
Tomas Espedal est un auteur norvégien né en 1961 à Bergen. Ses ouvrages sont publiés en France chez Actes Sud. Dans Marcher, il quitte sa compagne, franchit le pas de la porte, se laissant guider par ses pas et son intuition… mais ce livre va largement au-delà de cette « escapade » pour le plus grand bonheur du lecteur !
Il n’est pas forcément aisé de classer ce titre dans une catégorie. C’est à la fois un journal, un récit, un roman. Je m’attendais en fait à ce que l’auteur nous raconte cette marche qu’il entreprend depuis chez lui en Norvège, mais le récit n’est guère linéaire. On le suit en train de quitter sa maison, en évoquant des souvenirs. Rapidement, il convoque des philosophes, des écrivains qui ont mis en évidence les vertus de la marche, comme Baudelaire, Bruce Chatwin ou encore Rousseau :
Rousseau n’est pas le premier à établir un lien entre la marche et la bonne pensée ; il est cependant le premier écrivains important à réfléchir à ce que marcher veut dire ; il attribue à la marche une valeur romantique : elle nous rend plus proches de la nature, de l’authentique (…). Pour Rousseau, le promeneur est donc un homme simple et paisible. Il est libre. Il a quitté la ville, abandonné famille et obligations. Il a fait ses adieux au travail. Aux responsabilités. A l’argent. Il a pris congé de ses amis et de sa bien-aimée, de ses ambitions et de son avenir. C’est un révolté, mais il a également fait ses adieux à la révolte. Il erre seul dans la forêt, en vagabond. Il parcourt les chemins, sans trop de possessions, il s’est approprié le monde et ses possibles. Tout ce dont il a besoin, il le porte dans un sac sur son dos.
A la marche vue par d’autres auteurs, il ajoute également ses propres souvenirs de voyages, de randonnées ainsi que des propres interrogations sur la vie. Dans un style auquel on s’habitue rapidement, fait de nombreuses phrases indépendantes, courtes, ponctuées par des points ou des virgules, il a la capacité d’embarquer le lecteur, qu’il s’agisse d’une marche qu’il effectua, adolescent, en Espagne ; d’une autre sur les pas d’Erik Satie dans un Paris qui a beaucoup changé, ou encore quand il est sur les pas de Rimbaud près de Charleville-Mézières.
On est désormais loin de l’idée de départ, de cette marche qui débuta en Norvège ! Ce qui m’a beaucoup plu, c’est l’authenticité et la simplicité qui se dégagent de ce livre. Dans la seconde partie, où il nous raconte son périple avec un ami à travers la Grèce et la Turquie, les rencontres sont chaleureuses, souvent bien arrosées (l’alcool est un compagnon indispensable dans les voyages d’Espedal), et l’ensemble donne un profond sentiment de liberté.
J’ai été ravi de commencer l’année par une telle lecture. Je ne vous surprendrai donc pas en vous conseillant :
X d’acheter ce livre chez votre libraire
X ou de l’emprunter dans votre bibliothèque
de lire autre chose
Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique) de Tomas Espedal, traduit du norvégien par Terje Sinding. Actes Sud, Babel, 2015, 257 pages.
Chez moi j’ai un endroit spécial ‘marche’ dans la bibli, donc ce livre m’intéresse! Merci.
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Je suis aussi assez friand de ce type de lecture !
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Encore un livre que j’ai envie de lire. Pourquoi est ce aussi un roman? De quelle histoire est-il porteur?
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Tu poses décidément toujours de très bonnes questions ! C’est vrai que je ne comprends pas vraiment pourquoi je l’ai rangé dans la catégorie roman alors qu’il s’agit plutôt d’un récit/journal…
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Ah voilà le fameux livre dont tu me parlais récemment !
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Une bonne trouvaille 🙂
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comme Keisha j’ai un petit rayon marche dans ma bibliothèque et celui ci en fait partie avec F Gros et autre marcheur
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Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de livre sur la marche et je dois avouer que cela fait beaucoup de bien !
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Comme les deux lectrices précédentes j’aime les livres des marcheurs
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Je vois qu’il y a de vrais adeptes, ça fait plaisir !
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