Le 30 juin dernier s’éteignait Simone Veil à l’âge de 89 ans. Le grand émoi suscité par son décès et la décision prise par le Président de la République de la faire entrer au Panthéon témoignent du rôle qu’elle avait dans la société française. C’est donc autour des mémoires de Simone Veil, Une vie, publiées en 2007, que je vous propose de (re)découvrir le parcours de cette figure majeure du XXème siècle français.
Née en 1927, Simone Veil, née Jacob, est la benjamine d’une famille juive et laïque. Son enfance heureuse est interrompue par une guerre qui commence par réduire les conditions matérielles de la famille en raison du statut des juifs, puis bien sûr par la déportation en 1944. Elle-même est déportée à Drancy puis à Auschwitz-Birkenau :
A compter de cet instant, chacune d’entre nous est devenue un simple numéro, inscrit dans sa chair ; un numéro qu’il fallait savoir par cœur, puisque nous avions perdu toute identité. Dans les registres du camp, chaque femme était enregistrée à son numéro avec le prénom de Sarah !
Jamais Simone ne reverra son père et son frère, morts on ne sait où exactement, en Lituanie. Sa mère décédera dans ses bras, affaiblie par le typhus. Pourvue d’une vraie force de caractère, elle sortira de cette guerre avec une réelle soif de vivre mais aussi des convictions fortes qui l’accompagneront tout au long de sa vie :
Dans les différentes fonctions que j’ai occupées, au gouvernement, au Parlement européen, au Conseil constitutionnel, je me suis efforcée de ne pas faseyer, plaçant mes actes au service des principes auxquels je demeure attachée par toutes mes fibres : le sens de la justice, le respect de l’homme, la vigilance face à l’évolution de la société.
Son parcours fut en effet riche : après des études de droit, elle travaille à la direction de l’Administration pénitentiaire, puis devient secrétaire du Conseil supérieur de la Magistrature sous Pompidou. Mais c’est réellement en 1974, après avoir été nommée ministre de la santé sous le gouvernement de Jacques Chirac, que le grand public la découvre vraiment. Son discours prononcé sur la légalisation de l’avortement reste ancré dans les mémoires.
Outre ses considérations sur l’Europe (elle fut en effet Présidente du Parlement Européen à partir de 1979),
Dans les années 80, quand je suis arrivée au Parlement européen, j’imaginais encore une évolution vers un système de type fédéral. Aujourd’hui, à la fois parce que nous sommes plus nombreux, et parce que les mentalités ont changé, je ne peux que constater un attachement croissant des citoyens à leur cadre national et aux facteurs historiques qui ont formé des identités singulières
j’ai beaucoup apprécié son souci de la vérité, d’une vision équilibrée des choses (quand elle reconnaît que les juifs furent finalement plutôt épargnés en France par rapport à d’autres pays européens). Cet ouvrage est très personnel aussi, quand elle évoque sa famille. On lui découvre également une grande liberté de ton sur d’autres sujets :
François Bayrou, que je connaissais alors à peine et auquel je faisais confiance, tant il m’était apparu intelligent et dynamique, venait de me donner la vraie mesure de son caractère, capable en quelques jours d’énoncer avec la même assurance une chose et son contraire, uniquement préoccupé de son propre avenir qui, depuis sa jeunesse, ne porte qu’un nom : l’Elysée. Le personnage demeure incompréhensible si l’on ne tient pas compte de cette donnée essentielle : il est convaincu qu’il a été touché par le doigt de Dieu pour devenir président
Vous trouverez de plus à la fin du livre des discours poignants comme celui sur la légalisation de l’avortement ou la cérémonie du Panthéon en hommage aux Justes de France (2007) qui n’ont rien perdu de leur force.
Je vous conseille donc de :
X l’acheter chez votre libraire
X l’emprunter dans votre bibliothèque
lire autre chose
Une vie, de Simone Veil. Flammarion, 2009, 343 pages.
une grande dame et c’est un livre que j’ai lu avec plaisir et offert à plusieurs reprises
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J’étais sûre que tu l’avais déjà lu !
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Intéressant son avis sur Bayrou ! Une femme exceptionnelle qui, après des souffrances, des combats et des engagements, disait : » Il n’y a que deux pointes assez perçantes pour entrer dans notre âme, ce sont le malheur et la beauté ».
Très bonne année à vous, Eva et Patrice !
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Oui, c’est un peu plus anecdotique mais intéressant. Et un grand merci pour la très jolie citation qui m’était inconnue ! Bonne année à toi, Marie-Jo, et à toute la joyeuse communauté angevine !
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Merci pour ce billet de rappel, je n’ai pas encore pris le temps de lire ce livre, mais je le lirai. Je n’ai pas été étonnée de voir qu’est paru en extrait seul la partie sur la Shoah, à destination des scolaires.
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C’est une bonne idée, car concis, frappant, sans tomber dans le pathos.
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Je n’ai toujours pas lu ce livre… Je ne suis pas du tout autobiographie il faut dire.
Mais alors l’extrait sur Bayrou… Qu’est-ce que ça vient faire là ??? Heu…
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Laisse toi tenter, ça fait du bien de lire une autobiographie par moments. Bayrou ? Je trouvais que ça résumait bien la tonalité parfois mordante qu’elle employait dans ce livre
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Je suis étonnée qu’elle ait tenu ce genre de propos dans ce genre de livre en fait ^^ En règle générale je n’apprécie pas que l’on descende des personnalités vivantes dans des livres… Non pas que j’apprécie particulièrement Bayrou ^^
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C’est vrai, mais ça ne m’a pas choqué plus que ça. Elle était très élogieuse sur Sarkozy par contre (le livre a été écrit en 2007).
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Je ne critiquais pas le fait que tu cites ce passage hein, attention ! ^^
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Mais je m’en doutais bien :-). Je suis néanmoins ouvert à toute critique !
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