Simona Sora – Hôtel Universal

Sora

Au-delà du plaisir de la lecture, les livres sont également un sujet d’échanges et de rencontres. J’ai ainsi découvert Simona Sora et son Hôtel Universal, paru chez Belfond, grâce à Laure Hinckel, présidente du Café Bouquins de Chartres, qui n’est autre que la traductrice de ce livre. Je vous invite à venir consulter son blog ainsi que celui du Café Bouquins, où vous pouvez suivre le compte-rendu des rencontres autour des livres. Une bonne occasion de glaner quelques bons conseils de lecture ! Sans plus attendre, allons ouvrir les portes de l’hôtel Universal de Bucarest…

Hôtel Universal est en fait le premier roman de son auteure, Simona Sora, qui rencontra à sa sortie beaucoup de succès en Roumanie.

L’hôtel est au centre du livre ; construit au milieu du XIXème siècle, il sera successivement auberge, bordel sous la dictature communiste et résidence estudiantine après la révolution. Une jeune femme, Maia, y habite ; d’elle, on ne sait finalement que peu de choses : montée à Bucarest pour y faire la Révolution de 1989, ayant initialement une formation d’infirmière, elle passe la plupart de ses nuits sur le balcon de sa chambre à l’Universal et semble assez étrange. Néanmoins, les souvenirs de sa famille constituent la trame principale du livre :

Par un hasard qui ne devait rien à la mystique – il s’agissait surtout de réutiliser au plus vite ce bâtiment de l’hypercentre que beaucoup de monde convoitait -, Maia s’est retrouvée avec une chambre d’étudiant dans l’hôtel dépourvu d’étoile où avait vécu son arrière-arrière-grand-mère, et il s’agissait bien sûr de Rada, la fille-trésor de Varna qui consola Vasile Capșa au retour piteux de son taxide à Sébastopol, le premier et le plus raté.

En effet, Maia était très proche de sa grand-mère Maria dont elle tire tous les récits de sa famille. Notamment ceux autour de Vasile Capșa qui fut le premier chocolatier de Bucarest, et qui écrivait des lettres à son amoureuse, Rada, l’aïeule de Maia. Des lettres qui, en plus du récit des voyages de Capsa, de la vie à l’hôtel Universal dans les années 90, constituent une des ossatures du roman. On se retrouve en Crimée ou en Turquie avec Capșa puis on fait connaissance avec les voisins de Maia dans l’hôtel : Pavel Dreptu, un professeur qui tient des conférences à l’Universel et élit domicile dans un cagibis de 2m², Aliona qui deviendra la voyante la plus courue de Budapest, ou encore Le Mohican, devenu invalide après avoir sauté du 4ème étage…

Le récit n’est pas linéaire, on se sent quelque peu malmené par les sauts de l’histoire ou encore par les liens entre les différents protagonistes. La densité du texte est de plus renforcée par une absence de dialogues. Ce fut donc une lecture assez atypique pour moi, pas toujours aisée (sans nier la qualité de l’écriture), mais dont j’ai apprécié la richesse des thèmes comme celui  de la quête de soi, de la transmission à travers les portraits de femmes -omniprésentes-, Maria et Rada en premier lieu. La tradition familiale de la confiture de rose (à l’origine de la page de couverture), transmise jusqu’à Maia par sa grand-mère, en étant l’une des jolies illustrations :

Mais ce n’était pas ça notre vérité : Rada n’était pas préoccupée par les vivas, en ses vingt et un ans d’une pureté intacte. Les bouillons qu’elle préparait pour soigner les jaunisses, la chute des cheveux, les maladies de cœur et les bubons noirs l’auraient rendue riche partout ailleurs qu’à Topoli, mais sa grande fierté, elle la tirait de la meilleure confiture de roses primeurs de la rive bulgare de la mer Noire, une confiture peu réduite, dans beaucoup de sirop, comme on fait nous aussi et que mangeaient tous les voyageurs de passage et tous les voisins et donc Capșa a senti le parfum une nuit, à tel point qu’il a cru être en plein champ.

Je vous conseille au final de vous faire votre propre avis en :

l’achetant chez votre libraire ou bouquiniste

X l’empruntant dans votre bibliothèque

lisant autre chose

Hôtel Universal, de Simona Sora, traduit du roumain par Laure Hinckel. Belfond, 323 pages.

Ce livre a été lu dans le cadre du Mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran.

3 réflexions sur “Simona Sora – Hôtel Universal

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