
Premier roman de Jean-Louis Bory (1919-1979), écrivain et journaliste également connu pour avoir été chroniqueur de l’émission « Le masque et la plume », Mon village à l’heure allemande obtint le Prix Goncourt en 1945 avec l’appui de Colette. Il y décrit la vie dans le village de Jumainville, en Beauce, dans la France occupée de 1944.
Dans Mon village à l’heure allemande, l’auteur donne alternativement la parole à une galerie de personnages (y compris le chien et le village lui-même !) : on suit leurs discussions, mais aussi leurs réflexions. Certains sont ostensiblement pro-allemands, comme Lécheur, le pâtissier, qui ouvre grand ses fenêtres et fait pérorer la radio allemande (même s’il ne comprend pas un seul mot), au grand dam de ses voisins ; le curé Varèmes, quant à lui, n’hésite pas à affirmer en chaire que, « Par le sang et par le feu, il faut épurer la paroisse ! ». D’autres voient l’enrichissement permis par le commerce avec les Allemands, comme le père Boudet qui n’a surtout pas envie que la guerre s’arrête. On essaie de s’en sortir tant bien que mal, le marché noir est de mise et, le soir, les ombres des résistants ayant pris le maquis, arpentent les rues du village.
Néanmoins, dans cette petite France miniature de l’année 1944, alors que dans peu de temps, les bombardements américains feront rage, la tension monte : des jeunes sont toujours obligés de rejoindre le STO, la résistance traque les collaborateurs, on écoute la radio anglaise et les jeunes gens, pris sous l’aile de Mr Tattignies, l’instituteur, essaient de s’organiser face à l’oppresseur, dont les razzias et les contrôles sont en recrudescence.
Le récit est très vivant, passe d’un personnage à l’autre, alternant entre les dialogues nombreux et les introspections. Il met en exergue des caractères universels comme l’appât du gain, la mesquinerie mais aussi l’accommodement, le rejet de la violence… aussi bien que l’esprit d’une époque.
On n’a jamais tant parlé de morale, dit-il ; elle n’a jamais été aussi bafouée. On ne croit qu’à la force de l’argent ou des mitrailleuses. Voilà. Le temps des bêtes ; le temps de la griffe.
Cette originalité de construction nuit pourtant au déroulement du récit et contraint le lecteur à un certain effort pour suivre toutes ces histoires, même si elles sont très liées et chronologiques. Elle pénalise surtout notre faculté à nous immiscer dans la personnalité des protagonistes (voire à s’identifier s’ils sont « positifs »). Aussi, bien qu’il me tardât de lire ce livre, j’en ressors avec un sentiment des plus mitigés et vous conseille donc :
d’acheter ce livre chez votre libraire
X d’emprunter ce livre dans votre bibliothèque
X ou de lire autre chose
Mon village à l’heure allemande, de Jean-Louis Bory. J’ai lu, 2009, 352 pages.

Une contribution tardive pour « Les classiques, c’est fantastique !« , organisé par Au milieu des livres (Moka), et consacré au bilan des 5 saisons (en l’occurrence « Prix Goncourt vs Prix Nobel » & « Quand l’histoire racontre l’Histoire »).
Merci pour cette recommandation Patrice ! Être appuyé par Colette, ce n’est pas rien ! 🙂
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Ce n’est pas rien, c’est juste mais ça ne suffit pas à mes yeux pour en faire un grand livre 😉
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Lu il y a très longtemps, et aucun souvenir, le bouquin a disparu d’ailleurs!
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Ce n’est pas bon signe mais je comprends pourquoi !
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Je n’aurais pas imaginé que le Prix Goncourt avait été organisé en 1945, et encore moins qu’il avait été décerné à un roman sur un sujet si brûlant !
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C’est surprenant, je te rejoins. J’ai lu que Colette avait beaucoup poussé pour que ce livre récolte le Goncourt. J’ai oublié l’autre finaliste mais il est devenu un classique, paraît-il !
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Comme Sacha, je suis également étonnée des dates ! Un roman écrit à vif, on dirait. Sinon, dommage pour ces points négatifs qui pénaliseraient également ma lecture, je pense. Ça aurait pu être intéressant pourtant.
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Oui, j’ai appris ainsi que les Goncourt 44 et 45 furent décernés tous les deux en 1945. Un retour à la normale en quelque sorte
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Lu il y a quelques années, je n’en garde pas un grand souvenir.
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Je vais me ranger dans la même catégorie que toi finalement. Je l’oublierai assez vite
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je l’ai lu à l’époque mais j’ai égaré ce roman dommage !
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De mon côté, il va tranquillement rejoindre la boîte à livres en espérant qu’il trouve preneur
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