
Premier roman de l’écrivaine et journaliste russe Natalia Kim, Mon quartier est le récit autobiographique d’épisodes de vie se passant dans le quartier Avtozavod de Moscou, où l’auteure a passé son enfance. « Presque aucun de mes héros n’est encore de ce monde », nous prévient-elle dans l’introduction, mais au fur et à mesure des pages, ils sont pour le lecteur des plus vivants !
Disons-le d’emblée : j’ai été rapidement séduit par la capacité de l’auteure à nous emmener dans ce quartier, à nous faire découvrir ces fragments de vie qui, tels des pièces de puzzle, se juxtaposent pour nous livrer une image de la vie de ce petit bout de monde. Voici quelques courts exemples de première ligne de ces nouvelles, qui s’étendent de 5 à 10 pages et qui ont pour sujet une famille, un habitant du quartier :
Automne 1980. Une jeune demoiselle s’ennuyait à mourir et, désoeuvrée qu’elle était, épousa son voisin Vladimir.
Il était une fois, au début des années 1990, rue Avtozavodskaïa, un certain, disons, Arseni chouchou. Regardez-le et vous comprendrez qu’on ne saurait nommer une créature pareille sans l’affubler de diminutif affectueux
C’est autour du conglomérat ZIL (constructeur automobile) que tourne la vie du quartier : il fournit les appartements communautaires, il a sa propre maison de la culture avec sa bibliothèque… Mais si ce cadre est typiquement russe, c’est l’Homme dans son universalité que l’on y croise :
C’est le temps de ma mémoire où sont figés, comme dans un morceau de Plexiglas, les habitants des appartements communautaire des la rue Avtozavoskaïa, drôles, charmants, envieux, sincères, bons, répugnants, malheureux, sages, sournois, importuns, anges et démons, prêts à aimer et à trahir en même temps, à donner leur sang et à vous ficher dehors… à pleurer indéfiniment dans le secret de leur coeur sur les vies que, pas plus que moi, ils n’avaient eu l’occasion de vivre.
Quelle galerie de personnages : Guenadi, passé maître dans l’art de transformer l’alcool de la colle ; tonton Pacha qui dormait dans les cages d’escalier ; le clown Joukov, qui amuse les enfants du quartier ; ou encore une concierge méchante.
Si je mets en avant l’universalité du livre, le tableau qu’il livre de la société soviétique / russe n’en est pas moins intéressant : la cohabitation difficile dans les appartements communautaires, les ravages de l’alcool (qui se retrouvent dans plusieurs histoires), puis de la drogue, la violence, la précarité… ou à l’opposé l’entraide, la proximité des résidents comme l’attestent ces tables dressés dans les cages d’escalier pour célébrer un mariage dans les années 80.
Le livre est scindé en deux parties de longueur différente : la première, la plus importante, est constituée des récits évoqués précédemment (avec une préférence à mon niveau pour les ceux se rapprochant de l’enfance). La seconde consiste en des observations consignées, des bribes de discussion, elle est d’ailleurs d’un intérêt moindre.
Malgré ce constat, que je mets sur le fait qu’il s’agit d’un premier roman, je vous conseille de découvrir cette petite parcelle de littérature russe contemporaine !
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Mon quartier, de Natalia Kim, traduit du russe par Raphaëlle Pache. Editions des Syrtes. 2020. 224 p.
Merci pour cette découverte…
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Avec plaisir !
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Encore une belle découverte des Syrtes, il est dans ma wishlist !
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Ils ont de bien belles choses dans leur catalogue 🙂
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J’aime bien ce principe de nouvelles qui se recoupent et je note, même si le seconde partie est moins tentante !
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L’avantage, c’est qu’elle est très courte !
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Voilà qui rappelle un peu l’univers de Ludmila Oulitskaïa, je note.
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Il faudrait que je la lise pour pouvoir comparer ces deux univers.
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Cela m’intéresse beaucoup !
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C’est intéressant, d’autant plus que je connais très mal la littérature russe contemporaine. Ca pourrait être une occasion de la découvrir mieux …
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Oui, je suis d’accord avec toi et c’est aussi une des raisons pour lesquelles je conseille ce titre.
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