Sociologue et philosophe, penseur universel, Edgar Morin n’a rien perdu de sa capacité de réflexion, preuve en est la rédaction de son dernier opus, Y a-il des leçons de l’Histoire, alors qu’il fête sa 104ème année. Dans ce court essai, il déchiffre l’Histoire de l’Humanité pour nous aider à construire l’avenir.
Y a-t-il des leçons de l’Histoire ? Voici une question qui, s’il a toujours eu une grande pertinence, résonne encore plus dans nos esprit alors que, justement, cette Histoire semble s’emballer en ce début des années 2025. Découpé en seize courts chapitres, le livre s’évertue à traiter de thèmes comme le surgissement de l’improbable, le résultat d’une action contraire à l’intention première, l’importance des mythes et la courte distance entre l’enthousiasme et la révolte (ou l’inverse)… Il prend appui sur des exemples historiques qui s’étendent de l’Antiquité à nos jours.
Parmi les points abordés, j’ai beaucoup aimé les pages consacrées au regard sur l’Histoire. Pour quelqu’un qui n’a pas fait d’études dans ce domaine, il est fort utile d’avoir une brève description des courants de pensée : celle donnant aux processus historiques un caractère rationnel s’opposant à une vision d’irrationalité et de rôle majeur des « grands hommes ».
La tendance rationnalisatrice s’est particulièrement affirmée en France avec l’école des Annales animée par Lucien Febvre, Marc Bloch puis Fernand Braudel. (…) Le défaut des Annales fut de négliger le rôle des événements et des fortes personnalités.
Or, selon Morin, « souvent, ce que l’on a cru rationalité de l’Histoire n’était que rationalisation a posteriori. »
Le chapitre sur le lien éventuel entre progrès matériel et moral est également très intéressant et Edgar Morin a une réponse claire sur ce lien qu’il réfute. Il reproche d’ailleurs au progrès le déclin des solidarités et des communautés au profit des égoïsmes et, fidèle à ses convictions, insiste sur le seul progrès dont on a besoin : celui de la compréhension humaine, de la bienveillance, de la solidarité et des amitiés.
Dans son livre, il montre bien la complexité de l’Histoire, sa capacité à combiner les opposés – civilisation et barbarie notamment -, à ne pas sous-estimer le rôle de l’imaginaire, du mythe, de la religion, et nous montre bien que l’avenir n’est jamais écrit à l’avance.
En conclusion, je vous suggère :
X d’acheter ce livre chez votre libraire
X de l’emprunter dans votre bibliothèque
de lire autre chose
Y a-t-il des leçons de l’Histoire ? d’Egar Morin. Denoël, 2025, 112 pages
Et si on bouquinait un peu ? 
Je partage sa pensée, entre autres, sur les éléments que tu mentionnes : «la compréhension humaine, la bienveillance, la solidarité et les amitiés. » Sans ces derniers, l’être humain est condamné à sa perte. Pour moi, les éléments cités sont essentiels à mon bien-être. Merci Patrice de parler de ce grand philosophe sur votre blogue ! 🙂
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Merci beaucoup pour ton message, Nathalie. Et oui, ce sont des éléments essentiels, et c’est le vrai progrès pour une société finalement. C’est la première fois que je lisais un livre d’Edgar Morin, mais il n’est jamais trop tard !
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Evidemment, la question ne peut être tranchée en 5 minutes… mais, en histoire, je ne pense pas qu’il existe de modèles entièrement transposables d’une situation à une autre. Le contexte et les protagonistes ne sont jamais tout à fait identiques. Comme tu le dis, il ne fait pas sous-estimer le rôle de l’imaginaire, du mythe, de la religion… on peut éventuellement échafauder plusieurs hypothèses ou scénarios tirés de l’expérience collective.
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Tu as raison, et Edgar Morin montre que s’il y a des déterminismes, il y a aussi des événements qui arrivent de façon soudaine ou des impacts contraires à ce qui était l’idée première d’une décision. C’est en fait bien complexe 🙂
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je trouve que ce livre correspond bien aux questions que je me pose aujourd’hui face à l’histoire et le retour de la guerre à nos portes.
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Oui, merci, tu as tout à fait raison et c’est la raison pour laquelle je voulais vraiment le lire.
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J’aurais tendance à répondre non, mais je suis curieuse de lire ce qu’en pense l’auteur.
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Oui, il y a des leçons de l’histoire, mais à la question « Savons-nous tirer profit des leçons de l’histoire », on peut être un peu dubitatif ; c’est ce en quoi je te rejoins.
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je suis fan d’Edgar Morin et depuis bien longtemps. Ce livre était passé sous mes radars, je le mets dans mon pense-bête.
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Merci pour ton commentaire. En fait, le livre vient de sortir très récemment, pas d’inquiétude 🙂
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Un petit livre, fort utile, et un grand monsieur, dont on souhaiterait qu’il ne meure jamais tant nous avons besoin de sa pensée complexe face au simplisme ambiant.
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