Laetitia Colombani – La tresse

Séduite par la quatrième de couverture et de nombreux avis positifs, je n’ai pas pu passer à côté de ce roman écrit par Laetitia Colombani. La tresse, un joli livre dans lequel s’entremêlent les voix de trois femmes singulières à travers différents continents.

On voyage tout d’abord en Inde pour rencontrer Smita. Et on a envie de repartir aussitôt – pas à cause de cette femme très touchante, mais en raison des conditions de vie déplorables dont on veut détourner les yeux rapidement. Des conditions dans lesquelles Smita et sa fille Lalita doivent vivre car elles sont nées Intouchables.

Smita est une Dalit. Intouchable. De ceux que Gandhi appelait les enfants de Dieu. Hors caste, hors système, hors tout. Une espèce à part, jugée trop impure pour se mêler aux autres, un rebut indigne qu’on prend soin d’écarter, comme on sépare le bon grain de l’ivraie.

Smita travaille comme extracteur – elle ramasse les excréments des autres à mains nues. C’est un travail qu’elle a hérité de sa mère et que sa fille devrait apprendre à son tour. C’est sans compter le courage de Smita, son entêtement, son refus de voir sa fille s’abaisser. Elle décide d’envoyer sa fille à l’école…

Deuxième arrêt, la Sicile et Giulia qui travaille dans l’atelier de son père. Sa famille le tient depuis des générations. On y fabrique des perruques et des postiches selon une coutume sicilienne ancestrale. Dévouée à son travail, attachée à cette tradition et au savoir-faire de ses aïeuls, elle doit prendre une décision importante quand son père se retrouve à l’hôpital dans un état grave : que va devenir l’atelier ?

Son père surveille ses cheveux comme la mamma ses pastas.

Et le dernier arrêt, c’est au Canada chez Sarah, l’avocate à succès qui, après avoir consacré tout son temps à sa carrière, apprend qu’elle est gravement malade. Elle devient fragile, dans un milieu professionnel où chacun guette la faute de l’autre pour prendre son poste. Céder la place ? Pas si facilement…

Comme aux échecs, un pion tombe, et tous avancent d’une case. Ce pion-là, c’est Sarah.

J’avoue que j’ai dévoré le livre, curieuse de connaître le sort de ses femmes. On s’attache beaucoup à Smita et à Sarah. A la lumière de leurs histoires, celle de Giulia me parraîssait un peu fade, mais elle a sa place qu’on devine d’ailleurs assez rapidement.

Ce livre est un message d’espoir, une ode à la force féminine et maternelle. On s’identifie, on s’attache, on comprend. Après avoir refermé le livre, j’ai été enthousiaste. Avec recul, j’hésite un peu. Je me dis finalement que l’écriture a été trop simple, l’histoire assez prévisible et le personnage de Sarah très stéréotypé. Mais c’est un livre qui fait du bien et qui doit parler à de nombreuses femmes dans des situations difficiles. Dans ce sens, il me fait penser à Paolo Coelho et son Alchimiste quand il est sorti il y a très longtemps… Si ce livre va parler au lecteur ou pas, cela dépendra du moment de vie dans lequel celui-ci se trouve…

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La tresse de Laetita Colombani. Grasset, 2017, 224 pages.

8 réflexions sur “Laetitia Colombani – La tresse

  1. L'ivresse littéraire 2 juillet 2017 / 10:46

    Beaucoup ont considéré l’écriture trop simple effectivement. Je n’ai pas eu ce ressenti mais je n’ai peut-être pas pris autant de recul. Je trouve néanmoins, et même si on peut trouver le style simple et l’histoire un peu prévisible, que c’est un roman actuel, réaliste surtout pour les personnages de Sarah et Smita. Et sans être féministe ou quoi que ce soit je trouve que c’est un roman qui fait prendre conscience de la place que nous avons nous femmes dans les sociétés.

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    • Eva 13 septembre 2017 / 10:22

      Tu touches un point que j’ai un peu négligé en rédigeant le billet : la condition des femmes, leur place dans la société d’aujourd’hui. Il est vrai que le roman met cette problématique bien en avant. Comme je te réponds très tardivement, je peux mentionner La grande librairie de la rentrée où Leila Slimani et Kamel Daoud ont également soulevé la question. Mais je suis sûre que tu as regardé l’émission ! 🙂

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  2. mjo 2 juillet 2017 / 11:16

    Ce livre a été présenté lors de notre dernier banquet et je compte bien le lire car tu confirmes qu’il ne faut pas passer à côté. Bonnes vacances à vous deux !

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  3. Folavril 2 juillet 2017 / 13:53

    Je n’arrête pas de le voir sur la blogo! Bien envie de le lire

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  4. Luocine 3 juillet 2017 / 09:22

    Comme je comprends ce billet! Parfois on est séduit par la lecture d’un livre, mais comme à chaque fois qu’on est séduit, on déteste se faire manipuler. Et lorsque le temps de la réflexion revient, il arrive que l’on ressente cette impression. Je l’ai éprouvé pour le roman qui vante le retour à la vie naturelle en forêt.

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  5. unfilalapage 3 juillet 2017 / 14:39

    J’ai trop vu passer ce roman pour m’y intéresser. Et l’interview ne l’auteure ne m’a pas convaincue, je vais donc passer sur celui-ci ! Mais merci pour ton avis !

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  6. Emma 3 décembre 2017 / 12:32

    J’ai eu également le même sentiment que toi !!
    Mais je crois que le message est plus important que la simplicité de fait des histoires et puis la symbolique de cette tresse, qui fait que nous sommes toutes liées les unes aux autres de par notre histoire commune de femmes (et notre qualité d’êtres humains), est tellement bien trouvée que cela reste une belle lecture, que je n’ai pas oubliée d’ailleurs … 🙂 ♥

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