
Peut-on être déçu par un livre de Stefan Zweig ? Je ne pense pas et ça se confirme encore une fois avec La confusion des sentiments, un petit livre d’à peine 150 pages…
La pause aussi fait partie de la musique.
A l’occasion de son soixantième anniversaire où il reçoit la biographie qui recense ses trente ans d’activité universitaire, Roland amène le lecteur dans sa jeunesse, dans cette période où sa passion pour la philologie est née grâce à une rencontre on ne peut plus marquante.
Poussé par son père, Roland, 19 ans, accepte à contre-coeur de poursuivre les études. Il aurait préféré devenir marin ou officier mais se heurtant à l’idée fixe de son père, il réussit tout juste à troquer la philologie universitaire pour la philologie anglaise (pensant que cette sous-branche de la philologie s’approcherait un peu plus de la marine !).
Il part alors pour Berlin, mais trouvant les études d’un intérêt à dormir debout, il s’enfonce dans la vie nocturne de la capitale. Retrouvant toute la libérté, il s’adonne à sa nouvelle vie avec cette passion qui le caractérise, découvrant la ville, les cafés et les corps féminins, et évitant scrupuleusement tout ce qui aurait un quelconque trait intellectuel.
A peine arrivé depuis huit jours, j’avais pris mes aises et me comportais déjà en grand citadin et en grand Allemand, j’appris à une vitesse stupéfiante, en véritable miles glorosius, à jouer les mufles et les fainéants dans les recoins des cafés.
Jusqu’au jour où son père profite de son passage à Berlin dans le cadre d’une conférence de recteurs pour rendre une visite surprise à son fils… (je freine ici mon envie de vous recopier tout le passage où Roland ouvre la porte !). Quelque temps après, Roland est accepté dans l’université d’une ville provinciale et fait le tour des professeurs. Il ne lui reste qu’à se présenter à son professeur de philologie anglaise. Ce dernier est en train de donner un cours à ses étudiants…
Et son discours devenait de plus en plus brûlant, ses mots partaient à l’assaut tandis que l’homme animé se levait au rythme depuis le bois dur de la table comme depuis la croupe d’un cheval au galop (…)
Roland est hypnotisé par son professeur, par ses connnaissances, par son style et sa passion. En le découvrant progressivement, il est néanmoins de plus en plus troublé par ses changements de comportements, par ce ménage particulier entre son professeur et sa femme…
L’envie d’en savoir plus sur cet homme à deux faces me brûlait intérieurement, comme une soif.
Presque centenaire, la nouvelle de Zweig n’a pas besoin de canne pour faire le chemin vers ses lecteurs. Au contraire, pleine de vie, elle frappe par sa modernité, celle du sujet ou du langage. Encore une fois, Zweig confirme sa place indétronable en tant que maître de la nouvelle (mais pas que de la nouvelle, ce que vous démontrera Patrice dans quelques jours). Très juste, profond, universel, un choix parfait des mots, des scènes tellement vivantes qu’elles restent gravées dans la mémoire.
Un lecteur ou une lectrice qui avait emprunté le livre avant moi, a d’ailleurs collé une petite fleur à l’endroit où Roland, lors d’une baignade, fait connaissance (sans le savoir) de l’épouse du professeur… Une scène délicieuse parmi d’autres.
On est bien d’accord, on pourrait enchaîner les superlatifs à souhait… N’hésitez pas à le (re)lire !
X achetez-le chez votre libraire (puis n’hésitez pas à le lire à l’occasion des Feuilles allemandes)
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La confusion des sentiments, de Stefan Zweig. Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni. Payot, 2013, 164 pages

Je n’aurais pas mieux dit: on ne peut pas ne pas aimer un livre de Stefan Zweig si on en a aimé un premier. C’est merveilleux, cette petite fleur!
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C’est mon livre préféré de Stefan Zweig ! Je l’ai lu lorsque j’étais étudiante et j’en garde un beau souvenir.
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Ah je l’ai lu, éblouie bien sûr. Tiens oui, les feuilles allemandes, avec Zweig je suis quasi sûre d’adhérer.
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le genre de livre que l’on peut relire avec le même bonheur qu’à la première lecture
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Lu et relu. Un grand titre et celui par lequel j’ai découvert Zweig, il y a très longtemps… un premier amour 🙂
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Je le sors immédiatement de la bibliothèque, pour le relire avec des yeux, disons, plus expérimentés ;-).
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Je vais mettre ce livre au programme relecture. Quelle bonne idée.
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J’aime le concept de la petite fleur ! Je trouve ça très poétique !
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Je viens de lire La peur (une nouvelle que je dois aller voir adaptée au théâtre pendant le festival d’Avignon). Stefan Zweig a vraiment l’art de fouiller les sentiments, de faire monter l’angoisse jusqu’à un paroxysme insupportable ! C’est vraiment excellent. Je suis curieuse de voir si l’adaptation va être au même niveau !
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moi non plus je ne suis jamais déçue par Zweig, j’ai La Peur dans la liseuse et j’en lirai à nouveau pour les Feuilles Allemandes
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