Corinne Royer – Et leurs baisers au loin les suivent

Royer

Parmi tous les titres parus à l’occasion de la rentrée littéraire de l’hiver 2016, attardons-nous aujourd’hui sur le livre de Corinne Royer, Et leurs baisers au loin les suivent, paru chez Actes Sud. Troisième livre de son auteur, c’est un roman riche qui mérite d’être mis en avant.

Cassandre est mariée à Léon. Dès le début du récit, elle va signaler la disparition de son mari mais c’est un mensonge. On apprend en effet très vite que Léon gît dans le congélateur… Qui l’a tué ? Est-ce Cassandre elle-même ? L’intrigue se met en place petit à petit : Léon était harcelé au téléphone et Cassandre reçoit dès lors de mystérieux courriers lui révélant les secrets de l’existence de son mari. Elle se confie elle-même.

Livre à l’écriture riche, complexe, parfois difficile à saisir, il donne la parole à une Cassandre qui se pose des questions sur sa vie, les humiliations traversées, et voit l’ombre de son mari, ses secrets, se dévoiler au grand jour. La lecture est également très belle grâce à la richesse des thèmes abordés : on y croise la Grande Histoire (guerre d’Algérie), les relations de couple, l’acceptation de la différence, le tout dans un décor bien rendu, celui de la région de Bourbon Lancy près de Moulins.

Pour vous donner une idée du style, je vous joins un extrait (p 65) où Cassandre déplore le fait que la mort de quelqu’un est accompagnée par un concert de fausses louanges :

(…) puis me surprendre à penser que c’est ainsi qu’on dénature la vie des morts, ainsi qu’on l’embellit, la travestit, les morts toujours aimables, attachants, héroïques, les morts regrettés, soudain affublés des qualités dont ils ont tant manqué de leur vivant, les morts désincarnés, couverts de fleurs, embaumés, déguisés, pleurés même par leurs plus grands ennemis, les morts qui nous renvoient à ce que nous sommes, des mortels parce qu’on le sait, on le craint, ça finira comme ça, un jour ou l’autre, à notre tour dénaturé par les nôtres, considéré comme un être d’exception, irremplaçable, déconsidéré au regard de ce que nous avons vraiment été – un homme, une femme, avec ses manquements, ses fautes ni plus pardonnables, ni plus impardonnables que celles du voisin-, un mort de contrefaçon alors qu’on aurait voulu qu’à ce moment-là, dans l’adieu du dernier soupir, une seule fois, on fasse l’effort de nous regarder vraiment, de nous juger sans fausse commisération ni grande louange, d’éprouver avec justesse la transparence de notre âme, la véritable complexité de notre être, et qu’au bout du compte, malgré tout, un total discernement et en toute bonne foi, on se surprenne à nous aimer quand même.

Bonne lecture !

En conclusion :

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Et leurs baisers au loin les suivent, de Corinne Royer. Actes Sud, 2016. 272 p.

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