A 26 ans, Cheryl Strayed voit sa vie partie à vau-l’eau. Elle n’a toujours pas fait le deuil de sa mère, décédée quatre ans plus tôt et à qui l’unissait un lien fusionnel, elle sort d’un divorce avec un mari pourtant aimant, collectionne les aventures éphémères ou encore découvre les plaisirs de la consommation d’héroïne. Pour se reprendre en main, elle imagine partir seule en randonnée sur le chemin reliant la frontière mexicaine à la frontière canadienne. Elle nous en livre son récit dans Wild.
Wild est en fait le second livre écrit par l’auteure. Publié aux Etats-Unis en 2012, il y connaîtra un très grand succès et sera depuis traduit dans plus de trente langues, dont le français. L’adaptation cinématographique sera faite en 2014.
Si l’auteure du livre tient bien sûr un rôle prépondérant dans le récit, attardons-nous quelque peu sur le Pacific Crest Trail (PCT). Long de plus de 4200 km, celui-ci relie le Mexique au Canada et coupe 9 chaînes de montagne, offrant à celui qui le parcourt des conditions climatiques très différentes et extrêmes et nécessitant une préparation des plus rigoureuses.
C’est justement ce dont Cheryl se rend rapidement compte après ses premiers pas sur la section de 1700 km du PCT qu’elle s’est fixée pour objectif de parcourir ! Elle n’arrive pas à avancer et découvre rapidement l’alternance des températures qui font que ces habits qui devaient sécher la nuit sont gelés le lendemain matin ou encore que le combustible qu’elle avait acheté pour son réchaud n’était pas le bon :
Je marchais tout le temps. Je piétinais pendant des heures quand j’étais serveuse. Je me promenais à pied dans les villes où je vivais, dans celles que je visitais. Je marchais pour le plaisir ou quand je devais me rendre quelque part. Tout cela était vrai. Mais, après quinze minutes sur le PCT, il est devenu évident que je n’avais encore jamais marché dans des montagnes désertiques, début juin, avec un sac qui représentait plus de la moitié de mon poids sanglé sur le dos. Et il s’avérait que cela n’avait pas grand rapport avec la marche. En fait, ça avait nettement plus de rapport avec l’enfer qu’avec la marche à pied.
Progressivement, grâce aux premières rencontres qui lui donnent le courage de continuer, s’ouvrant peu à peu aux autres, Cheryl progresse, se remémorant ce pour quoi elle entreprenait ce voyage :
Il fallait que je change. C’était devenu mon leitmotiv pendant ces mois de préparation. : « Il faut que je change ». Par pour devenir quelqu’un d’autre, mais redevenir celle que j’étais autrefois – une femme forte, responsable, lucide, motivée, avec un sens de l’éthique et du bien. Le PCT m’aiderait à y arriver. Là-bas, je marcherais en réfléchissant à ma vie. Je retrouverais mes forces, loin de tout ce qui avait transformé mon existence en un comédie ridicule.
J’imagine sans peine pourquoi ce livre a eu un tel succès aux Etats-Unis. C’est le triomphe de la volonté si chère aux Américains (même si, en fait, Cheryl doit apprendre à lâcher prise et à reconnaître qu’elle est complètement dépendante de la nature l’environnant). Dans ce journal, on assiste à la transformation, physique et mentale, de la randonneuse, à une véritable mue.
Paradoxalement, si le livre m’a intéressé, je dois reconnaître que le style, les quelques longueurs, ne m’ont jamais permis d’être en fusion avec la narratrice. Je pense néanmoins qu’il peut plaire aux gens qui sont à une étape charnière de leur vie, en leur montrant qu’il faut savoir se remettre en cause et oser tout simplement !
Je vous conseille donc au final de :
l’acheter chez votre libraire ou bouquiniste
X l’emprunter dans votre bibliothèque
lire autre chose
Wild, de Cheryl Strayed, traduit de l’anglais (américain) par Anne Guitton. 10/18, 504 pages.
Bonjour, une ilustration du retour à la Nature tel qu’idéalisé par les citadins…
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Si tu fais allusion à son degré d’impréparation pour la randonnée, je suis d’accord avec toi.
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J’ai vu le film et il est tout…sauf bon…
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Pourtant, j’aurais pensé qu’on pouvait quelque chose à partir de ce livre.
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Je suis très difficile avec les films 🙂
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Je ne suis pas un grand cinéphile, mais je vois qu’à force de lire des livres, je deviens plus exigeant, donc je te comprends 🙂
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Pas lu… mais j’ai vu le film. J’espère que la description de la beauté des paysages est à la hauteur.
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Je pense que oui 🙂
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ah ! la nature et les Américains, ils en sont les plus ardents adorateurs et les plus grands destructeurs!
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Oui, c’est une remarque très judicieuse
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Dommage, ça avait l’air tentant, mais si c’est pour l’utiliser comme un livre bien-être, ça risque de ne pas me convenir…
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C’est aussi une occasion d’évasion en plus, peut-être ai-je été un peu sévère !
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