Víctor del Arbol – Toutes les vagues de l’océan

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En lisant le roman Toutes les vagues de l’océan (Actes Sud), je me suis demandée plusieurs fois : mais enfin, comment pourrais-je résumer cette histoire ? Un roman très riche, un voyage à travers la Russie et l’Espagne du XXème siècle, des personnages pris dans le tourbillon de la grande Histoire, des secrets de famille… ou bien une intrigue policière ? Víctor del Arbor y a mis un peu de tout, pour le plus grand bonheur du lecteur.

Víctor del Arbor, né à Barcelone, a étudié l’histoire et travaillé une dizaine d’années à la police régionale de Catalogne – un passé idéal pour pouvoir écrire ce roman qui est à la fois un témoin d’une période historique et un policier contemporain. L’auteur a d’ailleurs eu un immense succès avec son précédent policier « La tristesse du Samouraï » que je n’ai pas encore lu mais que j’avais alors bien repéré grâce à sa couverture (un petit garçon aux grands yeux).

Dans son dernier roman, l’auteur alterne deux époques et deux protagonistes principaux. On commence avec la voix de Gonzalo Gil en 2002 à Barcelone : avocat, mari et père de deux enfants, il apprend la nouvelle de la mort tragique de sa sœur Laura. L’occasion pour Gonzalo de remuer le passé, de dépoussiérer les souvenirs familiaux et peut-être de comprendre ses proches et de donner une image plus réaliste de son père Elías Gil. Néanmoins, quand on pose des questions, on peut provoquer des réactions bien violentes – ainsi Gonzalo se retrouve à lutter contre la mafia russe, contre son beau-père (avocat lui aussi, il a fait fortune sous Franco), mais également au sein de sa propre famille, avec une épouse insatisfaite ou un fils qui se cherche.

La première goutte qui tombe est celle qui commence à briser la pierre.

La première goutte qui tombe est celle qui commence à être océan.

La voix d’Elías Gil alterne avec celle de Gonzalo. Un vrai changement de décor à chaque fois quand on passe à ces chapitres. On rejoint Elías au début des années 30 à Moscou où il était parti en tant qu’ingénieur. Fils d’un mineur syndicaliste, communiste, idéaliste, plein de projets, prêt à aider les Soviétiques à rattraper le retard de cent ans en dix ans. Avec ce voyage, sa vie bascule dans l’enfer, car il est envoyé avec beaucoup d’autres à Nazino – une île connue aussi sous les noms de l’île de la mort ou l’île des cannibales. Elle se situe sur l’Ob ; 6000 personnes y sont laissées sans nourriture et sans le moindre outil. Tout de suite, l’instinct de survie se réveille et avec lui les scènes épouvantables…

Le peuple est une masse élémentaire, une force brute, mouvante et maniable. Se fier à son amour est idiot. La seule garantie de fidélité, c’est la crainte.

Elías va s’en sortir (au moins physiquement, car son âme n’en réchappera pas) et sa personnalité restera changée à jamais. Il continuera à jouer un des rôles principaux sur la scène des grands événements européens (deuxième guerre mondiale, les communistes, franquisme…).

Sans idéaux, nous ne sommes que des mercenaires, des corps sans âme, des dépouilles bercées par le vent.

L’auteur ne laisse pas ses lecteurs se noyer – il explique bien les enjeux historiques et politiques. Quelquefois, il s’y attarde presque trop et le roman pourrait perdre la fluidité pour certains. Si j’avais envie de chercher quelques cheveux dans la soupe, je reprocherais à l’éditeur de ne pas avoir ajouté un petit glossaire à la fin. En fait, surtout dans la deuxième partie, on y trouve un grand nombre d’abréviations – certaines sont faciles à deviner, d’autres mériteraient une explication (quelques exemples, si vous voulez vous tester :  POUM, PSUC, NKVD, OGPU, SEU, CNT, SIM, FAI, Ceda, PCE)

Quoi qu’il en soit, le roman est un vrai « page-turner », un plasir pour ceux qui aiment les histoires sur fond historique et constitue surtout, pour ne pas l’oublier, un hommage à tous les victimes des purges staliniennes.

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Toutes les vagues de l’océan de Víctor del Arbor, traduit par Claude Bleton. Actes Sud, 2015, 595p.

 

 

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