Connaissez-vous beaucoup d’auteurs finnois ? En 2016, je vous avais présenté Kari Hotakainen et son excellent roman La part de l’homme qui vaut vraiment le détour ! Tout le monde connaît Arto Paasilinna ou Sofie Oksanen, bien sûr. Aujourd’hui, je vais y ajouter un autre nom – Sirpa Kähkönen. L’auteure qui a étudié la littérature et l’histoire narre dans son dernier livre Ville au cœur de pierre (éditions Denöel) la vie de plusieurs jeunes Finnois à Petrograd dans les années 20.
Nous sommes partis parce que mon mari était exalté et fier, parce qu’il refusait de supplier, pour leur demander du travail, ceux qui fermaient leur porte au nez des rouges ; nous sommes partis forts de notre foi, comptant qu’il existait un pays où travailleurs pouvaient vivre libres. Nous sommes partis parce que nous avions lu tant de livres. Et pour l’amour aussi. J’aurais suivi mon mari jusque sous l’écorce terrestre, jusque dans les abysses marins.
Après la défaite des communistes en 1918 lors de la guerre civile en Finlande, un certain nombre de Finnois décident de partir en Russie pour continuer la lutte et y construire une société meilleure. C’est le cas de Klara et d’Ilia. Klara, alors âgée de 22 ans, est narratrice de ce livre, ou du moins des deux premières parties. Ils laissent tout derrière eux – le pays, une partie de leur identité en choisissant des prénoms russes, la famille à laquelle ils ne laissent même pas un petit mot, leur langue en essayant dès le début de se débrouiller en russe… A part quelques vêtements (et heureusement pour eux quelques pulls chauds car ils en auront bien besoin), ils n’apportent que des idées et de l’enthousiasme.
Klara, très amoureuse, est surtout heureuse d’être en compagnie d’Ilia qui ne pense qu’à ses devises idéologiques et développe des théories. Klara, au contraire, se charge de distribuer des tracts dans des coins reculés avec son amie Ielena et essaie d’enthousiasmer les gens pour les questions politiques. Elles ne sont pas vraiment bienvenues en tant que communistes, mais surtout Klara en profite pour apprendre les arts de la broderie locale ; elle va vers les gens non seulement pour leur transmettre quelque chose mais aussi pour en apprendre d’eux et elle est au final bien plus au courant des difficultés quotidiennes des gens qu’Ilia.
Ces modestes outils que sont le fil et l’aiguille ont fait presque autant bifurquer ma vie que mon amour pour mon mari et notre décision de traverser les neiges.
Le couple est donc accompagné d’Ielena qui ne va pas tarder à faire un beau mariage, et puis de Lavr qui devient soldat de l’Armée rouge et qui ne trouve que difficilement le chemin vers son frère aîné, Ilia. Ilia qui croyait en l’avenir doré du peuple, qui était même heureux de ne pas avoir de famille pour pouvoir se consacrer pleinement à sa mission… La mort de Lénine sera un des premiers pas vers l’effondrement de ses idéaux.
Son visage commençait à se couvrir de rides, auxquelles on reconnaissait le membre du Parti et le bon bolchevique.
Klara trouve entre-temps le sens de sa vie en s’occupant des enfants des rues complètement laissés-pour-compte, leurs parents étant morts ou en prison. On songe parfois à ses propres parents abandonnés en Finlande sans avoir de nouvelles, mais au final je ne me suis pas trop attachée aux personnages et suis restée assez indifférente à leurs destins. On sent les événements tragiques en toile de fond, on les connaît, mais leur présence reste assez floue dans ce roman.
Electra a parlé de ce livre sur son blog récemment et a été très enthousiaste. Je vous suggère donc de jeter un coup d’œil sur son billet et de vous faire votre propre avis
acheter chez votre libraire
X en empruntant le livre dans votre bibliothèque
lire plutôt autre chose
Réf.: Ville au coeur de pierre de Sirpa Kähkönen. Traduit du finnois par Claire Saint-Germain. Denoël, 2017, 464 pages.
Je connais peu, en effet, la littérature finnoise. J’ai lu un auteur finnois récemment, avec le roman » Lumikko » : Pasi Ilmari Jääskeläinen. Avec ton billet, je découvre l’auteur et cette histoire finlandaise en Russie.
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Moi aussi, j’ai acheté Lumikko, certainement sous l’influence de la couverture hivernale. Mais j’ai abandonné la lecture quelque part autour de la page 90 quand il s’est mis à neiger dans une maison !
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Les romans permettent tant de voyages. En voilà un que j’aimerais bien faire. Bravo pour ce poing levé des grandes batailles.
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SI l’on ne s’attache pas aux personnages, le roman risque d’être ennuyeux et ne m’attire pas vraiment. Je connais une poétesse finlandaise Edith Södergran que j’aime beaucoup. Elle aussi avait fait ses études en Russie, la frontière finlandaise est si proche de la Russie et de Saint Petersbourg; et ils ont été tellement envahis !
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Merci pour un autre nom que j’ajoute à ma liste. Je ne lis quasiment pas de poésie, à mon regret, ce sera peut-être l’occasion ! Il y a un autre auteur qui me vient à l’esprit : Kjell Westö, que je voudrais découvrir cette année.
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