
Nul besoin de présenter Bernhard Schlink, écrivain fréquemment chroniqué lors des Feuilles allemandes et auteur du roman phare Le liseur. Au lieu de cela, je voudrais vous présenter Olga, l’héroïne de son dernier roman traduit en français. Olga, telle qu’on la rencontre sur les premières pages de ce livre, est une toute petite fille qui déjà du haut de ses 1 an tient bien sur ses deux jambes et observe le monde qui l’entoure avec une curiosité et intelligence qui la caractériseront tout au long de sa vie.
L’auteur a situé le début de l’histoire dans l’Allemagne de la fin du XIXème siècle. Olga est née dans une famille pauvre et lorsque le typhus emporte ses deux parents, elle trouve le toit, mais pas l’amour, chez sa grand-mère paternelle en Poméranie. Déterminée dès le plus jeune âge, Olga tient la tête à sa grand-mère quand cette dernière veut lui faire changer son prénom pour lui ôter tout ce qui aurait une connotation slave héritée de sa mère. Ce roman ne s’appellera donc pas Hildegard, ni Edeltraut.
Pour Olga, tout parut étranger : après la grande ville le petit village et la rase campagne, après l’école de filles à plusieurs classes l’école pour garçons et filles dans une seule salle, après la vivacité des Silésiens la placidité des Poméraniens, après la gentille voisine la grand-mère méprisante, après la liberté de lire le travail dans les champs et au jardin. Elle s’y plia, comme les enfants pauvres le font très tôt.
Un peu plus loin grandit Herbert. Issus d’une famille riche et respectée, Herbert, qu’on prépare à ce qu’il reprend le domaine et la raffinerie du sucre à l’avenir, et sa sœur Viktoria, ne manquent de rien et reçoivent une éducation classique grâce à plusieurs précepteurs.
Les trois enfants, malgré leur condition sociale pratiquement à l’opposé, se lient d’amitié et on les suit en train de devenir adultes. Tandis qu’Olga rêve de devenir enseignante, Herbert est bien plus touché par les discours actuels dans la société. On parle de la grandeur de l’Allemagne, de patriotisme, de colonies, des conquêtes du pôle…
(…) la grandeur de l’Allemagne, comme si nous avions grandi au point que notre pays serait devenu trop petit, comme un vêtement, et qu’il nous fallait la taille au-dessus. (…) tu as déguisé ton amour du vide comme les politiciens et les journaux travestissent leur amour du vide en objectifs économiques et militaires. Ce n’est pas d’objectifs qu’il s’agit. Ce sont des enfantillages montés en épingle, de même que la grandeur de l’Allemagne est un enfantillage monté en épingle.
Divisé en trois parties, dont la dernière est composée de correspondances, le roman recèle un témoignage précieux sur l’Allemagne tumultueuse du XXème siècle, un magnifique portrait d’une femme déterminée et une histoire d’amour. Au final, Bernhard Schlink a réussi à nous offrir un roman à la construction habile et aux messages subtiles.
En juxtaposant des valeurs simples et les rêves vides sur la grandeur et la supériorité, il démontre encore une fois l’absurdité de l’Histoire qui est toujours d’actualité.
Je suis contente de la confiture que j’ai faite aujourd’hui. Ce sera le régal de mon hiver. Et quand on tartinera le contenu des derniers pots, tu seras à nouveau ici.
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Olga, de Bernhard Schlink. Traduit de l’allemand par Bernhard Lortholary. Folio, 2020, 320 pages.
Il est à la bibli, je l’ai noté, pour une lecture allemande, ça peut me convenir.
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Tu ne seras pas déçue !
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Je l’ai lu durant Les feuilles allemandes. Comme toi, j’ai bien apprécié cette lecture. Voici mon billet si quelqu’un voulait y jeter un coup d’oeil. Bon été Eva! https://madamelit.ca/2020/11/21/madame-lit-olga-de-bernhard-schlink/
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Merci Madame lit ! Nous sommes partis en vacances mais je (re)lirai ton billet avec plaisir quand je serai à la maison. Bon été !
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J’ai acheté tout récemment « Der Vorleser ». Ma pal pour novembre est en train d’exploser…
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Schlink est un auteur à ne pas rater !
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Tout comme Keisha
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Il faut faire une réservation à la bibliothèque pour Les feuilles allemandes !
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Déjà lu… et aimé. J’attends la prochaine publication de l’auteur, donc. 😉
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Tout comme moi ! Il y a déjà Die Enkelin sorti en 2021. En français peut-être l’année prochaine ?
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un roman que j’ai beaucoup aimé et j’approuve cette idée de l’absurdité de l’histoire
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J’ai hâte de lire son dernier roman (pas encore traduit, je pense) qui parle plutôt de la deuxième moitié de XX siècle.
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J’avais beaucoup aimé également, le récit comme sa construction, ce double portrait Allemagne-Olga.
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J’ai beaucoup aimé la construction – très réussie !
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Lu et apprécié.
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J’ai aimé ce portrait de femme, merci de m’avoir rappelé ce beau personnage.
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Oui, une femme qui a les pieds sur terre, tout en contraste avec les discours grandiloquents de l’époque.
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je vais le noter pour Feuilles allemandes… J’ai bien aimé « Le liseur »
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Bonsoir, très très beau roman qui fait une description en arrière-plan de l’Allemagne qui à la différence du Royaume-Uni ou même la France, n’a pas été une nation coloniale. D’où une certaine frustration. Et quel beau personnage que cette Olga. Bonne soirée.
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