Marcel Pagnol – Jean de Florette

Il y cinquante ans s’éteignait Marcel Pagnol, laissant derrière lui une oeuvre majeure incarnée au cinéma par des acteurs tels que Fernandel, Raimu, Orane Demazis ou encore Pierre Fresnay, pour ne citer qu’eux. Ses livres restent également une part intégrante de notre patrimoine. Jean de Florette est le premier tome de L’Eau des Collines, que complète Manon des Sources. Ce dernier fut d’abord un film, avant que l’écrivain n’écrive les deux tomes qui furent immortalisés au cinéma dans les années 80 par Claude Berry.

Le Papet, Ugolin, Jean de Florette… Derrière ces noms, je ne pouvais m’empêcher d’avoir en tête les personnages joués par les acteurs du film, en l’occurrence Yves Montand, Daniel Auteuil et Gérard Depardieu. Cela est d’autant plus vrai que je me suis rendu compte que le film est très fidèle au roman, et disons-le d’emblée, les deux sont absolument magnifiques.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’histoire, celle-ci se passe en Provence dans les années 20. Ugolin (« Galinette ») rentre du service militaire où il a trouvé une idée pour gagner de l’argent : cultiver des oeillets. Le Papet veut lui trouver du terrain avec une source et tourne son dévolu sur celle d’un dénommé Pique-Bouffigue. Mais ce dernier refuse, l’affaire tourne mal et il décède. En hérite Jean Cadoret, dit « Jean de Florette », employé de perception, bossu, qui décide de s’y installer avec sa femme et sa fille Manon. Idéaliste, enthousiaste, il a de grands projets, au grand dam du Papet et d’Ugolin qui n’attendent qu’une chose : qu’il échoue pour racheter la ferme… Les deux hommes vont manigancer un plan pour y arriver. Dans une région sèche, où l’eau est l’élément essentiel, un réel drame se noue.

Ugolin s’assit au creux du sillon ; le Papet, sur son escabeau, rompit le pain, et coupa les tranches de saucisson, pendant que son neveu débouchait la bouteille et remplissait le verre.

« Alors, quel genre c’est, cet homme-là ? »

Ugolin hésita une seconde, et répondit :

« C’est le genre d’un bossu de la ville, comme s’il s’agissait d’une espèce bien connue.

_ Beaucoup de la ville ?

_ En plein ! Ils sont bien gentils tous les deux, mais ils disent des choses que c’est pas croyable. Lui, il trouve que les chardons, il n’y a rien de plus beau, et il va leur tirer le portrait; et sa femme, ça lui fait de l’émotion de regarder les gratte-culs. Et ils disent que cette ferme, c’est le Paradis !

Quel plaisir de redécouvrir Jean de Florette via le roman ! C’est une histoire extrêmement forte, qui oppose un citadin débordant d’idées à deux paysans durs et âpres au gain, vissés à la terre, suivant leur propre logique. Même si l’on sent qu’un drame se déroule sous nos yeux, on ne peut s’empêcher de sourire en lisant certains dialogues. On est également charmé par les lieux, par ces patronymes et ces accents chantants, par cette France d’antan dans laquelle Marcel Pagnol nous immerge.

En conclusion, je ne saurais vous conseiller que :

X d’acheter le livre dans votre librairie

de l’emprunter dans votre bibliothèque

de lire autre chose

Jean de Florette, de Marcel Pagnol. Grasset, 2004. 288 pages.

Lecture commune autour de l’oeuvre de Marcel Pagnol dans le cadre du cinquantenaire de sa mort, à laquelle se sont jointes : Nathalie, Miriam

17 réflexions sur “Marcel Pagnol – Jean de Florette

    • Patrice 18 avril 2024 / 08:03

      Merci beaucoup pour ta participation, Nathalie, je vais aller lire tout de suite ton billet sur « Les Pestiférés », un livre que je ne connaissais absolument pas !

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      • nathalie 18 avril 2024 / 16:21

        Me revoici… Jamais lu Jean de Florette. Même si les films sont réussis, je crois que pour beaucoup d’entre nous ils donnent une image vieillie (ou désuète comme dit Ingannmic), avec ces faux accents provençaux. Ce qui est réussi dans Pagnol ce sont les dialogues et les portraits des personnages. Faudrait que je m’y remette à le lire un peu plus. Merci donc pour cette LC !

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  1. je lis je blogue 18 avril 2024 / 10:00

    J’ai vu les films de Claude Berri mais je n’ai pas lu les romans. En revanche, la lecture de « La gloire de mon père » (en primaire !) m’a marquée durablement. Je me souviens encore de la maîtresse qui riait à la lecture à voix haute de certains passages du livre. J’ai réalisé à ce moment là qu’un livre pouvait aussi être distrayant et pas considéré uniquement comme un devoir imposé !

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    • Patrice 21 avril 2024 / 21:17

      C’est amusant, j’ai aussi d’excellents souvenirs de la lecture de La gloire de mon père par ma maîtresse en primaire. Pour moi aussi, ce fut un livre qui me donna envie de lire par la suite.

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  2. luocine 18 avril 2024 / 13:48

    j’aime bien cet auteur que ma mère, déjà, aimait beaucoup et ma grand mère aussi !!!!

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    • Patrice 21 avril 2024 / 21:18

      Il n’y a sans doute pas tant d’auteurs qui peuvent se targuer d’être apprécié par plusieurs générations !

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  3. Ingannmic 18 avril 2024 / 14:31

    Vous allez finir par me décider à lire cet auteur, qui m’a toujours rebutée, sans que je sache pourquoi, ne l’ayant jamais lu… je crois que c’est lié à un vague a priori qui m’en donne une image désuète.. 

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    • Patrice 21 avril 2024 / 21:20

      J’espère bien que tu ne resteras pas sur cet a priori. Il sait nous régaler par ses histoires et ses dialogues truculents. Je vais surveiller la publication d’un billet sur Pagnol sur ton blog 🙂

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  4. Sacha 18 avril 2024 / 15:43

    Ado, j’ai lu la trilogie de La gloire de mon père etc. mais je n’ai pas eu envie de poursuivre alors que j’ai adoré les films de Claude Berry pour leur truculence visiblement toute pagnolesque. Bref, moi aussi, il faudrait que je m’y remette. Merci pour cette LC qui remet en lumière un auteur un peu oublié.

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    • Patrice 21 avril 2024 / 21:22

      Merci beaucoup Sacha ! Je vais continuer à lire et chroniquer Pagnol (en premier lieu Manon des Sources, avant d’aller la trilogie marseillaise). Je ne sais pas s’il reste conseillé à l’école, mais je l’espère vivement.

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  5. Miriam Panigel 18 avril 2024 / 17:41

    Oups! j’ai loupé la date. On peut encore se rattraper, sinon je balance la partie de cartes en Street Art dans le quartier du Panier

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    • Patrice 21 avril 2024 / 21:23

      Un grand merci pour ta participation. Décidément, ces pestiférés ont du succès cette année !

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  6. L'ourse bibliophile 6 Mai 2024 / 16:57

    Je les ai lus il n’y a pas très longtemps et j’ai adoré. Le premier tome est meilleur que le second à mon avis, mais ils restent tous deux fantastiques. Personnellement, La gloire de mon père ne m’a pas tellement séduite, mais ce diptyque a été une superbe lecture. Les enjeux, l’immersion dans ce pays aride, les personnages, l’ambiance du village… C’est assez magistralement raconté, je trouve.

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