Bruce Machart – Le sillage de l’oubli

Machart

Texas, début du XXème siècle. Vaclav Skala est un paysan originaire de Bohême s’étant installé aux Etats-Unis. Alors que sa femme est enceinte de son quatrième enfant, elle meurt en couche. Dévasté par la douleur, l’homme devient dur, ne chérissant que sa propriété, qu’il ne cesse d’agrandir, et ses chevaux. Le sillage de l’oubli, de Bruce Machart, retrace l’histoire des Skala et l’éclatement de la famille ; il est surtout l’occasion de découvrir une écriture très vivante, qui imprègne véritablement le lecteur.

Grâce des paris de courses de chevaux que remporte son fils cadet Karel, Vaclav Skala a construit un grand domaine que ses fils labourent eux-mêmes afin de préserver les chevaux du patriarche. Néanmoins,  un événement inattendu surgit. Un riche éleveur mexicain de chevaux , Guillermo Villasenor, arrive dans la région et propose un pari à Skala. Si sa plus jeune fille Graciela bat Karel dans une course de cheval, alors ses trois filles épouseront les trois fils aînés de Vaclav. Dans le cas contraire, il pourra agrandir son domaine.

Ses deux bons chevaux, il les garde pour les courses, pour tenter d’acquérir cette longue bande de terre qui borde la rivière éclairée par la lune. (…) Jamais ils ne tirent la charrue. Ce travail-là, Vaclav le laisse à ses fils. Si bien que lorsque Guillermo Villasenor conduit ses deux coureurs espagnols et ses trois filles à la peau olivâtre sur la route de campagne qui part de la ville, et que leur charrette passe devant un épais bosquet de mesquites dotés de branches arthritiques et d’épines assez longues pour vous embrocher le pied d’une façon que seuls un garçon assez risque-tout pour aller sans chaussures ou Jésus lui-même pourraient pleinement apprécier, et que les filles en question aperçoivent leurs futurs maris, elles ne voient pas les beaux garçons tchèques et blonds que leur père leur avait annoncés, mais de pauvres gueux, suant sang et eau dans le combat qu’ils livrent contre la terre.

Coincé entre l’amour qu’il éprouve pour la jeune fille et la fidélité envers son père, Karel perd le pari. Resté seul avec son père, il ne peut se résoudre à voir la femme qu’il aime rejoindre son frère.

Une heure plus tard, après avoir croisé Columbus Road, alors qu’ils s’enfonçaient dans les collines boisées qui s’élevaient près des limites du comté, Karel n’avait toujours pas réussi à détourner ses pensées de la femme de son frère. Il n’avait toujours pas gratté son allumette, et sa cigarette pendait vainement, collée à sa lèvre.

Au-delà de l’histoire qui ne réserve finalement pas de grandes surprises, c’est véritablement l’écriture de Machart qui est le grand atout de ce livre. Il est rare de ressentir aussi fortement la puissance des scènes décrites : la course de cheval sous l’orage, l’incendie qui ravage une écurie, la bière et le whiskey qui coulent à flot, la dureté et la cruauté des habitants. Scindé en épisodes se déroulant à trois périodes différentes, on découvre petit à petit l’histoire de la famille autour de la figure du tourmenté Karel. Une belle découverte !

Je vous conseille donc :

X de l’acheter chez votre libraire

X de l’emprunter dans votre bibliothèque

de lire autre chose

Le sillage de l’oubli, de Bruce Machart, traduit de l’anglais (américain) par Marc Amfreville. Gallmeister, 2017, 370 pages.

4 réflexions sur “Bruce Machart – Le sillage de l’oubli

  1. Ingannmic 19 décembre 2018 / 20:56

    De même j’en garde le souvenir d’une lecture forte, d’une atmosphère âpre… et d’un style parfois un peu trop lyrique à mon goût, mais dans l’ensemble, il m’a donné envie de relire l’auteur..

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