
Aujourd’hui, nous allons quitter l’Europe et nous envoler vers l’Australie. Avec cette période de canicule, le dépaysement ne sera pas si grand, mais on aura chaud ! En effet, la romancière australienne Madeleine Watts a situé son histoire à Sydney, sous le soleil écrasant, pour nous livrer un roman d’actualité brûlante.
Au centre de l’histoire se trouve une jeune femme en fin d’études universitaires. Elle se fait embaucher dans un centre d’appel d’urgence où elle travaille aux côtés de personnes très variées. Ils suivent tous une procédure très stricte qui doit à la fois assurer l’efficacité de l’aide mais aussi les protéger psychologiquement. Un incendie dans une maison, un accident de voiture, un serpent dans la salle de bain ou alors un mari violent qui essaie d’enfoncer la porte… Des appels de ce genre, la jeune femme en reçoit jusqu’à cinquante par heure. Pendant les pauses, elle gribouille quelques petites notes en vue d’un livre qu’elle aimerait écrire.
Ces petits bleds à la noix nous faisaient stresser. On flippait d’entendre quelqu’un réclamer la police en hurlant sur une ligne pleine de friture, sans comprendre ce qu’il disait, et de lui demander, au milieu de tous ces cris, d’épeler le nom de son bled.
A cette salle climatisée, marquée par les appels et la télévision sans son où passent des informations en continue, s’oppose la ville : la chaleur, le feu, les ordures, la sueur qui coule dans le dos, l’appartement miteux. La jeune femme côtoie un homme qu’elle surnomme Lachlan à l’instar de l’endroit exploré par son aïeul, John Oxley, au début du XIX siècle. Lachlan, écrivant une thèse doctorat sur Patrick White, est un jeune homme indécis et inatteignable, comme la mer intérieure qu’Oxley cherchait lors de ses expéditions.
Petit à petit, la jeune héroïne sombre, passant son temps libre à boire, à se donner aux hommes inconnus. Elle évoque 1994, l’année pendant laquelle l’Australie fut ravagée par énormes incendies et la petite fille qu’elle était alors vivait des drames familiaux.
La maison à la lisière du parc national figure dans tous mes premiers souvenirs, durant ces jours, voire ces mois, où les incendies faisaient rage, où la colère de mon père semblait augmenter avec la chaleur, le soleil rouge sang, les lueurs orange dans le ciel.
Je me rappelle un soir, peut-être deux semaines avant notre départ, j’écoutais dans mon lit les cris qui franchissaient la frontière de la porte fermée de ma chambre. Tous ces cris m’empêchaient de dormir, comme l’odeur de la fumée traversant la moustiquaire.
J’ai trouvé ce roman assez remarquable – notons qu’il s’agit d’un premier roman qui faisait partie des finalistes pour le prix Miles Franklin, une sorte de Goncourt australien.
En entremêlant les descriptions de la ville, les appels d’urgence et l’histoire personnelle de la jeune femme, l’auteure a réussi à créer un roman très contemporain avec une ambiance haletante, tendue. Dans les quatre chapitres, intitulées Chaleur, Inondation, Secousse et Incendie, on ressent une urgence de passer le message sur une société qui déraille, sur les changements climatiques et sur le rôle de l’individu. Un livre d’actualité que je vous conseille
X d’acheter chez votre libraire
X d’emprunter dans votre bibliothèque
de ne pas lire
Triple zéro, de Madeleine Watts, traduit de l’anglais par Brice Matthieussent. Rue de l’échiquier, 2022, 304 pages.
Ce livre constitue une bonne suggestion de lecture pour les lectures thématiques organisées en septembre par Ingannmic et Athalie autour des villes.
Rien à la bibli. Pour le challenge sur ce thème, je suis en train de lire Naissance d’un pont (et c’est excellent!)
J’aimeAimé par 1 personne
C’est un livre que Patrice a beaucoup aimé aussi !
J’aimeJ’aime
J’ai un attachement particulier à l’Australie et ce premier roman m’a l’air très prometteur! Je le garde à l’esprit.
J’aimeAimé par 1 personne
La lecture sera sûrement encore plus forte pour toi si tu connais bien l’Australie.
J’aimeJ’aime
Et voilà, j’ai très envie de le lire, maintenant !
J’aimeAimé par 1 personne
N’hésite pas !
J’aimeJ’aime
Et une traduction par Brice Matthieussent est généralement bon signe… !
J’aimeAimé par 1 personne
Il est très bien traduit, je trouve !
J’aimeJ’aime
Oh, mais je n’avais pas vu que c’était aussi une suggestion pour septembre ! Je suis en train d’essayer de lire, pour septembre justement, un Saramago qui me donne un peu de fil à retordre, je vais peut-être en profiter pour changer mon fusil d’épaule…
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, un voyage à Sydney pourrait te faire du bien 🙂 Mais attention, il y fait chaud !
J’aimeJ’aime
En effet, remarquable à l’air d’être le mot !
Je le note je pense qu’il va vite arriver dans ma PàL ! Pour un premier roman en plus il a l’air saisissant !
J’aimeAimé par 1 personne
Il doit être encore plus intéressant pour ceux qui connaissent bien la littérature australienne (des métaphores, des allusions à certains auteurs…)
J’aimeJ’aime
hum, tentant en effet! Des ingrédients qui me parlent.
J’aimeAimé par 1 personne
Une auteure à suivre, je pense !
J’aimeJ’aime