Et si on bouquinait un peu ?

Milica Vučković est une écrivaine et artiste plasticienne née en 1989 à Belgrade. Récompensé dans son pays d’origine, L’issue fatale des blessures d’athlétisme est son premier roman traduit en français et a pour personnage central Eva, une jeune femme engagée dans une relation toxique.

Eva vient de Železnik, où son père était professeur d’EPS tandis que sa mère, qui ne put finir ses études à cause de sa grossesse, tient un magasin de fruits et légumes. Eva est la narratrice du récit et évoque son enfance, sa rencontre avec Tomislav, un homme gentil mais ne prenant jamais l’initiative, son travail, l’arrivée de son fils Mario, sa séparation et son quotidien banal ; le tout dans un style simple, mais touchant, et souvent lourd de sens.

Cette première année, j’ai vraiment été une mère. (…) Si Mario n’avait pas grandi et appris de nouveaux mots, je n’aurais même pas remarqué que le temps passait. Les jours se ressemblaient, pas particulièrement intéressants. Après tout, c’est peut-être ça, la vie, me disais-je, même s’il m’était difficile de m’y résoudre.

Eva est une jeune femme indépendante, courageuse. Partie vivre à nouveau chez ses parents, elle rêve d’avoir une vraie famille et de « cuisiner pour un homme ». C’est alors que Viktor arrive dans sa vie. Elle est séduite dès la première rencontre. Néanmoins, rapidement, il oscille entre des comportements charmants, brillants et blessants, inappropriés. Il trouve toujours une raison pour justifier a posteriori son comportement déplacé ; une raison qu’Eva comprend (bien sûr) et qui contribue à la lier de plus en plus à Viktor.

Nous deux, on va surmonter ça aussi, me suis-je dit. On surmontera tout. On va y arriver, on va s’en sortir. Le plus important, c’est d’être ensemble, me répétais-je. C’est la seule chose qui compte.

L’issue fatale des blessures d’athlétisme est un livre très touchant. On perçoit le piège dans lequel Eva tombe, la culpabilité. Les violences conjugales s’expriment de manière physique (parfois) mais aussi et surtout à travers les réflexions conduisant à la destruction de l’estime de l’autre, qui s’estime in fine coupable du comportement de celui qui agresse.

Il était très attirant, quand il était heureux, c’était un autre homme. Ce n’est pas sa faute, me suis-je dit. Vraiment, il fallait peut-être juste que j’apprenne à dire « excuse-moi ».

Au final, c’est un livre qui montre à quel point la littérature peut être proche de la vie et des maux de notre société, et que je vous conseille de découvrir en :

X l’achetant chez votre libraire

X ou l’empruntant dans votre bibliothèque

lisant autre chose

L’issue fatale des blessures d’athlétisme, de Milica Vučković, traduit du serbe par Chloé Billon. Editions Bleu & Jaune, 2024, 232 pages.