Louise Erdrich – La chorale des maîtres bouchers

ErdrichSoldat allemand rentrant chez lui après la fin de la Première Guerre Mondiale, Felix Waldvogel épouse la veuve d’un de ses camarades tombés au combat, et se décide d’émigrer vers les Etats-Unis. C’est l’histoire de la famille Waldvogel et du petit village dans lequel ils s’établissent (Argus dans le Dakota du Nord), que nous raconte Louise Erdrich dans La chorale des maîtres bouchers.

Louise Erdrich est une des figures importantes de la littérature contemporaine américaine. Née en 1954 dans le Minnesota, ayant des ascendants allemands et indiens, elle fait partie du mouvement de Renaissance amérindienne et évoque souvent dans ses romans le peuple indien, comme dans L’amour sorcier, son premier roman ou encore Dans le silence du vent, récompensé par le National Book Award en 2012.

Dans La chorale des maîtres bouchers, c’est le côté allemand de ses origines qui est davantage mis en avant. Quand débute le récit, on s’aperçoit que la guerre a laissé chez Felix Waldvogel des souvenirs tenaces :

Il avait vu briller le sourire d’un homme dans la lunette juste avant que sa balle de tireur d’élite fracasse le visage au loin. Il avait vu le sang couler à flots entre les doigts d’un homme dont il avait proprement froncé la gorge. Il avait distribué la mort avec une telle précision, depuis sa tourelle renforcée de sacs de sable, que Français et Britanniques s’efforçaient de calculer ses tours de garde.

Après s’être marié, il émigre et s’établit avec succès comme boucher à Argus. On suit son quotidien ainsi que celui des habitants de cette petite ville qui s’accroît, symbole d’une Amérique en plein essor. Au-delà de l’histoire de Fidelis et de sa femme Eva, dévouée à sa famille et aidant son mari à la boucherie, on croise des personnages au caractère bien trempé : Delphine, une fille qui revient au pays après avoir fait des acrobaties avec son partenaire, Cyprian ; Roy, le père de Delphine, un alcoolique qui cache de nombreux secrets ou encore Clarisse, la meilleure amie de la jeune femme, travaillant dans l’entreprise locale de pompes funèbres.

Contrairement à ce que pourrait faire penser le titre, ce n’est ni la chorale ni les maîtres bouchers qui tiennent le rôle principal dans le roman mais bel et bien les femmes : Eva, si douce et emportée très tôt par la maladie, et surtout Delphine, qui soutient Fidelis à la mort de son épouse et qui est finalement l’héroïne du roman. On trouve beaucoup de destins brisés dans ce roman, que ce soit en raison d’événements du quotidien, ou à cause de la guerre (la Seconde Guerre Mondiale apparaît à la fin, creusant une cassure dans la famille Waldvogel), .

N’hésitez pas à aller lire ce qu’en pensent Valentyne du blog La Jument Verte et Agnès de Mon biblioblog qui m’accompagnent sur cette lecture commune. Quant à moi, je dois avouer qu’en le lisant, j’ai toujours été curieux de découvrir la suite de l’histoire, mais passé les 100 premières pages, je n’ai pas ressenti d’émotion ni de coup de cœur, sans nier les talents de conteuse de Louise Erdrich.

Au final, je vous conseillerais plutôt :

l’acheter chez votre libraire

X de l’emprunter dans votre bibliothèque

X ou de lire autre chose 

La chorale des maîtres bouchers, de Louise Erdrich, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez. Le livre de poche, 2007, 574 pages.

24 réflexions sur “Louise Erdrich – La chorale des maîtres bouchers

  1. Caroline 12 avril 2020 / 08:39

    Bonjour,
    Je l’ai lu il y a peu de temps et partage votre avis. J’en avais lu des critiques élogieuses, et me suis mise à la lecture. Effectivement, j’ai voulu connaître la suite de l’histoire et n’ai pas abandonné, mais une certaine lassitude s’est installée et j’ai trouvé le récit rapidement monotone. L’emprunter me semble une bonne chose 🙂 Et sinon, grâce à votre blog, j’ai découvert des auteurs étrangers et partage très souvent votre avis. Vous êtes devenu mon « critique » favori. Joyeuses Pâques et merci pour vos innombrables conseils de lecture et vos avis si éclairés.

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 13 avril 2020 / 06:02

      Bonjour Caroline. Un très grand merci pour votre commentaire ! Je me demandais justement si j’étais le seul à avoir eu une impression mitigée quant à ce livre ; heureux de voir que ce n’était pas le cas ! Je suis si heureux de voir que notre blog est pour vous une telle source de lecture :-). Mes chroniques sont, dirais-je, « sans prétention ». N’hésitez pas non plus à me faire part de vos recommandations, je suis aussi toujours à l’affût de bonnes lectures ! A très bientôt sur notre blog, portez-vous bien, et bon lundi de Pâques dans l’immédiat. Patrice

      J’aime

    • Patrice 13 avril 2020 / 06:04

      Oui, quand je vois ce que tu lis, il y d’autres priorités 🙂

      Aimé par 1 personne

    • Patrice 12 avril 2020 / 09:21

      Merci beaucoup, je viens de mettre à jour mon billet. Je vais de ce pas lire le tien !

      J’aime

  2. luocine 12 avril 2020 / 09:19

    Je crois avoir déjà lu cette auteure mais pas moyen de m’en souvenir. Grâce à ton billet je ne vais pas lire ce roman. Je comprends trop bien cette envie de connaître la fin sans pour autant avoir de l’intérêt à la lecture.

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 13 avril 2020 / 06:05

      Oui, c’est assez frustrant en effet, et je trouve que plus on lit, plus cela devient frustrant !

      J’aime

  3. lilly 12 avril 2020 / 11:13

    C’est un auteur dont je possède un livre depuis une dizaine d’années et qui m’intrigue, mais je n’ai jamais sauté le pas. Ton billet ne m’y incite pas davantage…

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 13 avril 2020 / 06:07

      Mon avis concerne surtout ce livre, mais je n’exclus pas de me lancer dans une seconde lecture (j’en ai un autre dans ma bibliothèque :-)). Ça fait toujours plaisir de découvrir un nouvel auteur…

      J’aime

  4. laboucheaoreille 12 avril 2020 / 15:10

    J’avais entendu dire du bien de cette écrivaine, surtout par d’autres blogs, et je l’avais même notée pour une éventuelle lecture. Mais votre avis me refroidit et je vais sans doute me raviser … Merci de cette chronique et joyeuses Pâques.

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 13 avril 2020 / 06:08

      Merci pour ton commentaire et très bon lundi de Pâques à toi aussi. Garde cette écrivaine dans ta liste, la majorité des lecteurs sont plus enthousiastes que moi sur ce titre, et elle en a écrit beaucoup d’autres !

      Aimé par 1 personne

  5. Karine:) 12 avril 2020 / 16:48

    Tiens, les avis mitigés sont plutôt rares sur ce roman. Je l’ai d’ailleurs. Depuis quoi… 10 ans! oups! Je vais peut-être finir par le lire. Peut-être.

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 13 avril 2020 / 06:09

      Je te l’accorde, je fais partie du petit groupe des « frileux » :-). N’hésite pas à le lire, je pense qu’il pourrait te plaire davantage qu’à moi

      J’aime

  6. Valentyne 13 avril 2020 / 05:26

    Hello 🙂

    Je suis beaucoup plus enthousiaste 🙂
    le personnage de Delphine m’a réellement convaincue ….

    J’aime

  7. Athalie 13 avril 2020 / 07:57

    C’est par ce titre que j’avais découvert Louise Erdrich et il m’avait bluffé ! Je ne sais plus trop pourquoi d’ailleurs, car cette lecture est très ancienne. Je le conseille souvent autour de moi, et, en général, il plait … Mais bon, pas assez visiblement pour toi ! Il y a plein d’autres titres de cette auteure à découvrir même si parfois j’ai été un peu déçue, elle reste un écrivain majeur pour moi, notamment avec ses romans sur l’histoire amérindienne.

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 15 avril 2020 / 06:54

      Je commence à culpabiliser :-). Peut-être n’y ai je pas mis suffisamment de concentration. En tout cas, je comprends ce que tu veux dire. Quel autre roman de Louise Erdrich conseillerais-tu ? J’ai dans mes rayons « Le pique-nique des orphelins ». Est-ce que tu l’as lu?

      J’aime

      • Athalie 15 avril 2020 / 11:07

        Le pique nique des orhelins, c’est son deuxième roman, je crois, dans mon souvenir, j’avais bien aimé aussi mais ne pas oublier que j’étais déjà complètement fan, donc je ne suis pas certaine d’être objective. je me souviens d’un récit à saveur d’un conte, c’est aussi une saga familiale, comme cette auteure en fait souvent.
        Sinon, côté amérindien, je pense que mon préféré est La malédiction des colombes ou Rose ….
        Mais je ne suis pas une spécialiste, d’autres avis sont plus documentés que le mien !

        Aimé par 1 personne

      • Patrice 17 avril 2020 / 06:52

        C’est déjà très complet 🙂 Merci !

        J’aime

  8. Ingannmic 13 avril 2020 / 09:06

    J’avais beaucoup aimé, comme Athalie, je crois d’ailleurs l’avoir lu sur ses conseils. C’est vrai qu’avec le recul, ce qu’il m’en reste essentiellement, ce sont ses figures féminines.

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 15 avril 2020 / 06:55

      Je fais donc partie de la minorité moins enthousiaste ! Oui, les figures féminines sont marquantes, je suis d’accord et je les garde en tête aussi

      J’aime

  9. Passage à l'Est! 13 avril 2020 / 18:41

    Au début de ton billet, je me suis dit que je n’avais jamais été tentée de lire Louise Erdrich mais que j’avais peut-être tort; à la fin de ton billet, je me suis dit que finalement rien ne presse… Mais je suis ouverte à d’autres arguments pour me faire changer d’avis!

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 15 avril 2020 / 06:58

      En lisant les commentaire sous la chronique, on se dit qu’il y a beaucoup d’arguments qui vont dans le sens de découvrir Louise Erdrich :-). Je compte m’y remettre aussi

      J’aime

  10. Mumu dans le bocage 1 juin 2020 / 10:32

    J’ai lu deux de ces romans : LaRose et Dans le silence du vent et c’est une auteure que j’apprécie énormément pour la qualité de son écriture mais aussi les thèmes de ces romans souvent axés sur les femmes et autochtones 🙂

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.