1977, Copenhague : un étudiant travaillant à la gare rencontre une jeune danoise qui revient d’Allemagne. Il ne sait pas grand-chose d’elle mais accepte de l’héberger. Soudain, elle disparaît. 15 ans plus tard, par un complet hasard, il l’aperçoit dans une rue, la suit… Que s’est-il passé au moment de cette première rencontre, pourquoi est-elle partie ? L’histoire de cette jeune femme représente la trame du roman Les mains rouges de Jens Christian Grondahl, paru chez Gallimard. Bien plus que l’histoire d’une vie…
Ma première « rencontre » avec Jens Christian Grondahl date d’un article de Lire et d’un spéciale Scandinavie de l’émission La Grande Librairie. Grondahl étant considéré comme un des auteurs contemporains majeurs du nord de l’Europe, je me plongeais tout d’abord dans Piazza Bucarest, duquel je garde une impression mitigée, puis récemment dans Les mains rouges.
Ce récit assez court (200 pages) nous fait remonter à la fin des années 70 : la brève rencontre entre le narrateur et une jeune danoise qui disparaît… tout en laissant un sac plein de billets à la consigne. Quand il recroise 15 ans plus tard celle qui s’appelle Sonja à Copenhague, il saisit l’opportunité et l’accoste. Celle-ci accepte finalement de se confier. Partie en Allemagne comme jeune fille au pair, elle se lie avec Thorwald, un étudiant faisant partie d’un groupuscule d’extrême gauche. Bien que peu politisée, elle participe à quelques actions du groupe, sans réaliser la portée de son geste. Ce n’est que quelques années plus tard, lorsque Thorwald et Angela (la responsable du groupuscule) sont jugés devant un tribunal allemand, qu’elle comprend sa propre responsabilité. Comment ? Je vous laisse le découvrir en lisant ce livre…
Dès les premières pages, j’ai été séduit par l’écriture ; je m’imaginais physiquement dans la gare de Copenhague et je trouvais attachant le narrateur, séduit par cette jeune fille mystérieuse ! Comme dans Piazza Bucarest, l’histoire des protagonistes se lie à la grande Histoire : en l’occurrence ici, les mouvements d’extrême gauche qui agitèrent l’Allemagne dès la fin des années 60. On y apprend que l’évènement qui a radicalisé les étudiants fut le meurtre de l’un des leurs en 1967, Benno Ohnesorg, lors d’une manifestation à Berlin Ouest contre le chah d’Iran. C’est l’un des éléments déclencheurs du terrorisme à cette époque en RFA (incarné par la « Rote Armee Fraktion », plus connue en France sous le nom de « Bande à Baader »). Cette partie du livre est très enrichissante. Enfin, la question de la responsabilité, celle de la culpabilité sont soulevées avec talent à travers le destin de Sonja.
En conclusion, un bon roman qui nous invite à lire d’autres ouvrages de Grondahl, d’où cette recommandation :
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