J’ai entendu parler pour la première fois de Gabor Maté dans le podcast du Dr Rangan Chatterjee « Feel better, live more« , qui invite à son micro des spécialistes de la santé, du bien-être, du développement personnel. Médecin canadien d’origine hongroise, il fut l’auteur il y a quelques années d’un ouvrage qui a eu un grand succès, Quand le corps dit non, dans lequel il expose avec force exemples le lien entre les traumatismes et l’apparition de maladies.
Gabor Maté est un spécialiste des addictions, des traumatismes de l’enfance et de leur influence sur l’apparition de maladies. Plus largement, il s’inscrit dans la mouvance de la médecine holistique (insistant sur le lien entre le corps et l’esprit et la nécessité de considérer l’individu dans son ensemble). Selon lui, certaines maladies sont une expression du corps pour se rebeller contre l’esprit. Il met notamment en évidence le rôle des émotions, du refoulement plus que du stress lui-même. Cela conduit à des inhibitions du système immunitaire menant à des retards dans la régénération des tissus.
A partir d’études, il cite quelques exemples frappants de maladie comme la sclérose en plaques, pour laquelle le risque de constater une exacerbation des symptômes est 4 fois plus élevé chez les patients avec un stress extrême, et plus généralement des autres maladies auto-immunes (elles comportent toutes un déséquilibre de système de régulation du stress, en particulier la libération en cascade d’hormones par l’hypothalamus, notamment la surproduction de cortisol).
Une fois encore, nous constatons qu’en refoulant leurs émotions, les gens s’exposent à un stress physiologique plus grand et plus durable. Inconscients de leur état intérieur, ils sont moins capables de se protéger des conséquences du stress. De plus, l’expression saine des émotions constitue en soi une façon de désamorcer le stress. Les changements hormonaux et immunitaires chroniques induits par le stress préparent le terrain physiologique à des maladies comme la maladie d’Alzheimer.
Gabor Maté donne de nombreux exemples, incluant des personnages connus, comme Ronald Reagan, Stephen Hawkins. Certains chapitres m’ont particulièrement surpris comme celui sur le cancer et la cigarette. Certes, la consommation de tabac est un facteur de risque pour le cancer du poumon, de la vessie, de la gorge, mais cela ne signifie pas lien de cause à effet. Il cite notamment une étude qui illustre que le risque de cancer du poumon est cinq fois plus élevé chez les hommes qui refoulent leurs émotions.
Quand le corps dit non est un livre qui m’a beaucoup interpelé. Je suis conscient que certaines des thèses développées ne font pas l’unanimité dans la profession, mais il permet de prendre conscience de l’impact des traumatismes et du stress. Il est très riche, et malgré quelques passages au contenu « plus scientifique », il reste relativement accessible, et provoque évidemment une introspection de la part du lecteur. Enfin, vers la fin du livre, il évoque des « secrets de guérison » via la compétence émotionnelle ; certaines d’entre elles, comme la saine colère, surprennent :
L’anxiété associée à la colère et aux autres émotions « négatives », comme la tristesse et le rejet, peut s’ancrer profondément dans l’organisme. Elle provoque alors des changements biologiques par l’intermédiaire des interconnexions aussi nombreuses que subtiles du système PNI, le réseau qui unifie l’esprit et le corps. C’est ce qui conduit à la maladie organique. Lorsque la colère est désamorcée, le système immunitaire l’est aussi. Lorsque l’énergie agressive de la colère est retournée vers l’intérieur, le système immunitaire devient confus. Nos défenses physiologiques ne nous protègent plus et peuvent même se retourner contre notre corps et l’attaquer.
Une lecture marquante et, plus largement, une invitation à s’intéresser à ce genre d’approche.
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Lisez autre chose
Quand le corps dit non – Le stress qui démolit, de Gabor Maté, traduit de l’anglais par Louise Chrétien et Marie-Josée Chrétien. Les Editions de l’Homme, 2017, 352 pages.
Certains chiffres peuvent sembler surprenants, mais le rôle du stress négatif commence seulement à être mieux connu grâce aux progrès des neurosciences. On va sûrement devoir revoir certains jugements.
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Je suis tout à fait d’accord avec toi, Sacha, merci pour ce commentaire. C’est la raison pour laquelle je trouvais ce livre très éclairant et passionnant, car il ouvre une perspective différente.
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Merci Patrice pour cet avis ! J’avais découvert le nom de ce médecin dans votre deuxième gazette, j’étais allée voir ensuite des vidéos de ses conférences très intéressantes. Donc cet avis me donne encore plus envie de découvrir ce livre, je suis friande de ce genre de lectures sur la santé et malheureusement, comme beaucoup de monde, je connais l’impact du stress sur notre corps et les conséquences désastreuses engendrées…
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Merci beaucoup pour ton message, Rebecca, je suis vraiment ravi que la gazette t’ait donné l’envie de creuser ce que dit Gabor Maté. Eva a eu l’idée de la gazette et de cette rubrique thématique où l’on conseille des livres, et je dois dire que c’est un vrai plaisir de partager des idées de lecture.
Je te conseille bien sûr la lecture de ce livre (il en a écrit d’autres mais apparemment, peu sont traduits en français)
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Un sujet qui me rappelle fortement « Mars » de Fritz Zorn, où l’auteur détaille les causes, selon lui entièrement psychosomatiques, de son cancer…
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Merci pour ton commentaire, Ingrid, cela me rappelle d’ailleurs que j’avais prévu de lire ce livre – je le mettrais volontiers au programme du mois de novembre.
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Il y a longtemps, j’ai lu un livre du même genre. J’avais à l’époque des rhumes récurrents, commençant toujours par un mal de gorge. Quand j’ai compris que, à chaque fois, j’étais fâchée par rapport à quelque chose, les rhumes se sont arrêtés.
Je reste cependant lucide: tout ne s’explique pas comme ça, et parfois je suis juste malade, sans explication autre qu’un virus qui passait par là. Mais j’y réfléchis quand même à chaque fois.
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Merci pour ce témoignage, c’est vraiment suprenant et cela montre bien que le corps forme un tout même si, comme tu le signales à juste titre, il y a aussi des maladies provoquées « tout simplement » par une contamination.
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Une approche en laquelle je crois, même si elle n’explique pas tout.
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Oui, je te rejoins complétement. En tout cas, cela permet de prendre conscience de toutes les interactions possibles et des conséquences sur la santé.
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J’y crois depuis longtemps aussi, et ça s’est prouvé autour de moi…
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Merci pour cet avis, je n’en ai pris conscience que récemment mais cela va indéniablement changer mon interprétation sur les maladies
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