
Iris Wolff, autrice allemande d’origine roumaine (Transylvanie), a émigré en Allemagne à l’âge de 8 ans. Naturellement, son quatrième roman, Le flou du monde tourne autour des sujets suivants : émigration, frontières, Est et Ouest, famille.
Si j’ai mentionné les frontières dans l’introduction, le mot ne s’applique pas uniquement aux frontières entre les pays et les régimes que les protagonistes tentaient de franchir, mais aussi à des frontières entre les générations. Le roman en parcours trois, voire quatre, toutes ancrées au XXème siècle, en allant de Karline issue d’une famille aisée, jusqu’à Liv, qui pourrait peut-être avoir l’âge de l’autrice. Tous les personnages gravitent autour d’Arad, une ville au Banat, région pas très loin de la Hongrie, connue pour ses nombreuses minorités ethniques (il y a d’ailleurs également une grande représentation tchèque). Le roman nous emmène dans la minorité allemande, plus précisément dans la famille de Hannes et Florentine. Hannes, pasteur, qui regrette les Carpates qu’il avait dû quitter autrefois pour reprendre la paroisse à Arad, et sa femme Florentine, citadine, forte d’esprit, auront ensemble un seul fils, Samuel, malgré le désir d’une famille nombreuse.
Divisé en sept parties, le livre donne la parole à plusieurs personnes issues de la même ville, dont les destins s’entrecroisent et composent ainsi une image intéressante de cette période de l’histoire roumaine où le pays a souffert sous le régime communiste. J’ai croisé quelques avis des lecteurs selon lesquels, dans ce livre, ces souffrances n’auraient pas été présentées de façon assez explicite. Pourtant, certaines ressortent bien entre les lignes : le système de santé et les soins atroces accordés aux femmes à la maternité, les conséquences de l’interdiction de l’avortement, les dénonciations, les interrogatoires de la Securitate, les tentatives de traverser la frontière, l’exil…
Avec un langage poétique et une écriture sensible, avançant par épisodes, l’autrice a su créer une ambiance particulière, alliant la beauté des petites choses au quotidien et la cruauté des régimes totalitaires.
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Le flou du monde, d’Iris Wolff. Traduit de l’allemand par Claire de Oliveira. Grasset, 2022, 240 pages.

Ce livre a été lu dans le cadre des Feuilles allemandes.
Ah, Les feuilles commencent, je suis ravie (mais ça va être l’enfer pour mes listes de souhaits…) ! Iris Wolff est visiblement une autrice à découvrir (et donc, évidemment, je note déjà ce titre).
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Je suis pratiquement sûre que tu as croisé son livre lors de ton voyage à Berlin. Son dernier roman (Lichtungen) était en effet dans la dernière sélection pour le Deutscher Buchpreis 🙂 Une autrice à suivre selon moi.
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Oui, je l’ai vu en tête de gondole. Mais j’ignorais qu’Iris Wolff était d’origine roumaine. Je vois aussi dans les commentaires la référence à Herta Müller que je n’ai pas réussi à lire moi non plus… Je suis ravie de voir qu’Iris Wolff a un style plus accessible 😊.
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Premier article et je prends déjà note du titre! La Roumanie est un pays qui me tient à cœur, je lirai!
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J’espère que le livre te plaira. L’histoire se déroule essentiellement en Roumanie, mais aussi en Allemagne de l’Ouest où certains protagonistes vont émigrer. J’ai beaucoup aimé ce livre et je continuerai à lire cette autrice.
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En lisant ton billet, j’ai repensé à un roman très particulier d’Herta Müller: » Animal du cœur » où il est question de la minorité souabe du Banat.
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Tu as raison de mentionner Herta Müller qui est justement originaire du Banat. Je me heurte un peu à son écriture malheureusement, mais prochainement je voudrais tenter La bascule du souffle qu’on m’avait recommandé – à voir !
En tout cas, Iris Wolff a su me capter dès les premières pages et je me réjouis de continuer à découvrir ses autres romans.
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oui, c’est une écriture très particulière. J’ai préféré La bascule du souffle à Animal du coeur
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Je ne connais pas du tout Iris Wolff, le sujet est tentant – c’est noté, merci.
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Si tu as l’occasion de l’emprunter, n’hésite pas.m 🙂
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Encore une autrice que je découvre Eva grâce à votre site… Merci!
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Avec plaisir. C’est un livre que je te recommande 🙂
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Je suis toujours intéressée par cette région du monde et ses soubresauts historiques. Je note cette autrice.
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Je suis d’accord avec toi, cette région est particulièrement intéressante. Ceci dit, l’histoire s’étend jusqu’à l’Allemagne de l’Ouest. J’espère que tu auras l’occasion de l’emprunter.
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Il est des lecteurs qui se plaignent que des souffrances ne soient pas présentées de manière explicite ? Bizarre… Cela m’inciterait plutôt à lire ce roman !
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Oui 🙂 Certains lecteurs s’attendent à ce qu’un livre, dont l’histoire se déroule sous un régime totalitaire, ne contienne que des horreurs dès le début jusqu’à la fin. Mais l’autrice capte aussi les belles petites choses du quotidien et en fait une mosaïque très intéressante. (Même si le livre commence justement par la visite de la maternité et ce n’est pas la partie la plus gaie…)
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Ce roman polyphonique doit être intéressant. Je n’ai jamais rien lu de l’autrice.
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Iris Wolff était dans la dernière selection pour le Prix du livre allemand, avec son dernier roman – je pense qu’on entendra encore parler d’elle 🙂
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je me méfie un peu des écritures dites « poétiques » mais le sujet est évidemment intéressant
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Je peux déjà te rassurer que j’ai assez hésité avec le mot « poétique ». Un lecteur allemand a décrit son récit comme « silencieux » , ce que j’ai trouvé assez pertinent. J’espère que tu auras l’occasion de te faire ton propre avis. A part la Roumanie, l’histoire nous emmène en Allemagne de l’Ouest et l’ensemble est très intéressant.
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