Si vous lisez parfois le magazine LIRE, vous avez peut-être remarqué une rubrique intitulée Le match où deux livres du même genre, sujet ou style sont comparés et le meilleur désigné. Si ça vous dit, on pourrait faire la même chose aujourd’hui, en mettant Par amour contre Le chant du Rossignol ! Les deux romans traitent en effet de la période de la deuxième guerre mondiale et racontent des destins de femmes.
Qui remportera notre match ? Valérie Tong Cuong ou Kristin Hannah ? France ou Amérique ?
Le roman Par amour relate l’histoire de deux sœurs, Emélie et Muguette, et de leurs familles au Havre. Nous les retrouvons en 1940 : Emélie, dévouée à son mari Joffre et à leur emploi commun dans l’école de la ville, et Muguette, la sœur cadette insouciante qui prend toujours le bon côté des choses.
Avec l’occupation, leur vie quotidienne sera transformée en une bataille de survie. Protéger les enfants, les siens, ce sera la tâche ultime.
Au dernier instant de mon existence sur cette terre, quand défileront les événements qui auront soulevé la peine ou la joie dans mon cœur de mère et dans mon cœur de femme, le bonheur éprouvé plus tard devant mes enfants mordant dans du pain chaud dansera par-dessus tous les autres, j’en suis sûre.
Et les ennemis et dangers sont multiples : les occupants et leurs nombreuses interdictions et directives, les bombardements des Anglais, les maladies, la peur omniprésente et la nécessité de prendre des décisions pouvant être fatales.
La tuberculose semait l’effroi depuis la Grande Guerre, détruisant les esprits autant que les corps. Ils étaient nombreux, ceux qui, comme Odette, avaient précipité leur mort, ne supportant plus d’être tenus à l’écart, chassés, montrés du doigt, à croire qu’ils avaient contracté à la fois la peste et la syphilis. D’autres, se sachant condamnés, se plaisaient à propager l’affection, jugeant injuste d’avoir été eux-mêmes contaminés et invoquant une vengeance légitime, se réclamant parfois d’une mission divine – et, dans tous les cas, terrifiant la population.
Tandis que Kristin Hannah met en valeur le rôle des femmes dans la résistance, Valérie Tong Cuong se concentre davantage sur la vie de tous les jours dans les conditions extrêmes. Il est vrai que ses personnages ne sont pas artificiels du tout, on se met rapidement à leur place – dans le récit, d’un chapitre à l’autre, ils se passent la parole (sans que le fil chronologique ne soit rompu), d’Emélie à Muguette et Joffre, mais aussi à leurs enfants, Lucie, Marline, Jean et Joseph.
Pour deux d’entre eux, la question de partir en Algérie pour être mis à l’abri des horreurs de la guerre sera abordée. Ils y passeraient leur temps dans des familles d’accueil prêtes à aider des enfants français. Envoyer ou pas ? Les garder auprès de soi malgré les dangers des bombardements ou les envoyer seuls chez des gens inconnus ? Une partie de l’histoire un peu moins traitée dans des romans que j’ai découverte avec un grand intérêt.
En dehors de l’Algérie, les scènes qui se jouent en France se réduisent en général à la ville du Havre ; de ce fait, on apprend beaucoup de détails intéressants. Il faut souligner que l’auteure s’est très bien documentée, comme l’atteste la liste des principales sources à la fin.
En résumé, pour trancher dans « Le match » entre les deux romans : j’ai apprécié chez Valérie Tong Cuong le fait qu’elle a su éviter les clichés et n’a pas introduit dans l’histoire (comme c’est souvent le cas) un bel officier allemand jouant le violon ou écoutant de la musique classique (pour être honnête, elle le mentionne quand même une fois !). Elle a cherché des aspects de l’histoire méconnus ou moins connus (les enfants envoyés en Algérie, leur traversée en bateau, la tuberculose, la vie dans la ville du Havre). Elle a formidablement capté la transformation des gens et de couples d’avant la guerre au fur et mesure que les années passaient. Le roman ne sonne faux à aucun moment !
Vous l’aurez compris : emballée que je suis, je ne peux que vous conseiller
X d’acheter le livre chez votre libraire
X ou de l’emprunter dans votre bibliothèque
lire autre chose
Par amour de Valérie Tong Cuong. JCLattès, 2017, 416 pages.
Merci à Agathe de m’avoir donné envie de lire ce roman !
Je signale aussi que ce livre devrait bien plaire à Catia !
Je n’ai lu que celui de Valérie Tong Cuong et je ne peux pas dire que j’ai été emballée.
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J’ai relu ton billet et je l’ai trouvé pourtant plutôt positif 🙂 Mais il m’arrive aussi de constater qu’avec le temps, le livre ne m’a finalement pas autant marqué ou que je l’ai même déjà oublié ! Et puis, il y a beaucoup de livres sur la deuxième guerre mondiale…
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Lire ta chronique m’a fait revivre ma lecture, les passages cités sont intenses, cette histoire de pain chaud, brrr j’en ai des frissons rien que de me mettre à la place d’Emélie! Ton article est superbe !
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Je pense que j’ai découvert le livre grâce à toi – encore merci !
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Ce roman me tente beaucoup et je n’en entends que du bien, et puis ce titre est bien alléchant !
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Oui, un très bon roman ! Je l’ai appréhendé un peu, puisqu’on en a parlé partout et aussi parce que j’ai déjà lu beaucoup de livres qui traitent le même sujet (destins des familles pendant la deuxième guerre mondiale). Mais finalement, je l’ai vraiment apprécié, d’autant plus que j’ai appris beaucoup de choses sur ce programme qui aidait les enfants français en les envoyant en Algérie.
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