Ecrivain russe désormais établi en Allemagne, opposant au régime de Poutine, Sergueï Lebedev est géologue de formation et il explore dans ses ouvrages l’histoire de son pays de façon critique. Son dernier roman, La Dame Blanche, se déroule dans le Donbass en 2014, peu après Maïdan et l’annexion de la Crimée.
Marianne se meurt, atteinte d’un cancer. Elle s’occupait de la blanchisserie de la mine de charbon du village de Marat (Est de l’Ukraine), désormais fermée, et elle était surnommée la Dame Blanche, notamment en raison des pouvoirs magiques qu’on lui attribuait. Sa fille Janna est revenue pour l’accompagner dans ses derniers jours. Le roman alterne sur cinq jours et quatre protagonistes différents au fil des chapitres : Janna, Valet, un homme originaire du village et qui revient comme « volontaire » après avoir été formé en Russie mais dont la vraie motivation est la vengeance, le Général Korol, présent sur les lieux dans le cadre de l’opération dans le Donbass, et l’Ingénieur, un personnage lié à la mine.
L’écriture de Lebedev, pour autant que je puisse la juger à travers la lecture d’un seul livre, est riche de symboles, et parfois à la limite du fantastique, ce dernier point ayant été pour moi un frein à la lecture. Néanmoins, j’ai trouvé très marquante l’utilisation de la mine, et notamment l’un de ses puits scellés, comme point de départ d’un parallèle entre le nazisme et le communisme.
Les Allemands, quand ils ont trouvé à Katyń des Polonais exécutés par les Soviétiques, en ont averti le monde entier. Les Soviétiques, quand ils nous ont trouvés, se sont tus. (…) Et ils ne pouvaient pas ôter le bouchon de béton – car en dessous de nous il y avait des cadavres, des gens qu’ils avaient tués ; si on nous remontait, il faudrait les remonter aussi. Montrer au monde entier les crimes qu’ils avaient commis.
Le lecteur perçoit la continuité du régime dans ses actions, tout comme la continuité de la mort dans ce lieu : là où furent perpétrées des exactions nazies, puis soviétiques, les Russes reviennent aujourd’hui de façon incognito avec un lance-missile, abattent un avion par erreur et préparent l’occupation du territoire. Cette dénonciation est extrêmement forte et, pour cette raison, je ne regrette pas d’avoir lu ce titre même si le style m’a semblé assez complexe.
Jadis, il y a longtemps, au faîte de leur puissance et de leur gloire, au zénith de leur idéologie de classe qui prônait l’internationalisme, ils ont pu tromper beaucoup de gens avec leur idée d’une fraternité communiste mondiale et même cosmique. (…) Aujourd’hui, poussés par la vengeance des laissés-pour-compte, la vengeance de ceux qui ont perdu ce mirage d’universalisme, de généralité, de mondialité, le rouge qui leur collait à la peau a déteint, et il a pris une teinte brune. (…) Oui, la force est de leur côté. Mais c’est la force de la racaille, des bas-fonds qui ont émergé et se se sont renforcés. La force des nuls à qui on a soudain donné la possibilité de se révolter et de gouverner.
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La Dame blanche, de Sergueï Lebedev, traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton. Noir sur Blanc, 2025, 208 pages.
Et si on bouquinait un peu ? 
j’ai tellement de mal avec le fantastique , que j’hésite vraiment à lire ce genre de romans
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Je te comprends tout à fait, je suis dans ce domaine tout à fait comme toi.
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Très drôle, j’ai dû mettre en ligne ma chronique en même temps que toi . J’ai beaucoup aimé ce livre
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Je peux te comprendre, je vais aller lire ton avis très vite !
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Je n’accroche souvent pas au symbolique et aux touches de fantastique… Et je ne note plus que les indispensables. Mais c’est encore une magnifique couverture et un roman d’une grande actualité que Noir sur Blanc a publiés ici.
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Oui, je dois dire que leurs publications sont vraiment remarquables. Mon vrai plaisir de la rentrée littéraire fut le roman de Nadas, mais ce livre me laissera indubitablement une trace également.
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J’ai lu ce billet en diagonale car le livre est dans ma pile à lire. Le fait que tu trouves le style complexe me fait un peu peur quand même
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Je te laisse le lire et je serai heureux d’aller découvrir ton billet ; tu n’auras peut-être aucune des réserves que j’ai pu émettre.
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Ce qui t’a retenu dans le style devrait me plaire justement, d’autant que les passages que tu cites sont eux taillés au scalpel. J’ai ce livre sur ma pile, j’avais déjà été retenu par la très belle couverture.
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Je suis d’accord, ce sont de très beaux extraits, très marquants. Il me reste à te souhaiter une bonne lecture de ce livre !
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J’avais lu un avis plus enthousiaste. ce que tu dis du style me rebute un peu.
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Je ne suis pas le seul à avoir été dérouté mais il convient de dire qu’on lit beaucoup d’avis positifs aussi ; le mien d’ailleurs est loin d’être négatif.
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Je suis tentée par le côté historique, j’ai un peu lu sur le sujet, mais c’est tellement complexe que j’aimerais bien continuer. Comme il est à la bibliothèque, je pourrai tester sans beaucoup de risque.
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Oui, c’est une bonne idée et je serais curieux de lire ton billet à cette occasion.
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