les thèmes qu’il aborde : la méfiance vis-à-vis des étrangers, la jalousie, l’ambition, les jeux de séduction. Sur un peu moins de 200 pages, écrit de façon alerte avec des dialogues souvent enlevés, non dénués d’humour, c’est un excellent livre que j’ai eu plaisir à découvrir !
En conclusion, je vous suggère :
X d’acheter ce livre chez votre libraire
X de l’emprunter dans votre bibliothèque
de lire autre chose
Les gens de Hemsö, d’August Strindberg, traduit du suédois par Jean-Jacques Robbert. L’Elan – Gingko éditeur, 192 pages, 2023.
Et si on bouquinait un peu ? 
Oups, je l’ai acheté chez mon libraire, non, mais directement à l’éditeur en salon, en 2023 re oups, et toujours pas lu (mais bon, Les choses muettes est paru récemment sur mon blog, faut pas être pressé)
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, c’était vraiment un hasard que nous ayons chroniqué deux livres de cette collection quasiment en même temps. N’hésite pas avec ce titre, c’est une valeur sûre !
J’aimeJ’aime
il pourrait compléter la Saga des Immigrants de Moberg que j’ai tant aimé
J’aimeAimé par 1 personne
D’une certaine façon oui, mais pour être encore plus pertinent, je te conseillerais d’abord de continuer avec Moberg et son excellent titre « Mon instant sur cette terre » paru dans la même édition (Vilhelm Moberg – Mon instant sur cette terre – Et si on bouquinait un peu ?)
J’aimeJ’aime
merci pour ce conseil de lecture
J’aimeJ’aime
J’ai lu plusieurs de ses pièces à la suite il y a quelques années. Et j’avais beaucoup aimé (quoiqu’un peu moins qu’Ibsen, lu à la même période). Par contre, je ne connais pas du tout ses romans. Je ne savais même pas qu’il en avait écrits. Pour moi, Strindberg restait l’un des dramaturges majeurs – avec Ibsen justement – des littératures scandinaves. Il faudra que j’y jette un coup d’œil à l’occasion.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour ton commentaire. Je n’avais encore jamais lu de livre de Strindberg et, apparemment, ce roman ne s’inscrit pas dans la ligne de ses pièces de théâtre rédigées ultérieurement.
J’aimeJ’aime
Des thèmes très actuels, en effet.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, ils sont très universels !
J’aimeAimé par 1 personne
J’allais faire le même commentaire que Luocine (qui est bien plus efficace que moi puisque je suis seulement dans le tome 2 de la Saga). Et puis Strindberg…
J’aimeAimé par 1 personne
Continue de savourer la saga 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Ca y est, j’ai reçu et englouti le tome 2. Et bien sûr j’ai réservé aussitôt la suite 😁.
J’aimeJ’aime
oh chouette ! Je ne connaissais qu’une partie du théâtre de l’auteur, je ne savais pas qu’il avait écrit des romans, je vais m’y intéresser… merci !
J’aimeAimé par 1 personne
Avec plaisir. C’est un petit plaisir, très bien écrit, et qui se lit très bien. Je ne doute pas qu’il pourrait te plaire !
J’aimeJ’aime