
Chanteur catalan né en 1948, engagé dans le combat contre le franquisme, Lluís Llach est une des figures de la défense de l’indépendance catalane ; il est depuis 2024 Président de l’Assemblée nationale catalane. Dans Les Femmes de la Principal, il nous raconte l’histoire d’une famille à travers trois femmes au caractère fort.
La Principal est le nom d’un domaine où l’on produit du vin. En cette fin du XIXème siècle, il est géré par Andreu Roderich, dont l’épouse, Blanca Basses Roderich, est décédée peu après son cinquième accouchement. La vie prospère du domaine est interrompue en 1893 quand le phylloxera atteindra, plus tardivement que dans le reste de l’Europe, cette région d’Espagne.
Mes enfants, Raül vient de nous annoncer que le phylloxéra s’est invité chez nous. Vous devez comprendre qu’il vient de nous dire que nos vignes sont toutes mortes. Et, par conséquent, notre cellier aussi. Que les cuves, les pressoirs, les tonneaux, les courtiers, les commissionnaires, toutes ces choses et toutes ces personnes qui ont fait la richesse de notre famille pendant toutes ces années n’ont plus lieu d’être. Comme ne l’aura plus le genre de vie que nous avons menée jusqu’ici. Tout est fichu, mes enfants. Que Dieu ait pitié de nous.
Cet instant redouté, le père l’a en tête depuis plusieurs années et ses plans sont clairs. La famille va déménager à Barcelone ; ne restera à La Principal que l’unique fille Roderich, Maria, qui pestera d’abord contre cette décision qui semble favoriser ses quatre frères. Mais rapidement, le caractère affirmé de la jeune femme s’exprime (notamment dans une scène des plus fortes chez le notaire de la famille) et elle s’évertue à faire prospérer le domaine. Elle règne sur ses terres, et se fait transporter d’un site à l’autre sur La Porteuse, une chaise à porteurs mue par ses employés. Maria Roderich, surnommée La Vieille, est l’une des trois femmes du récit. Les deux autres s’appellent également Maria : la première, dite « La senyora », qui joue un rôle clé dans les années 40 et la seconde, dans l’époque contemporaine.
Le récit nous emmène de la fin du XIXème siècle au début du XXème siècle ; il n’est pas chronologique. Des « retours » en italique nous permettent de comprendre certains épisodes de la vie de la famille. Pour rajouter un peu de piment à cette saga familiale très réussie, de longs chapitres sont consacrés aux années 40, alors qu’un inspecteur de police, nommé Recader, enquête sur un cadavre trouvé en 1936 près de La Principal.
Les Femmes de La Principal est une saga qui transporte littéralement le lecteur. Après quelques hésitations sur « qui est qui » avec les différentes Maria, je me suis laissé happé par cette histoire très bien construite et écrite, faisant la part belle à des portraits de femmes fortes, intelligentes, indépendantes. Peut-être la fin du livre (qui apporte des révélations supplémentaires) est un peu moins captivante, mais c’est juste un ressenti. C’est un livre qui apporte de plus un éclairage sur l’ambiance de l’époque franquiste, avec le rôle clé de l’Eglise.
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Les Femmes de la Principal, de Lluís Llach, traduit du catalan par Serge Mestre. Actes Sud, Babel, 2019, 416 pages.

Une lecture dans le cadre du Dixième Mois espagnol & sud-américain du blog Des livres et Sharon
encore une tentation, j’aime les portraits des femmes fortes !
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Et là, tu ne seras pas déçue 🙂
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J’avais adoré ce roman. Je suis ravi que tu l’ai autant apprécié ! Et la photo de couverture est vraiment belle…
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J’ai lu ton billet et ton enthousiasme était perceptible et contagieux !
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Merci… Cela me fait plaisir et donne un sens à la tenue de ce blog ! 😄
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J’ai énormément aimé Le théâtre des merveilles de cet auteur (même si la fin n’était pas à la hauteur du reste du roman là aussi) et j’avais noté Les femmes du Principal pour retrouver sa plume. Tu as été plus rapide que moi et je découvre ton billet avec plaisir !
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C’est le premier livre que je lisais de cet auteur et force est de constater que ce fut un grand plaisir. Dès que j’en aurai l’occasion, j’essaiera « Le théâtre des merveilles » ; merci pour le conseil !
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je le note pour un passage en bibliothèque
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Bonne idée, tu ne prends pas de risques et une belle lecture t’attend.
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Un arrière-plan historique qui pourrait m’apprendre des choses.
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Tout à fait d’accord, on sent bien l’ambiance de l’époque en lisant ce livre.
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