Bienvenue dans l’Etat de Bahia, dans le Nord-Est du Brésil ! C’est là où, en 1912, naquit le célèbre auteur brésilien Jorge Amado. C’est aussi dans ce lieu que se déroule son roman Les terres du bout du monde. Le cacao y aiguise l’appétit des hommes et leurs passions. En route pour un véritable dépaysement !
Lorsqu’il écrit Les terres du bout du monde en 1943, il est peu dire que Jorge Amado connaît bien son sujet : originaire lui-même de cette région, il est né dans une fazenda, ces grandes propriétés agricoles qui sont au cœur du roman. Y règnent en maîtres les « fazendeiros », leurs propriétaires qui s’affrontent entre eux pour augmenter leur fortune. C’est le cacao qui est au centre de leur préoccupation ; c’est aussi lui qui attire nombre de migrants, comme Antonio Vitor :
Quant à lui, il cultivait du maïs dans une ferme avec ses deux frères aux environs de la ville. Mais c’était peu rentable et on racontait tant de choses sur le travail facile à trouver et bien payé dans les terres du sud où le cacao donnait du bon et bel argent qu’un jour, comme le père d’Yvone avant lui, comme son frère aîné, comme des milliers d’autres, il quitta la petite ville de la région de Sergipe et s’embarqua à Aracaju.
Mais la situation est loin d’être idyllique : les ouvriers sont exploités et les propriétaires arrivent même à s’exproprier les uns les autres en soudoyant des avocats qui produisent des faux… C’est un pays dur, âpre. L’un des protagonistes principaux, le colonel Horacio, un riche fazendeiro, fait par exemple défricher la forêt en promettant un droit de propriété aux intéressés… avant de les tuer. Le jeune Antonio Vitor oublie vite sa promise et ses rêves pour devenir un tueur au service d’un planteur.
Jorge Amado nous fait ressentir avec beaucoup d’acuité les luttes que se mènent les hommes. Une grande partie du récit est d’ailleurs consacrée au combat livré par les Badaro contre Horacio dans la conquête de la forêt Sequeiro Grande.
Si, pendant un moment, je croyais avoir devant les yeux un récit de dénonciation comme le fut La jungle de Upton Sinclair, force est de constater que le propos est moins univoque. Au-delà de l’avidité et de la violence, Amado pointe la complexité des hommes, leurs passions, et l’influence que cette région a sur eux. Ce n’est pas une critique, il y a même une certaine « admiration » pour ces personnages :
Un homme qui encaissait sans réagir, qui fuyait la bagarre, qui n’avait pas à son actif une aventure où son courage eût été mis à l’épreuve n’était pas pris au sérieux par les habitants de la région.
Ainsi, alors que les vacances débutent, je vous invite vivement à tenter le dépaysement en vous penchant dans l’univers de Jorge Amadon. Par conséquent,
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Lisez autre chose
Les terres du bout du monde de Jorge Amado, traduit du portugais par Isabel Meyrelle. Gallimard Folio, 2015, 383 pages.
un univers que je connais très mal pour ne pas dire pas du tout ! on a des trous dans nos lectures et c’est difficile à combler
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Sur ce coup-là, je suis surpris que tu aies des zones non explorées comme ce livre. Tout est question de temps ; si cet article peut te donner envie de découvrir l’auteur, cela sera ma plus belle récompense.
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