Quand on tombe sous le charme d’un paysage littéraire, à l’instar d’une destination de vacances, on n’hésite pas deux fois à y retourner pour pouvoir l’explorer sous différents angles. C’est le cas du Montana vers lequel on revient grâce aux Editions Gallmeister et surtout grâce à une amie qui m’a offert le roman de Larry Watson, « Montana 1948 » . Contrairement aux Arpenteurs (dont je vous ai récemment parlé ICI), pas d’oiseaux tournoyant dans le ciel, pas de chaleur écrasante… Non, ce sont des hommes dont il sera question : de leur imprévisibilité, de leur côté secret et sombre, de leurs relations… Comment un drame familial déchire une famille entière, le tout vu par un garçon de 12 ans – une excellente découverte pour moi !
Imaginez une famille aisée – les Hayden -, bien ancrée dans une ville du Montana et respectée par les habitants. Le grand-père, ex-shérif, ses deux fils : Wesley et Frank, et son petit-fils David. C’est ce dernier, David, qui est le narrateur de cette histoire et avec qui on entrevoit les événements qui ont touché la famille au cours de l’année 1948. Wesley, le père de David, est le nouveau shérif de la ville. Doté de moins de charisme que son frère Frank, médecin et héros revenu de la guerre, on reconnaît néanmoins en lui un homme droit, un homme de justice qui a ses principes. Et ce sont justement ses principes qui seront mis à rude épreuve, car on découvre dès le début du livre que son frère Frank, tant admiré par tout le monde (et surtout par son père intransigeant) aurait commis de graves crimes. Comment Wesley va-t-il gérer la situation en tant que shérif, frère ou même père ? Parce qu’il ne faut pas oublier David qui observe le tout avec les yeux d’un garçon, qui voit ses proches subitement sous une toute autre lumière, qui voit sa famille se déchirer et qui éprouve, lui aussi, le besoin de protéger les siens.
Frank était vif, charmant, à l’aise dans toutes les circonstances de l’existence. A côté de lui, son frère (mon père) semblait bien commun. Oh, imperturbable, bien sûr, calme et digne de confiance, mais un peu terne. Rien ne resplendissait après son passage, pas comme après celui d’Oncle Frank.
Le roman décortique avant tout les relations père – fils (Wesley qui vit dans l’ombre de son frère ; David qui souhaiterait voir en son père en « vrai » shérif avec un colt .45 de l’Ouest…), mais aussi la société américaine des années 40, par exemple le regard porté sur les Indiens.
Moitié endormi, moitié éveillé, je restais étendu sur mon lit en pensant aux Indiens. La vie quotidienne dans le Montana me les faisait nécessairement côtoyer. On croisait les enfants indiens à l’école, leurs mères chez l’épicier et leurs pères à la station-service. Victimes de toutes sortes de préjugés, traités avec condescendance et mépris, les Indiens de notre ville et des alentours faisaient néanmoins preuve de beaucoup de passivité et de mansuétude.
Ce qui peut également surprendre, c’est le rapport aux armes – chose habituelle possédée par tout le monde, y compris les jeunes. Tandis qu’une bande de garçons européens s’amusait probablement en jetant des pierres ou à grand renfort de coups de bâtons, David possède déjà à la fin des années 40 plusieurs armes (Comme tous les gosses de mon âge au Montana, j’avais mon petit arsenal). Et quand son grand-père veut parler de choses sérieuses entre adultes, il propose à David une occupation bien à lui :
Avant que je ne sorte de la salle à manger, mon grand-père m’interpella :
— Attends une seconde, David !
Il sortit de table et alla dans son antre.
Il en revint assez vite avec, à la main, un revolver – un Hi-standard automatique – et une boîte de cartouches.
— Putain de coyotes ! me dit-il, si tu en déniches un, bousille-le !
Le monde assez violent, le poids des attentes que les pères chargent sur les épaules de leurs fils, les préjugés et un dilemme qui se pose : faire parler la justice ou rester loyal à sa famille ? A votre place, je n’hésiterais pas à
X acheter ce livre chez un libraire
X ou à l’emprunter dans la bibliothèque
lire plutôt autre chose
Montana 1948, de Larry Watson – traduit de l’américain par Bertrand Péguillan. Gallmeister, 2010. 162 p.
on a envie de partir dans le Montana avec toi et ce livre
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En effet…
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