En furetant sur le site Modern Library, mon épouse a trouvé une liste des 100 meilleurs romans établie par les libraires et les lecteurs. Une foule de suggestions de lecture, comme vous pouvez l’imaginer ! Parmi elles, La splendeur des Amberson de Booth Tarkington (qu’elle s’est empressée d’aller emprunter à notre médiathèque) m’a tout de suite intrigué et je le lui subtilisai pour le mettre en haut de ma pile à lire. Lauréat du Prix Pulitzer en 1919, il nous plonge dans une Amérique en pleine effervescence, à la fin du 19ème siècle. Nous y suivons les Amberson, la famille la plus en vue de cette petite ville du Middle West…
Le major Amberson édifia « sa » fortune en 1873, tandis que d’autres perdaient la leur ; ce fut le début de la magnificence des Amberson.
Ainsi débute le roman de Booth Tarkington. La famille Amberson suscite l’admiration et l’envie de tous ; le nom Amberson a d’ailleurs déjà été donné au boulevard du nouveau quartier où le major fit construire sa propriété. Sa fille, Isabel, est si jolie qu’on apprend au début du livre que « Mrs Henri Franklin Foster, autorité reconnue en matière intellectuelle et littéraire » n’arrive pas à regarder le spectacle qu’elle doit critiquer car, comme elle le dit ,« je n’ai pas pu détourner le regard de ses splendides cheveux bruns ondulés, ni de son cou si gracieux ». A cette occasion, Tarkington nous offre quelques belles lignes sur le côté superficiel de cette société. Convoitée par de nombreux jeunes gens, Isabel finit par épouser Wilbur Minafer ; de cette union naît George, qui est le principal personnage du roman.
On suit donc cette famille pendant quelques dizaines d’années, tout comme deux personnages qui joueront un rôle important : un « ancien » amoureux d’Isabel, Eugène, qui après vingt ans d’absence revient dans sa ville natale, ainsi que sa propre fille Lucy, qui entame une relation avec George.
Mais revenons à George. Sûr de sa valeur, orgueilleux, colérique, il est l’archétype du jeune homme qui ne saisit pas que le monde autour de lui est en train de changer. En avançant dans le roman, il s’exprime d’ailleurs ainsi à Lucy :
Ne pensez-vous pas, fit-il, qu’il vaut mieux être quelqu’un plutôt que de faire quelque chose ? (…). Et lorsque Lucy, timidement, essaya plus tard d’obtenir la définition de ce « quelqu’un » apparemment si beau et supérieur, George haussa légèrement le sourcil, signifiant par là qu’elle eût pu comprendre sans explications ; cependant il s’exécuta : « Oh, question de famille, et le reste… Je suppose qu’il s’agit d’être un gentleman.
Si l’action tourne principalement autour de ces protagonistes, on perçoit les craquements du monde ancien : la ville s’étend, faisant perdre au Boulevard Amberson son rôle de centre de gravité, de nouvelles maisons plus grandes encore se construisent. De nouvelles fortunes émergent ; c’est notamment le cas d’Eugène et son usine d’automobiles (auxquelles George, d’ailleurs, ne croit absolument pas). Un nouvel ordre que Tarkington égratigne :
Les émigrants eux-mêmes ne formaient pas le gros noyau de la population ; non ; mais bien les descendants prospères des émigrants. Des gens plus avides d’argent et de travail bien rétribué que de liberté et de démocratie. Un nouvel habitant de la ville du Midland – en fait un nouvel Américain – naissait lentement.
Je vous laisse faire votre propre avis ; j’ai lu ce livre avec un réel intérêt, accompagné par la prose de l’auteur, sans néanmoins être complètement porté. Je me souviens de la lecture des Buddenbrook de Thomas Mann, où il était également question d’un monde en mutation et de la chute d’une famille, qui m’avait plu davantage (vous pouvez en lire plus ici). Pour être complet, ajoutons que ce livre a fait l’objet d’une célèbre adaptation cinématographique par Orson Welles dans les années 40.
En conclusion,
achetez-le chez votre libraire ou bouquiniste
X empruntez-le dans votre bibliothèque
lisaez plutôt autre chose
Réf : La Splendeur des Amberson de Booth Tarkington, traduit de l’américain par Jacqueline Duplain. Phébus. 2001, 296 p.
Je connais le film d’Orson Welles en effet, mais je serais curieux de découvrir le livre. Dans le même registre, La Dynastie des Forsyte, dont je remets la lecture depuis trop longtemps.
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Oh, merci beaucoup pour ce rappel. Je vais me mettre La saga des Forsyte sur la liste des livres à lire !
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Lu il y a quelques années, et vu le film dans la foulée. L’auteur est tout à fait méconnu et ne figurerait pas dans une liste des meilleurs romans américains établie par des Français, voire même des Européens… Le film évidemment, quoique moins fort que le livre à mes yeux, bénéficie de l’aura et de la notoriété de Welles.
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Bonjour Sandrine, c’est tout à fait ce que je me disais quand j’ai vu le livre. Quel plaisir de toujours découvrir de « nouveaux » auteurs !
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