La Hongrie est décidèment au coeur de la rentrée littéraire de janvier. Après le livre d’Olga Lossky, Le revers de la médaille, chroniqué récemment sur ce blog, je vous invite aujourd’hui à lire un livre très différent ayant également pour cadre le pays des Magyars : Le dernier amour d’Attila Kiss de Julia Kerninon, paru aux Editions La Brune au Rouergue. Il y est question d’une histoire d’amour sur fond de grande Histoire. Récit court mais dense, à découvrir tout de suite…
Attila Kiss est âgé de 51 ans. Après un premier mariage avorté, mais trois enfants illégitimes, il rencontre Théodora Babbenberg, une viennoise de 25 ans, avec laquelle il débute une liaison. Nos deux protagonistes sont fort éloignés : Attila travaille comme « sexeur de poussins » dans un élevage de canards destinés au foie gras, Theodora est issue d’une famille bourgeoise autrichienne et elle « gère » l’héritage du père, grand musicien décédé.
Ce sont toutes les phases de cet amour improbable qui sont consignées dans ce roman. Parallèlement à une guerre, les deux parties s’observent, se querellent sur fond historique avant d’arriver à l’acceptation réciproque. Attila et Theo ne semblent pas libres, ils portent l’Histoire de leurs pays respectifs, ce qui influence la relation. Cela vous paraît un peu abstrait ? Voici ce que dit par exemple Attila à ce propos :
Mon amour pour elle, c’est comme déserter mon pays, c’est coucher avec l’ennemi, c’est trahir ma conscience de classe.
Tu m’as conquis, comme les tiens toujours ont plié les miens.
Quel portrait de cet Attila, qui à mon sens, incarne vraiment bien la Hongrie contemporaine : désabusé, quelque part impuissant, n’aimant pas les étrangers… mais au final plein de vie et très attachant. Le récit est dense, bien construit, servi par une très jolie écriture, fluide, maîtrisée (l’auteure n’a pas 30 ans, et ce livre est son second roman). Pour les férus d’histoire, je ne saurais trop vous conseiller la lecture des pages 75 à 78 où Attila se livre à des réflexions sur l’histoire de la Hongrie, les relations avec les Habsbourg : magnifique passage. Il existe beaucoup d’autres très bons extraits, comme celui à lire absolument sur l’élevage des canards (p 34 et 35) ou encore celui-ci :
C’est vrai, je ne te connaissais pas, dit Theodora beaucoup plus tard, quand ils reparlèrent de cette première nuit. Je ne savais rien de l’amour, mais je connaissais son absence.
Au final, un très bon livre avec une approche originale de la description du sentiment amoureux :
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lisez plutôt autre chose
Réf : Le dernier amour d’Attila Kiss, de Julia Kerninon. La brune au rouergue, 2016, 123p.
Effectivement, un angle original pour parler d’un sujet universel… et surtout une jolie confirmation de l’auteure après la bonne surprise de Buvard il y a 2 ans. Jolie plume !
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