Sylvain Tesson – Berezina

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Sylvain Tesson nous fait revivre avec ses comparses la retraite de Russie et la si (mal) connue Berezina dans le roman éponyme ; un voyage à travers l’Europe napoléonienne mais également entre deux époques distantes de 200 ans…

Le 2 décembre 2012, jour anniversaire de la victoire d’Austerlitz et du couronnement de l’Empereur Napoléon Ier, Sylvain Tesson entreprend une expédition en plein hiver et en side-car avec quelques amis pour retracer depuis Moscou le chemin pris par les troupes de la Grande Armée lors de leur retraite de Russie ; cette entreprise les fera traverser entre autres la Russie, la Biélorussie puis la Pologne avant de rentrer vers Paris où se termine ce roman.

L’histoire est bien connue : Napoléon conquiert Moscou après Borodino mais se heurte à une ville fantôme après que le tsar Alexandre Ier eut ordonné de mettre le feu à la capitale de l’Empire russe. La retraite se passe dans des conditions catastrophiques, notamment le passage de la rivière « Berezina » et la postérité fera d’ailleurs de berezina un nom commun. Oui, mais… comme le rappelle Sylvain Tesson, Berezina, c’est également l’ingéniosité et la bravoure d’une armée, certes harassée par le froid et l’épuisement, mais qui réussit in fine à passer ce cours d’eau, perdant au passage moins d’hommes que l’armée russe.

« C’était le théâtre de l’apocalypse et on aurait cru le Loiret », ainsi s’exprime l’auteur quand il passe lui-aussi la Berezina. Ce sens de la formule côtoie également la poésie de la langue dont je me suis régalé durant les (trop courtes) 200 pages du livre :

« Le ciel était bleu ; le soleil, une boule joyeuse par-dessus la forêt. Les bulbes étaient des gouttes d’or perlant dans l’espoir du matin. »

« Le froid ouvrait ses brèches. Parfois, il mordait un pouce, s’emparait d’un pied, le lâchait, attaquait un genou, le cou, la joue. Il avait une vie autonome et ses propres plans »

« J’en était persuadé : le mouvement encourage la méditation. La preuve : les voyageurs ont toujours davantage d’idées au retour qu’au départ. Ils les ont saisies, chemin faisant. Leurs amis en font d’ailleurs les frais, cela s’appelle les récits de voyage. »

Sylvain Tesson endosse non seulement le rôle d’historien dans ce livre mais, en pointant l’honneur de ces hommes, il nous interroge aussi sur le sens de la vie, sur notre capacité, aujourd’hui, à réaliser de tels sacrifices. Enfin, il nous invite à rejoindre son équipée (à laquelle on s’associe d’ailleurs bien volontiers !) qui comprend des témoins de l’époque, comme Tolstoï, Caulaincourt ou le sergent Bourgogne.

Vous l’aurez donc senti : c’est un vrai bon moment de lecture et de réflexion que nous offre Berezina…

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Réf.: Berezina de Sylvain Tesson, Guérin, 2015, 199 p.

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