Si seulement je n’avais pas arrêté mes cours d’italien ! Telle fut ma réaction après avoir tourné la dernière page de L’amie prodigieuse (Gallimard), écrit par Elena Ferrante, car j’aurais aimé acheter la suite aussitôt. Mais il faut attendre, impatiemment, la traduction française…
L’auteure est une personne mystérieuse : nous ne savons pas qui se cache sous ce pseudonyme. Peu importe, pourvu qu’elle continue à écrire et à nous émerveiller comme dans ce roman.
L’histoire se déroule à Naples. Il y est question d’amitié, d’éducation, d’enfance et d’adolescence. De pauvreté aussi, car les deux amies, dont nous suivons le destin, sont issues de familles pauvres et habitent un quartier défavorisé. Elles s’appellent Elena et Lila, et c’est Elena qui nous raconte leur histoire, ainsi que celle des gens qui les entourent.
Nous sommes dans les années 50, à l’époque où les familles traînaient derrière elles un passé parfois lourd (fascisme, fortune faite grâce au marché noir etc.), ce qui influençait les relations entre les gens, surtout dans un quartier où tout le monde se connaissait. La violence faisait partie de la vie et ce, non seulement chez les garçons, mais aussi chez les filles. Souvent, dans leur « éducation », les pères n’y allaient pas par quatre chemins, se laissant aller à des accès de fureur. Pour les garçons, se venger d’une injustice ou défendre l’honneur de leurs sœurs était une obligation.
Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. Il nous arrivait toutes sortes d’histoires, chez nous et à l’extérieur, jour après jour ; mais je ne crois pas avoir jamais pensé que la vie qui nous était échue fût particulièrement mauvaise. C’était la vie, un point c’est tout (…)
Dans ce milieu grandissent donc Elena et Lila dont l’amitié évolue au fur et à mesure que les filles changent avec l’âge. Elena, une fille intelligente, sensible, qui doute. Elle vit un peu dans l’ombre de Lila, elle est poussée par elle, puisque Lila est une fille surdouée, brillante, très curieuse de comprendre tout.
Je dus admettre bien vite que ce que je faisais toute seule n’arrivait pas à me faire battre le cœur, seulement ce que Lila effleurait devenait important.
Il est vrai que les deux filles sont très attachantes ; je pense d’ailleurs que de nombreux lecteurs se sont dits : j’aurais aimé avoir une amie comme Lila. Elle désirait étudier (et de fait Elena aussi) ; mais pour ses parents, les études sont loin d’être une priorité. Les filles sont censées aider leur mère à la maison ou trouver vite du travail. C’est alors qu’intervient madame Oliviero, institutrice… Sera-t-elle capable de faire sortir les deux filles de leur trajectoire ? Je vous le laisse découvrir…
Au début du livre, intelligemment, on trouve un index des personnages avec leur profession. Il s’avère finalement très utile, car le roman fourmille de personnages. Ceux-ci sont très vivants, hauts en couleur. On retrouve bien l’ambiance à l’italienne, une peu bruyante où les esprits s’échauffent parfois vite. A la fin du livre, on a du mal à quitter ce quartier. Une seule pensée nous console : il y aura bientôt une suite…
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L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante, traduit par Elsa Damien. Gallimard, 2014, 400 p.
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