Si vous en avez un peu assez de l’hiver européen, je vous invite à vous rendre en Inde pour seconder une sorte de Sherlock Holmes local. Le sympathique détective s’appelle Feluda et, en ce qui concerne le nombre de cellules grises, il n’a rien à envier à son collègue belge, Hercule Poirot. Sous la plume de l’auteur indien, Satyajit Ray, Feluda mène l’enquête dans différentes régions de son Inde natal…
En mentionnant Poirot et Holmes dès le début de mon billet, Feluda devrait tout de suite prendre une tournure plus concrète dans votre imagination. A chaque fois, Feluda est contacté par certaines personnes qui ont un problème et lui demandent de l’aide moyennant un paiement. Curieux, instruit, souple physiquement, représentant une sorte de pédagogue, Feluda pose son regard aiguisé sur les faits pour y déceler rapidement les détails qui clochent. Pour ses enquêtes, il doit voyager beaucoup – un prétexte qui permet à l’auteur de nous montrer l’Inde.
Des images dépaysantes s’ouvrent devant nos yeux. On se déplace en train, sur le dos des chameaux ou alors en taxi… Partout, Feluda se met à échanger avec d’autres voyageurs, de différents métiers ou religions. Des conversations polies, lisses, accompagnées d’un bon thé s’ensuivent et permettent à Feluda d’avancer dans ses réflexions.
Feluda, lui aussi, a « son Watson ». On dirait qu’il en a même deux ! D’un côté, c’est son neveu , Topshé, le narrateur du livre. Le livre étant écrit à l’origine pour la jeunesse, le jeune garçon de 14 ans est un personnage avec lequel les enfants peuvent s’identifier facilement. Admiratif de son oncle, il l’observe, s’émerveille de tout, l’aide avec l’excitation de quelqu’un qui vit des aventures lues jusque là uniquement dans des livres… De l’autre côté, c’est un écrivain à succès, Jotayu. Topshé et lui posent souvent des questions à Feluda qui les éclaire sur des sujets variés, que ce soit la géographie ou la parapsychologie (cette dernière fait partie intégrante de la première enquête). Ses explications tiennent presque d’un exposé à l’école et permettent d’en apprendre plus sur ces régions si exotiques pour nous. En effet, certains passages pourraient servir de guide de voyage !
Les histoires sont dépourvues de violence et de gros mots, ici on parle de bandit et d’ennemi redoutable. Elles sont très visuelles – aucune surprise pour les cinéphiles qui connaissent l’auteur comme l’un des grands cinéastes indiens. Ses livres feraient d’excellentes bandes dessinées, j’ai d’ailleurs plusieurs fois songé à Tintin. Les intrigues sont résolues évidemment « à l’ancienne », c’est à dire uniquement grâce aux capacités cérébrales et au sens de l’observation de Feluda.
Pour préciser, Feluda mène l’enquête regroupe 3 aventures (l’auteur en a écrit 35 au total, de 1965 à 1992) : La forteresse d’or, Grabuge à Kedarnath et Péril en paradis. L’éditeur a eu la bonne idée de mettre chacune dans son contexte en y ajoutant une introduction pour le lecteur français. On en apprend donc plus sur la genèse de l’histoire et sur notre destination (en l’occurrence le Rajasthan, le Kedarnath et le Cachemire).
Au final, une lecture bienveillante et dépaysante, un brin nostalgique, idéale pour tous les âges, mais surtout pour les esprits curieux, les amateurs de BD et ceux qui aiment bien en apprendre plus sur les cultures exotiques.
acheter chez votre libraire
X empruntez-le dans votre bibliothèque
lire plutôt autre chose
Feluda mène l’enquête de Satyajit Ray. Traduit du bengali par Philippe Benoît. Slatkine & Cie, 2019, 275 pages.
Je me demande si cette lecture pourrait plaire à un jeune lecteur qui aime les énigmes.
J’aimeJ’aime