Avec la couronne, on est presque dans le thème de la galette des Rois, me direz-vous ? Mais attention à ne pas avaler de travers un morceau de galette, car cette couronne est en réalité un message de la reine noire qui annonce sa prochaine victime… Le Jeu de massacre à Berlin (Slatkine & Cie) peut commencer, avec une mise en scène assurée par l’auteure allemande à succès, Elisabeth Herrmann, et sous la houlette de son personnage principal, l’avocat Joachim Vernau.
Si vous êtes justement en train de faire le choix entre l’école publique et privée pour y scolariser vos enfants, une fois le livre refermé, vous aurez probablement envie de vous lancer plutôt dans l’enseignement à domicile. Joachim Vernau, l’avocat de code pénal, est en effet embauché dans un lycée huppé pour y encadrer le Teen Court – il s’agit d’une sorte d’atelier où les élèves discutent des infractions commises à l’école du point de vue juridique, élaborent un chef d’accusation ou essaient de construire un plaidoyer pour la défense.
« 400 euros par unité d’enseignement. Le mercredi après-midi. »
Je pensais d’abord avoir mal entendu. Je scrutai alors son visage souriant qui m’a apprit trois choses : elle voulait m’acheter. Elle parviendrait à ses fins. Et elle ne plaisantait pas.
L’organisation de la vie de l’école est très réglementée pour assurer la sécurité des enfants et satisfaire les parents exigeants. Pourquoi ? En face de cette école privée se situe en fait un collège public fréquenté davantage par les enfants des milieux défavorisés, souvent issus de l’immigration. Et les parents craignent une mauvaise influence !
Joachim Vernau va bientôt se rendre compte que le lycée n’a rien à envier au collège d’en face. La belle façade cache quelque chose de pourri… Au départ, il s’en doute seulement, personne ne veut trop lui en parler. C’est le début où je trépignais d’impatience ; j’aurais aimé un Joachim un peu plus tranchant – tout le monde évite de répondre à ses questions, que ce soient les enseignants, les parents ou les élèves. Difficile d’imaginer notre avocat au tribunal ! Mais bon, il va se ressaisir plus tard et va tenter de s’approcher des élèves touchés par des événements récents et paniqués par les messages qui leur sont envoyés par une certaine reine noire.
Dans son enquête, Joachim, originaire de l’ancien Berlin-Ouest, est épaulé par son associée, Marie-Luise, qui vient de Berlin-Est. Tous les deux s’occupent d’un cabinet qui rencontre en ce moment de gros soucis financiers. Avec eux, on roule en vieille Volvo de la RDA et on se promène à Berlin – l’auteure nous offre une image très vivante de la ville. J’ai beaucoup aimé cette ambiance berlinoise et j’ai trouvé des passages sur la transformation de la ville (par exemple au niveau architectural) après la chute de mur assez intéressants. Nos avocats sont assez détendus et ne manquent pas d’humour. Ils sont les premiers à se moquer des jeux de rôle grandeur nature auxquels s’adonnent les élèves. J’ignorais l’existence de ces jeux et j’ai apprécié le regard pragmatique de Joachim.
Tes élèves jouent à des GN. Cela signifie jeu de rôle grandeur nature. Un groupe de personnes plus ou moins cinglées se rencontre et joue à un jeu. Soit de manière purement virtuelle, sur le papier, soit dans le cadre d’une rencontre. La rencontre dure un ou plusieurs jours et répond à une thématique bien précise : science-fiction, genre fantastique, Moyen Âge et ainsi de suite. On enfile des fringues adaptées au scénario et on se glisse dans la peau d’un autre, le temps de la partie. On peut être humain ou loup-garou. Vampire ou elfe. Homme ou femme, bon ou méchant.
L’intrigue est assez bien menée, j’ai juste un petit reproche : nos avocats vont accepter l’aide de la petite amie de leur stagiaire. Celle-ci étudie la psychologie à l’université ; sans diplôme et sans expérience professionnelle, elle est déjà capable d’élaborer des profils de coupable dignes d’un vieux matador de Scotland Yard. J’ai eu du mal à croire.
Si je ne me trompe pas, il existe déjà 5 tomes des aventures de Joachim Vernau et ils ont même été adaptés pour la télévision. Le jeu de massacre à Berlin (dommage pour ce titre en français assez brutal, tandis qu’il s’intitule « Die siebte Stunde » en allemand, c’est-à-dire « La septième heure ») est le deuxième tome à être traduit. Je le conseille à ceux qui aiment bien l’ambiance de Berlin ou les histoires se déroulant au sein d’une école.
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Réf.: Jeu de massacre à Berlin d’Elisabeth Herrmann. Traduit de l’allemand par Elsa Vonau. Slatkine & Cie, 2017, 512 pages.
Tu as émis une petite réserve. Cela suffit pour que je ne note pas ce polar de 512 pages,
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C’est probablement le cadre des jeux de rôle qui la cause de mon avis légèrement mitigé. Ceci-dit, le milieu scolaire est vraiment bien rendu et j’ai apprécié cette promenade à Berlin.
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visiblement tous les pays se ressemblent à propos des difficultés d’intégration scolaire
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Oui et cette problématique est vraiment bien rendue dans ce livre, avec les différents caractères dans le corps enseignant ou parmi les parents.
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