
Lauréat du prix Pulitzer pour l’un de ses précédents romans, Les Foudroyés, l’écrivain américain Paul Harding s’est inspiré d’un épisode historique réel – l’expulsion en 1912 des habitants d’une communauté métis des îles Malaga dans l’Etat du Maine – pour nous faire revivre dans Cet autre Eden la vie des familles qui trouvèrent refuge sur Apple Island jusqu’à leur expulsion.
Noé avait son arche, les Honey avaient Apple Island.
Nous sommes en 1792. Benjamin Honey, un ancien esclave, et sa femme irlandaise Patience s’installent sur une île non habitée. Ils souhaitent y trouver refuge, le rêve de Benjamin étant d’y planter un verger qui donnera son nom au lieu. Au fur et à mesure des années, le lieu accueille d’autres familles.
Le roman, dont l’essentiel se déroule dans les années 1910, donne une grande place aux personnages, en premier lieu aux descendants du fondateur de la communauté, les Honey : la vieille Esther, son fils Ehan et leurs trois petits enfants, dont Ethan, remarqué pour son talent pour le dessin et la peinture ; Les Lark, deux frères et soeurs et leurs enfants ; les soeurs Iris et Violet Mc Dermot, élevant trois enfants qu’elles ont recueillis ; la vieille Annie Parker ou encore Zachary Hand to God Proverbs, un vétéran de la guerre de Sécession qui vit dans le tronc d’un vieux chêne. Lorsque Matthew Diamond, un prêtre, débarque chaque été sur l’île, et avec l’aide des hommes de l’île, fonde une école, il ne peut que constater le talent de certains de ses élèves : l’un pour la peinture, l’autre pour l’algèbre ou encore le latin. Lui-même éprouve néanmoins des sentiments partagés, « écoeuré par l’incurable aversion que lui inspirent ces gens auxquels il croit sincèrement que sa vocation est de porter secours ».
En 1912, le premier congrès sur l’eugénisme a lieu à Londres ; dans la foulée, ces théories essaiment et, sous couvert de bienfaisance, les autorités publiques débarquent sur l’île, constatent que les habitants sont « débiles » et décident du démantèlement pour « cause d’humanité et santé publique ».
Habilement construit, le roman revient sur cette histoire, laissant la part belle aux personnages et nous fait saisir la mentalité à l’oeuvre à cette époque. Il redonne une dignité aux habitants de l’île, montrant à travers leur vie quotidienne les talents qu’ils étaient amenés à développer pour survivre dans cet environnement parfois hostile. L’une des figures les plus travaillées est Ethan qui, grâce à son talent mais aussi au fait que sa couleur de peau le rapproche plus d’un blanc que d’un métis, fera l’objet des attentions du prêtre. L’écriture est faite de longs paragraphes et phrases, enchaînant les adjectifs et descriptions, souvent assez lyrique ; si elle permet de retranscrire très justement les lieux, la vie, les sentiments des personnes, elle m’a néanmoins semblé au fur et à mesure du livre plus difficile à apprécier. Cela reste néanmoins secondaire et je vous invite à découvrir cette histoire et ce livre qui laissent une vraie trace dans l’esprit du lecteur :
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Cet autre Eden, de Paul Harding, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Paul Matthieu. Buchet Chastel, 2025, 237 pages.
Je me souviens des foudroyés…
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Tu l’avais bien aimé ? J’en tenterais bien la lecture.
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Intéressant ! Je ne connais pas l’histoire de Malaga Island.
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Même chose pour moi. C’est un éclairage très intéressant que propose ainsi l’auteur.
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Quelle histoire étonnante ! Je vois que le roman est plutôt court, cela devrait rendre le style supportable 😉.
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Oui, et il est suffisamment intéressant et bien écrit dans tous les cas 🙂
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J’ia aimé ce lyrisme, même si je comprends qu’il t’ait rendu la lecture difficile ! Et oui, cette dignité retrouvée rend le livre touchant, je suis d’accord avec toi.
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Merci beaucoup pour ton commentaire. Le lyrisme est mon seul bémol, mais cela reste un livre que j’ai beaucoup apprécié, comme toi.
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je ne note pas ce titre car je croule un peu sur toutes les suggestions de lectures ( c’est la rentrée littéraire qui est responsable de cela ? ou des livres de qualités que la blogosphère propose ?)
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Je te comprends. Pour être honnête, je pense que les deux raisons sont valides !
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Encore un roman tentant, je vais devoir attendre que mes biblis se réveillent, mais ça semble valoir le coup !
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Oui, je confirme :-).
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